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1er mai

Un 1er mai sous le signe de la lutte

9 mai 2017 | Mise à jour le 9 mai 2017
Par | Photo(s) : DR
Un 1er mai sous le signe de la lutte

Alors que, pour la deuxième fois de l'histoire de la cinquième République, le Front national est au second tour de l'élection présidentielle, CGT, FO, FSU et Solidaires et les organisations d'étudiants et de lycéens Unef, Fidl et Unl ont mobilisé ce 1er mai 2017, à la fois pour faire barrage à l'extrême droite et pour défendre les revendications du monde du travail et de la jeunesse mises à mal depuis tant d'années.

Plus de trois cents rassemblements et manifestations. Et quelque 280 000 manifestants. À l'appel des syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires et des organisations d'étudiants et de lycéens Unef, FIDL et UNL – déjà unis pour s'opposer à la loi travail –, jeunes, salariés, retraités, privés d'emploi… ont battu le pavé dans tout le pays à la fois pour dire qu'il faut « faire barrage au Front national », pour porter les exigences sociales du monde du travail, et pour défendre « la liberté, l'égalité, la justice, la fraternité, la paix, la démocratie et la solidarité internationale ».

 

À Paris, 80 000 personnes se sont retrouvées derrière la banderole unitaire proclamant : « Contre les reculs sociaux, terreau de l'extrême droite », scandant de République à Nation leurs exigences sociales et de démocratie.

Les dirigeants syndicaux ont insisté sur la nécessité de faire barrage à l'extrême droite, et en même temps mis en cause les politiques économiques et sociales d'austérité et de précarisation qui ont fait le lit du FN et lui ont permis, pour la deuxième fois dans l'histoire de la Ve République, d'accéder au second tour d'une élection présidentielle.

Contre l'opposition entre les salariés, pour la solidarité

« Il faut battre le FN pour le progrès social », a ainsi souligné Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, rappelant tous les meetings et rencontres qu'organisent les organisations de la confédération contre « un parti raciste, xénophobe, anti-femmes et libéral ». Un parti qui voudrait « opposer entre eux les salariés » au nom de la « préférence nationale », « opposer les citoyens, en ménageant le patronat et le capital », un parti « autoritaire » qui entend « restreindre les libertés », notamment « les libertés syndicales ».

 

Le dirigeant syndical accuse en même temps le déni de démocratie imposé ces dernières années, le décalage entre les promesses présidentielles et les actes, qui ont nourri la détresse de salariés pour certains dès lors gagnés par le vote FN. Aussi s'agit-il, et en particulier à l'occasion de ces défilés du 1er Mai, de défendre des alternatives concrètes : reconquête industrielle, développement des services publics, réduction du temps de travail pour permettre à toutes et à tous de travailler mieux, sans s'épuiser et en se libérant du temps, augmentation des salaires ainsi que des pensions et des minima sociaux, qui s'avère à la fois une urgence sociale et une nécessité économique pour relancer la consommation et l'activité, amélioration du système de protection sociale…

Détresse sociale

« Crier au loup tous les cinq ans » n'est pas suffisant, a pour sa part déclaré Jean-Claude Mailly. Rappelant que son organisation est « génétiquement » opposée au Front national, notamment parce qu'elle est porteuse « de solidarité », tout en refusant de jouer les « directeurs de conscience » des électeurs, il a appelé le prochain gouvernement à prendre des mesures concrètes qui répondent à la détresse de salariés confrontés aux problèmes de fin de mois ou à l'absence de perspectives pour l'avenir de leurs enfants…

Contrairement aux discours du FN sur l'Europe ou sur la mondialisation, le leader de Force ouvrière a rappelé également qu'il n'est pas opposé à la mondialisation : « tout dépend des conditions », a-t-il déclaré…

Syndicats : un rempart contre l'extrême droite

Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, a, elle aussi, longuement insisté sur la nécessité de « barrer la route au Front national », soulignant qu'on ne peut envisager qu'un parti raciste, xénophobe et menaçant les libertés arrive au pouvoir. Pour autant, dire cela ne signifie en aucun cas signer un chèque en blanc à quiconque, a-t-elle précisé, appelant à mener bataille, par exemple, contre la régionalisation des établissements scolaires, contre les suppressions de postes de fonctionnaires, ou pour les retraites.

 

Interrogée sur l'absence d'unité avec d'autres organisations syndicales, comme la CFDT et l'Unsa, elle a rappelé que cette division, regrettable pour les salariés, ne date pas de ce 1er Mai, mais que cela n'empêche pas l'ensemble de ces organisations syndicales de dire non au FN. Elle a aussi souligné qu'en dépit de votes FN parmi les sympathisants, voire des militants syndicaux, le syndicalisme lorsqu'il est présent en réduit singulièrement les scores. Et d'ajouter qu'il faudrait réapprendre à se parler entre organisations…

 

Même détermination exprimée par Éric Beynel, porte-parole de Solidaires. Pour l'organisation syndicale, « Pas une voix ne doit aller au FN » exprime pour sa part Solidaires, pour qui le FN « base sa politique sur la “préférence nationale”, le racisme et le repli nationaliste, incompatibles avec nos valeurs ». Et de préciser : « Marine Le Pen se présente comme la candidate “antisystème”, en défense du “peuple” et des “laissés-pour-compte” de la crise, mais le projet politique qu'elle incarne est avant tout celui d'un nationalisme exacerbé qui ne remet en cause ni le capitalisme ni le libéralisme, qui alimentent depuis des années les inégalités et la précarité. »

Pour Solidaires, « l'alternative n'est pas la continuité avec les politiques des précédents gouvernements qui ont conduit à l'exaspération sociale et au renforcement de l'extrême droite ». Aussi, le syndicat, qui rappelle la lutte « pour l'égalité des droits et au côté des sans-papiers et demandeur·ses d'asile », contribue à combattre « l'instrumentalisation de la misère » par l'extrême droite. Il entend bien « avec d'autres mouvements sociaux (…) construire une société plus juste, égalitaire, débarrassée des oppressions et des discriminations et respectueuse de la planète ».

Les jeunes présents

Les jeunes étaient également mobilisés ce 1er Mai. Eux aussi pour faire barrage « au FN et à ses idées » et, précise pour sa part Lilâ Le Bas, secrétaire générale de l'Unef, pour que les aspirations de la jeunesse soient prises en compte, qu'il s'agisse d'emploi, de protection sociale des étudiants… Du présent et de l'avenir.

 

Au soir de ce 1er Mai particulier, la CGT, dans un communiqué, confirme « dans une volonté d'unité syndicale (…) son combat contre l'extrême droite et la nécessité de lui faire barrage en toutes circonstances ». Elle entend aussi « sans relâche, lutter contre la destruction du Code du travail » et contre « la remise en cause de notre système de protection sociale, dont le système de retraite par répartition » et de prévenir : « Il n'y aura aucune trêve sociale pour le futur président de la République. En finir avec les divisions, la haine, l'exclusion, le racisme, la xénophobie et le sexisme implique des politiques qui portent l'intérêt commun et non les seuls intérêts du capital et du monde de la finance. »