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Santé au travail

23e journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail : la CGT à l’offensive

27 avril 2019 | Mise à jour le 26 avril 2019
Par | Photo(s) : OIT
23e journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail : la CGT à l’offensive

Chaque année depuis 23 ans, le 28 avril est l'occasion, pour le mouvement syndical mondial, de marquer la journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail. Initiée en 1996 par le Bureau international du Travail (BIT), cet évènement est l'occasion de promouvoir une culture de la prévention des dégâts causés par le travail, aussi bien sur la santé des travailleurs que sur l'environnement.

Ce dimanche 28 avril, la question de la santé et de la sécurité des travailleurs sera évoquée dans le monde entier. Comme chaque année, cet évènement rendra d'abord hommage aux victimes du travail, qu'il s'agisse d'accidents, de maladies professionnelles, de conditions de travail pathogènes, voire mortifères.

Un rapport chiffré du BIT et de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) sera également rendu public, qui met l'accent sur ce chiffre-choc : 2,2 millions de travailleurs dans le monde décèdent chaque année des suites d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail. Pour mieux appréhender l'ampleur de ce fléau et sensibiliser les syndicats au nécessaire combat pour la santé et la sécurité au travail, le BIT rappelle que 2 millions de morts par an, cela représente 5000 morts par jour. C'est énorme, et c'est grave.

Mourir d'avoir travaillé, telle est donc, en résumé, la donne que le BIT propose d'inverser en appelant les syndicats à se mobiliser, partout dans le monde, afin de faire émerger une conscience, collective et partant, une culture de la prévention, contre une culture de la réparation, en matière de santé et de sécurité au travail.

De nouveaux droits pour des travailleurs acteurs de leur prévention

À l'avant-garde sur ces questions de santé et de sécurité au travail, la CGT entend bien relayer au plan national l'appel du BIT. Mais pas que. La CGT compte aussi, s'appuyer sur cette campagne pour engager ses bases syndicales à intensifier la lutte contre des conditions de travail pathogènes et mortifères, partout où elles sévissent.

L'objectif poursuivi est donc avant tout d'éclairer le public sur toutes les formes du « mal travail » et sur leurs conséquences de santé afin d'armer les travailleurs sur leurs possibilités d'actions. « Avec cette idée de faire en sorte qu'à terme, les travailleurs deviennent les premiers acteurs de leur propre prévention », affirme Jérôme Vivenza, membre de la direction de la CGT en charge des questions de santé au travail.

Pour ce faire, la CGT propose et revendique l'extension du droit d'alerte du délégué du personnel au-delà du seul périmètre de l'entreprise. Elle préconise également d'élargir le droit d'alerte à toutes les entreprises qui y échappent, les PME et surtout les TPE, notamment. « Nous voulons étendre le droit d'expression des salariés, gagner de nouveaux droits d'alerte qui ne soient plus enfermés dans le périmètre de l'entreprise, c'est vital », précise Jérôme Vivenza.

Après la mort du CHSCT, de nouveaux droits à gagner

À rebours de ces revendications, les récentes ordonnances Macron et autres loi Travail, intervenues entre 2016 et 2017 ont réduit, voire supprimé les droits préexistants, notamment en faisant disparaître les CHSCT. « C'était un outil, sa suppression va aggraver les choses, alors que nous assistons en France à une multiplication par trois des cas de cancers liés soit au travail, soit à l'environnement de travail », souligne le syndicaliste. Il rappelle à ce titre que « c'est toujours le travail, en amont et dans les conditions de production dans lesquelles il s'exerce, qui pollue l'environnement, et non l'inverse ».

Entendre par là que, du point de vue de la CGT, les causes des cancers du travail et autres maladies professionnelles dont l'origine pourrait être imputée à l'environnement, ont en réalité toujours pour première cause directe le travail et seulement pour cause subséquente, l'environnement. Dans son article du 16 avril — la NVO a rendu compte de l'alarmante montée en puissance des cas de cancers et maladies professionnelles répertoriées en 2017 par la branche Risques professionnels de l'assurance maladie dans un rapport rendu public le 11 avril.

Sortir de la logique du compromis entre syndicats et patronat

À tous ces titres, la CGT considère que les célébrations du 28 avril doivent non seulement rendre hommage aux victimes du mal-travail, mais surtout permettre d'agir syndicalement, sur l'ensemble des facettes du prisme de la santé et de la sécurité au travail. « Les syndicats doivent appréhender trois enjeux additionnels : un enjeu de santé publique, un enjeu de santé au travail directement lié aux conditions de travail et un enjeu de santé environnementale, indirectement lié aux conditions de travail », précise Jérôme Vivenza.

Ce 28 avril 2019 est donc l'occasion de s'inscrire au-delà de la simple célébration annuelle des victimes du mal-travail. Quitte à sortir des clous de la démarche du BIT qui, elle, s'inscrit dans la recherche d'un consensus ou d'un compromis entre organisations représentatives des travailleurs et institutions représentatives du patronat, alors que les directions d'entreprises sont — on ne le sait que trop bien — le premier facteur causal du « mal travail ».

Rendre l'employeur responsable et punissable de la dégradation de la santé du travailleur

« Nous, ce qu'on veut, c'est libérer le travail, libérer les travailleurs de l'exploitation par le travail, faire disparaître ces formes d'exploitation. Il nous faut renverser la donne établie à l'époque selon laquelle l'employeur a implicitement le droit d'esquinter un travailleur sans jamais encourir de suites ni de sanctions judiciaires pénales. Nous revendiquons que l'employeur responsable de la dégradation de l'état de santé du travailleur soit punissable par la loi à hauteur de la gravité du dommage santé occasionné au travailleur », insiste Jérôme Vivenza.

La victoire des Verriers de Givors ouvre une brèche

Ce plaidoyer pour la reconnaissance par la justice des responsabilités légales de l'employeur en matière de santé au travail commence à porter ses premiers fruits. En témoigne le cas des Verriers de Givors qui, après des années de bataille judiciaire, viennent de faire condamner O.I. Manufacturing (repreneur de la verrerie, par le groupe VMC-BSN-Danone), pour faute inexcusable dans la maladie, puis dans la mort de Christian Cervantes, décédé en 2012 des suites de deux cancers contractés par l'exposition à des produits cancérigènes (amiante, hydrocarbures, solvants). Une jurisprudence qui en appelle d'autres.

Ce pourrait être le cas, on l'espère, des travailleurs sans-papiers de Pinault-Gapaix exposés à l'amiante pendant dix ans sans aune protection sur des chantiers de désamiantage et de déplombage qui, après leur licenciement, ont décidé de saisir la CGT, puis la justice. Ce pourrait être le cas de millions de travailleurs exposés à toutes sortes de risques santé qui, bien souvent, renoncent à dénoncer leurs conditions d'exploitation par crainte d'y remettre leur emploi. « Voilà pourquoi nous, la CGT, voulons sortir de la stratégie patronale qui consiste à faire chantage entre droit au travail et droit à la santé », conclue Jérôme Vivenza.