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Mai-juin 68

Mai 1968, j’en étais !

7 mai 2018 | Mise à jour le 7 mai 2018
Par | Photo(s) : DR
Mai 1968, j’en étais !

Médiapart et les Éditions de l'Atelier se sont associés pour collecter des centaines de témoignages sur celles et ceux qui ont vécu Mai 68. Des paroles diverses et libres, des témoignages qui donnent à voir un autre aspect de mai, intime et vivant et actuel.

C'est un pavé au sens littéraire du terme. Et ça tombe bien quand on parle de Mai 68. Un bel ouvrage compact qui rappelle le projectile emblématique de cette période historique. C'est surtout une somme de quelque 300 témoignages et près de 2000 feuillets comme autant de récits de vie d'une richesse formidable. Des paroles libres, des souvenirs, des anecdotes qui se dévorent au fil des 477 pages du livre Mai 68 par celles et ceux qui l'ont vécu. Les mots ont leur importance et le parti pris éditorial aussi. Il nous donne à lire des anonymes qui l'ont vécu – par opposition à ceux qui, devenus célèbres pendant ou après Mai, revendiquent haut et fort de « l'avoir fait ».

Cet ouvrage singulier et pluriel fait entendre avec justesse la polyphonie d'une AG, le tourbillon révolutionnaire, les petits riens au lendemain de grands matins, le foisonnement de créativité et de liberté qu'a été Mai 68 pour toute une partie de la jeunesse étudiante et ouvrière.Certains qui ne se sentaient pas à leur place dans un lycée un peu chic ou dans les couloirs de la Sorbonne ont mis des mots sur la reproduction sociale des élites, certaines se sont affranchies des interdits familiaux, osant discuter avec des inconnus dans la rue, « même sans avoir été présentés », d'autres encartés qui à l'Unef, qui dans des organisations trotskistes ou communistes… ont parfois pris des chemins de traverse, refusant un mot d'ordre, une injonction pour se faire sa propre opinion, pour suivre son instinct, pour s'ouvrir l'esprit.

En filigrane se découvrent les rapports sociaux fermés, les petits chefs autoritaires, le machiste ordinaire de la société française, la peur de la répression policière, le poids de la Résistance et des collabos, l'appréhension, la réprobation ou le soutien des parents face aux paroles et aux actes de leurs enfants terribles…«Les témoignages rassemblés ici, dans tout leur bariolé, disent, à hauteur d'homme, à hauteur de femme, à hauteur d'enfant, ce que fut la chair concrète de l'événement », note dans la préface les coordinateurs de l'ouvrage, Christelle Dormoy-Rajramanan, Boris Gobille et Erik Neveu. Une belle moisson de mai.

NVO – La Nouvelle Vie Ouvrière, le magazine des militants de la CGT, actualité sociale et juridique -Mai 1968 par celles et ceux qui l'ont vécuÉditions de l'atelier, 477 pages, 29,90 euros.