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TUNISIE

Grève générale dans le secteur public parce que « la colère est partout » en Tunisie

16 janvier 2019 | Mise à jour le 16 janvier 2019
Par | Photo(s) : Chedly Ben Ibrahim / AFP
Grève générale dans le secteur public parce que « la colère est partout » en Tunisie

Des drapeaux de la Tunisie et de l’UGTT soulevés devant le siège du syndicat tunisien, le 14 janvier, anniversaire de la Révolution tunisienne.

Jeudi 17 janvier, les secteurs public et semi-public tunisiens seront en grève générale à l'appel de l'UGTT. Une colère qui entre en résonance avec la situation sociale de nombreux pays. Entretien avec Naima Hammami, première femme élue au bureau exécutif de la centrale syndicale tunisienne et secrétaire générale adjointe.
Pourquoi cet appel à une grève générale ?

Il y a deux raisons principales à ce mouvement qui va toucher uniquement les secteurs étatique et semi-étatique : premièrement, une revalorisation des salaires des fonctionnaires, qui n'ont toujours pas été augmentés à la différence de ce qui s'est passé dans le privé et le semi-étatique, ce qui explique la présence de ces derniers à nos côtés ; deuxièmement, des fonds pour la modernisation de nos établissements publics. Nos hôpitaux sont dans un état catastrophique et les écoles et lycées ne vont pas beaucoup mieux.

 Quelles relations l'UGTT entretient-elle avec le gouvernement ?

Des relations de négociations, c'est tout. On négocie, on défend nos demandes et nos revendications. On n'est pas des ennemis, mais deux camps. Aujourd'hui même [15 janvier, NDLR], nous sommes toujours en train de négocier avec des membres de divers ministères sur cette question des salaires.

 N'y a-t-il pas également une question politique ?

La politique dépend de l'économie, l'économie dépend de la politique, et le social des deux. S'il y a une crise dans le politique et dans l'économie, cela se répercute dans le social. Il y a en Tunisie une crise à tous ces niveaux. La révolution nous a apporté la liberté d'expression et la démocratie, qui se sont aujourd'hui nettement améliorées, mais, pour le reste, ça n'a pas beaucoup avancé.

Quelle est la situation économique du pays ?

L'économie est en crise car il n'y a pas de développement économique. Le tourisme a progressé au cours de ces deux dernières années, notamment l'année dernière, mais malgré cela le dinar est en baisse et le chômage en progression. Surtout, les prix des produits de première nécessité comme la nourriture, le gaz et l'électricité, le fioul, l'eau, sont tous en hausse. L'immobilier et les loyers ne cessent également d'augmenter. La vie est devenue très difficile pour les Tunisiens. La classe moyenne voit maintenant ses conditions de vie se dégrader, pareil chez les ouvriers et les employés de la fonction publique ou ceux qui sont dans le secteur informel.

De quoi déclencher une nouvelle révolution, non pas de jasmin, mais « des affamés », comme a prévenu le président de l'UGTT, Nourredine Taboubi ?

Il y a actuellement des mouvements de protestation dans tous les coins de la Tunisie. Au niveau des travailleurs et des syndicats, mais aussi chez les paysans, les jeunes et, en fait, dans toutes les couches de la population. Il y a beaucoup de chômeurs aussi, plus que les 15 % officiellement annoncés. C'est pour cela que Nourredine Taboubi dit que la colère est partout. Les politiciens doivent ouvrir les yeux et calmer cette colère. Comment ? Certains slogans apparus pendant la révolution demandaient du travail et de la dignité. Il faut donner aux gens de quoi vivre dignement.