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Sécurité

Les agents de sécurité en guerre contre le « travailler plus pour gagner moins »

22 mai 2019 | Mise à jour le 22 mai 2019
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Les agents de sécurité en guerre contre le « travailler plus pour gagner moins »

La CGT des agents de la sécurité des personnes et anti-incendie de Fiducial Privacy Security (FPS) a entamé une bataille contre deux accords totalement contraires aux intérêts des salariés, sur le temps de travail et sur la mise en place des CSE issus des ordonnances Macron.

Réunis sur le perron de la tour Société générale lundi 20 mai, les militants de la CGT de Fiducial Privacy Security (FPS) font résonner leurs revendications au mégaphone. Ils dénoncent deux accords d'entreprise négociés de manière déloyale par la direction de FPS avec quatre organisations syndicales « complaisance », ainsi que les qualifie Djamel Benotmane (CGT-FPS). Le délégué syndical central a choisi d'arborer ce mot sur la pancarte qu'il tient autour du cou en guise de dénonciation. Il s'en explique au mégaphone : « Fiducial est le champion du monde du financement des syndicats qui viennent coup sur coup de signer deux accords contraires à l'intérêt des salariés et même inférieurs au Code du travail ».

Un CSE unique pour 3 500 salariés en France

Rebaptisé « Travailler plus pour gagner moins », l'un de ces accords porte sur la modulation du temps de travail qui réduit à néant les majorations de 50 % de salaire applicables aux heures supplémentaires. Un joli cadeau signé CFDT, CFTC, CFE-CGC et UNSA qui viennent aussi de signer, lors des élections professionnelles d'avril, un accord sur la mise en place d'un CSE unique pour les 3 500 salariés de FPS disséminés sur toute la France.

Cet accord, qui fait disparaître trois comités d'entreprise préexistants réduit à peau de chagrin les délégués du personnel. En contrepartie, les syndicats signataires récoltent une récompense substantielle : 50 000 euros par organisation et par an, 400 heures de délégation mensuelles pour chaque syndicat, et 1500 euros par an pour chacun des 40 délégués de proximité. « Cela s'appelle le financement de la paix sociale », ironise Djamel Benotmane au micro en provoquant une salve d'applaudissements qui résonnent par vagues dans la forêts de tours.

Une belle brochette de soutiens pour la CGT-FPS

Rejoints par des militants CGT de diverses entreprises de sécurité concurrentes, puis par la CGT de Geodis Calberson (filiale de la SNCF) qui est de toutes les luttes dans les Hauts-de-Seine, puis par les cheminots de SUD, toujours en guerre contre la réforme ferroviaire, les FPS affichent une belle brochette de soutiens. Que les employés de la tour, toutes catégories confondues, ne manquent pas de saluer en passant. « Je travaille au restaurant de la tour et chez nous, c'est idem, des syndicats pourris signent des accords qui abaissent nos droits et nos salaires, je suis gilet jaune les samedis, parce que ça ne peut pas durer comme ça, c'est un monde de fous », explique une jeune femme à la NVO.

La CGT saisit la justice

Ces aberrations contre-productives pour la cause des travailleurs et qui abîment le syndicalisme en sapant la confiance des salariés, la CGT FPS a choisi de les dénoncer. Et pas qu'en paroles sur le perron d'une tour bancaire. « Nous avons saisi la justice pour faire invalider ces deux accords et, d'après notre avocat, nous avons de fortes chances de gagner cette bataille », assure Djamel Benotmane. En plaidant la déloyauté manifeste des négociations qui ont abouti à ces deux accords, la CGT-FPS compte en obtenir l'annulation, d'une part, et l'ouverture de nouvelles négociations.

Mettre un coup d'arrêt au moins-disant social

Pour autant et sans attendre le verdict du TGI, les militants CGT poursuivront la bataille de l'opinion : par des rassemblements successifs pour dénoncer et informer les salariés. Par des convergences de lutte avec leurs collègues de la concurrence qui ont bien saisi que FPS cherche à faire des émules dans le secteur de la sécurité. « Nous avons les mêmes patrons qui se partagent le marché au gré d'appels d'offres qu'ils ne gagnent qu'en abaissant sans cesse les conditions de rémunération et de travail. Il faut mettre un stop à cette spirale du moins-disant social », explique un agent de sécurité de Goron Sécurité venu soutenir ses collègues de FPS. Lui suggère de faire pression, y compris sur les clients, lors des renouvellements des contrats de prestation de service. Un levier, et non des moindres, pour dissuader les donneurs d'ordres de s'engager avec des prestataires qui risquent de ternir leur image de marque.