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TRAVAIL DOMINICAL

Bretagne : l'ouverture des supermarchés le dimanche fait l'unanimité... contre elle !

10 juillet 2019 | Mise à jour le 12 juillet 2019
Par | Photo(s) : Marion Dugrenier / Maxppp
Bretagne : l'ouverture des supermarchés le dimanche fait l'unanimité... contre elle !

Des manifestants protestent contre l'ouverture du magasin Carrefour Market, à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine)

L'ouverture dominicale sans restriction des supermarchés au sein la métropole rennaise, au mépris d'accords signés la limitant, provoque la colère d'élus locaux de tous bords, de syndicats patronaux et de salariés, de petits commerçants et de citoyens. Ils se rassemblaient le 7 juillet…

Élus de droite comme de gauche — y compris un président de conseil départemental et trois sénateurs —, représentants de quatre organisations syndicales (CGT, FO, CFDT, CFTC), membres de l'Union des entreprises -Medef Bretagne ou de la chambre de l'artisanat d'Ille-et-Vilaine, sans oublier des citoyens… Ils étaient une petite centaine à s'être retrouvés ce dimanche 7 juillet, à 10 h 30, devant le Carrefour Market de Chartres-de-Bretagne, au sud de Rennes.

Une charte d'urbanisme commerciale bafouée

La raison ? La remise en cause d'une charte d'urbanisme commerciale, signée en 2016, entre commerçants, élus et organisations syndicales, afin de limiter le nombre de jours d'ouverture des grandes surfaces le dimanche sur tout le périmètre de la métropole rennaise. Voire de l'interdire pour les magasins de plus de 700 m².

Une charte rendue caduque depuis qu'elle a été dénoncée par Carrefour. Le géant de la distribution l'a en effet attaquée en justice et a obtenu son annulation. Résultat : « Depuis l'automne dernier, Carrefour Chartres-de-Bretagne ouvre tous les dimanches matin », regrette Hervé Couvert, l'un des secrétaires de l'UD CGT d'Ille-et-Vilaine.

Une logique de grands groupes qui s'impose à tous

Regret d'autant plus amer qu'entre-temps, « un amendement à la loi Pacte a été déposé par les sénateurs du coin, une UDI et 2 PS, afin de pouvoir autoriser des accords locaux permettant d'empêcher les ouvertures de magasins le dimanche. Mais cet amendement, voté au Sénat, a été retoqué par le gouvernement et rejeté en deuxième lecture à l'Assemblée [en mars dernier, NDLR]. »

Les bureaux de poste ferment, les trésoreries ferment, mais Carrefour ouvre le dimanche ! Hervé Couvert, l'un des secrétaires de l'UD CGT d'Ille-et-Vilaine

Pas vraiment de quoi réjouir des petits commerces de proximité loin d'avoir la force de frappe économique de la grande distribution. « On est dans le fameux “En même temps” », déplore le représentant syndical. On nous dit : « On va faire des choses pour revitaliser les territoires » mais, dans les faits, les grandes sociétés, les grands groupes imposent leur loi. Les bureaux de poste ferment, les trésoreries ferment, mais Carrefour ouvre le dimanche ! »

Un effet de contamination déjà En Marche !

Et rien n'annonce une amélioration. « Il faut s'attendre à un effet de contamination », prévient Hervé Couvert. Une « contamination » déjà à l'œuvre… Dans la foulée du Carrefour Market chartrain, plusieurs magasins du groupe installés dans la métropole ont également ouvert le dimanche matin. Rejoints par d'autres enseignes, comme Casino ou Intermarché.

« Un hypermarché Cora situé à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau va ouvrir très prochainement le dimanche matin, annonce le secrétaire de l'UD. Avec un accord signé accordant une majoration de 130 % du salaire le dimanche et un bon d'achat Cora de 70 euros après cinq dimanches travaillés ! »

L'astuce du « volontariat » à l'épreuve des procédures de licenciement

Quant au principe du volontariat des salariés, souvent mis en avant pour atténuer l'impact social de ces ouvertures dominicales, Hervé Couvert reste, là encore, dubitatif.

Au Cora de Saint-Jouan-des-Guerets […] deux salariées sont en instance de licenciement pour avoir refusé de travailler le dimanche. Hervé Couvert

« L'exemple de ce qui s'est récemment passé au Cora de Saint-Jouan-des-Guerets, à côté de Saint-Malo — où deux salariées sont en instance de licenciement pour avoir refusé de travailler le dimanche – montre que c'est du volontariat qui peut être imposé. » De quoi prévoir, sans trop s'avancer, de nouvelles mobilisations à venir dans le secteur. En Bretagne ou ailleurs…