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1,2million de salariés en contrat de moins de trois mois

13 février 2019 | Mise à jour le 13 février 2019
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C'est l'un des enjeux de la négociation sur l'assurance chômage qui reprend ce 14 février 2019 : réfréner l'appétit du patronat pour les emplois les plus précaires c'est-à-dire ceux occupés par des salariés en contrats courts de moins de trois mois. Dans une étude publiée le 6 février, l'Insee passe au crible la situation des 1,2 million de salariés concernés.

S'ils représentent 4 % des personnes en emploi, leurs contrats de travail représentent par contre près de 75 % des embauches réalisées sur une année (hors intérim). Et pour cause : un même salarié peut être embauché plusieurs fois dans l'année et cela d'autant plus souvent que ses contrats sont de courte durée (30 % des CDD ne durent qu'une seule journée, estime la Dares). Et l'Insee d'expliquer que « ces transitions fréquentes entre emplois en contrat court, chômage et inactivité se traduisent par un taux d'inscription à Pôle emploi plus élevé : 55 % des personnes en contrats courts y sont inscrites, contre 40 % des personnes en CDD ou en intérim ».

Appelé « permittence », ce phénomène d'alternance entre emploi et chômage a pris une telle ampleur au cours des quinze dernières années que, non seulement il signe le retour du travail à la tâche analyse le Credoc, mais il revient très cher à l'assurance chômage. Un coût devenu d'autant moins acceptable que le niveau de réembauche et de renouvellement de contrats chez un même employeur est particulièrement élevé pour ces salariés. « En 2017, 60 % d'entre eux travaillent encore dans la même entreprise trois mois plus tard », précise l'Insee. Aujourd'hui les contrats courts affectent toutes les classes d'âge y compris les séniors et se sont les ouvriers non qualifiés de l'industrie qui y sont les plus exposés.

Le patronat ne veut pas renoncer à une main-d'œuvre précaire et peu qualifiée

Reste que le patronat ne veut pas renoncer à un volant de salariés très précaires peu ou pas qualifiés et repousse énergiquement l'idée d'un « bonus-malus ». Sous des formes différentes, cette modulation des cotisations sociales destinée à dissuader les employeurs d'avoir recours aux contrats courts de moins de trois mois est non seulement portée depuis longtemps par les organisations syndicales de salariés, mais c'est aussi une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

Fort du peu d'enthousiasme de Matignon et du ministère du Travail pour ce « bonus-malus » le patronat multiplie les propositions alternatives issues des quelques rares accords conclus dans certaines branches professionnelles. Jusque-là rien de concluant. Ce jeudi il revient à la table des négociations avec l'ébauche d'une nouvelle proposition dont il aimerait croire qu'elle va évacuer la question du « bonus-malus » au moins pour la branche café, hôtels, restaurants, très consommatrice de contrats courts.

L'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), principal syndicat du secteur, propose en effet de créer un nouveau contrat de travail baptisé « contrat de mobilité ». Il serait à durée indéterminée et très flexible, porté par une plate-forme qui regrouperait les différentes missions d'un salarié pour différents établissements, les indemnités chômage entre deux missions étant réparties entre l'Unedic et l'employeur. Certes, le patronat ne voit que des avantages à ce dispositif — situé entre le groupement d'employeurs et le CDI intérimaire — puisqu'il sécurise la flexibilité tout en ne faisant pas payer son surcoût à l'Unedic. Côté syndicat, notamment côté CGT, il y a peu de chance pour que le « contrat de mobilité » passe la barre : c'est une proposition patronale de plus qui vise seulement à institutionnaliser la précarité.