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HÔPITAL

Clinique Boyé : « On ne pouvait plus dire oui à tout… »

17 octobre 2016 | Mise à jour le 12 décembre 2016
Par | Photo(s) : Alexandre Capoulade
Clinique Boyé : « On ne pouvait plus dire oui à tout… »

Une soixantaine de salariés ont mené le 30 septembre, avec leur délégué syndical CGT, Xavier Colin, une grève aussi courte qu'efficace à la clinique Croix-Saint-Michel du Docteur Boyé, à Montauban (82). Retour sur un succès.

« Faire grève, ce n'est pas notre métier. Nous, on est soignant. » Xavier Colin, comme ses collègues, est attaché à son métier, à ses missions et entend les défendre. La clinique Boyé, implantée dans le centre-ville de la capitale tarn-et-garonnaise, est réputée pour la qualité de son accueil et de ses soins : « C'est un établissement à taille humaine, dont l'effectif total compte 147 employés, dont 80 soignants », ajoute le délégué syndical qui précise qu'aucun grand groupe médical n'a encore mis la main dessus. « Mais, peu à peu, la logique de gestion a pris le pas sur la logique de soin. Tout s'est dégradé, jusqu'au ras-le-bol. »

Une grève massive et rapide

Salaire, emploi, conditions de travail : un préavis de grève, déposé le 29 septembre, met en garde la direction de l'établissement. En vain, car le premier round de discussions échoue. Le travail s'arrête le lendemain, à 7 heures. Des services entiers sont touchés. « L'établissement n'avait pas connu une telle mobilisation depuis une dizaine d'années, explique Xavier Colin. Mais nous avons veillé à rester dans le cadre de la loi et à préserver la continuité du service. »

Les négociations reprennent finalement après un nouveau courrier de proposition. Douze heures suffisent pour qu'un accord soit trouvé, au bénéfice des grévistes – et de l'ensemble des salariés – dont les représentants signent le protocole de fin de conflit le 1er octobre à minuit vingt : « On peut parler de victoire, nos revendications ont été entendues, et satisfaites. »

Une victoire importante

Ainsi, les salariés de la clinique Boyé récupèrent désormais un peu de marge de manœuvre : l'instauration du treizième mois et l'augmentation de la valeur du point d'indice (+ 6 %), l'emploi d'une aide-soignante de nuit par service, l'engagement des médecins à plus de respect et de reconnaissance envers le personnel par exemple. « C’est du plus, conclut Xavier Colin, et pour les deux parties. Avec, chose la plus importante, la constitution d'un collectif. »

Leur travail semblait avoir perdu tout son sens ; parasité par une paperasserie et des tâches administratives croissantes, la baisse régulière des effectifs ou le comportement « inadmissible » des médecins. Mais les salariés ont réagi, « parce qu'on ne pouvait plus dire oui à tout et n'importe quoi ». Le bon sens en action…

Trois questions à Lina Desanti, secrétaire générale de l'union départementale CGT du Tarn-et-Garonne
NVO : Quel symbole porte la grève des salariés de la clinique Croix-Saint-Michel du Docteur Boyé, à Montauban, dans le contexte de mobilisation actuel ?

Lina Desanti : Le même que la lutte menée depuis le 9 mars, en Tarn-et-Garonne, contre la loi travail et l'inversion de la hiérarchie des normes notamment. Malgré les coups portés, malgré les provocations du patronat, du gouvernement ou des institutions, les salariés en général, et la CGT en particulier, continuent à se battre. La mobilisation commence à payer, par les discussions qu'elle provoque et les solidarités qu'elle crée.

Et cela explique cette grève, suivie par 80% des personnels soignants de l'établissement ?

Le ras-le-bol est aujourd'hui généralisé. Si l'on scrute la situation de la clinique Boyé, qui n'a pas encore été achetée par un groupe médical, on remarque que l'agence régionale de santé (ARS) tente d'imposer ses normes avec la T2A [tarification à l'activité, NDLR] notamment. La révolte des employés de l'établissement fait écho à celle des salariés que l'on mobilise, dans des contextes divers, en déployant notre activité au plus près des entreprises du territoire.

Quelles conséquences aura cette victoire pour demain ?

Une victoire ? Mieux que ça : le plus court conflit pour le plus d'acquis ! Nul doute que ce résultat engendrera d'autres luttes, notamment autour de la question du travail du dimanche. Ici, on a la ferme intention de continuer sur notre lancée pour permettre l'information des salariés et pour leur rappeler que rien n'est jamais joué d'avance.

Il suffit de se souvenir du contrat première embauche (CPE), enterré par la seule mobilisation de la rue malgré l'adoption du texte par le Parlement. En dépit d'attaques que subissent les militants sur nombre de sites, la victoire des salariés de la clinique Boyé conforte l'idée que la peur peut et doit changer de camp.