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UBÉRISATION

Contre la précarité, les livreurs à vélo se regroupent

22 juillet 2019 | Mise à jour le 8 juillet 2019
Par | Photo(s) : Laurent Chamussy/SIPA
Contre la précarité, les livreurs à vélo se regroupent

D'abord se regrouper autour de revendications commu­nes. Et partant, s'organiser pour engager la bataille contre la baisse des tarifs de la livraison – de 4,80 à 3 euros – imposée par les plateformes. C'était en 2017 et depuis, le Collectif des livreurs autonomes de Paris (Clap) a bien grandi.

Pas tant en nombre d'adhérents mais en influence. « On a une telle visibilité sur les réseaux sociaux qu'on pourrait se définir comme un média qui propulse le message des livreurs à vélo dans l'espace public et ce message est : “Tout ne se passera pas comme prévu” », explique Jérôme Pimot, fondateur du Clap.

De la genèse de ce collectif, né loin des syndicats, il retient l'exigence de ceux qui, très attachés à leur indépendance, voulaient disposer d'un outil 3.0 et ne pas s'engager dans le syndicalisme. « On recherchait de nouvelles formes d'organisation et de mobilisation, à frapper vite et fort pour être entendus par le leader de la plateforme. »

Après quelques clashs de départ, le Clap a mené et gagné bien des combats : celui de la dénonciation de la fausse indépendance mais véritable subordination – d'ailleurs requalifiée en salariat par les tribunaux – et celui d'avoir fait réaliser aux « ubérisés » où pouvait conduire l'absence de cadre légal et de protection sociale. « En l'oc­cur­rence, à un “tâcheronnage” digne du XIXe siècle, mais en mode 3.0 », ironise Jérôme Pimot.

Loin du syndicalisme, par parti pris, le Clap admet s'inspirer de ses savoir-faire en matière de lutte sociale. « On n'a rien inventé, mais on a tout adapté, pour construire nos propres modes d'action­. À la grève, ils préfèrent les blocages qui obligent le restaurateur à se retourner contre la plateforme. Aux manifestations de rue, les stratégies de nuisance : « On sait que la concurrence leur coûte un pognon de dingue, c'est toute leur fragilité et toute notre force quand on bloque Deliveroo au profit d'Uber Eats, ou l'inverse. »

Fort de quoi, le Clap poursuit sa structuration, avec un projet de syndicat transnational fédérant les revendications de tous les ubérisés d'Europe. Autant de réflexions que Jérôme Pimot mène de longue date en lien étroit avec divers militants de la CGT. « Ils sont nombreux à avoir compris que l'ubérisation gagne tous les secteurs et nous, que c'est en faisant converger nos revendications et nos actions que nous pourrons gagner. »