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Chanson douce-amère

11 août 2018 | Mise à jour le 9 août 2018
Par
Chanson douce-amère

Si la vie d'artiste est un choix, celui-ci s'impose à l'entourage. De Paris à Lisbonne, une jeune femme cherche un père chanteur, disparu volontaire, qui ne lui a jamais permis de planter des racines pour grandir. La Chanson de la ville silencieuse d'Olivier Adam est une chanson triste.

« Personne ne l'a plus vu depuis quinze ans (…) Personne ou presque depuis qu'il a mis un terme à sa carrière. S'est reclus dans sa maison là-bas. Se muant en ermite, en fou mystique, en alcoolique délabré, en artiste maudit, au fil des rumeurs, au gré des versions.»
Nous ne connaîtrons pas le nom de la jeune femme paumée qui parle ainsi de son père, un chanteur connu qu'elle cherche tout au long de « Chanson de la ville silencieuse », le dernier roman d'Olivier Adam. Sa quête est douloureuse, elle a été ballottée comme un objet un peu encombrant entre une mère absente et un père épisodique qui ne l'ont pas désirée. « Je suis celle qui grandit sans souvenirs d’enfance » constate-t-elle, ayant eu pour ersatz de famille le couple de gardiens de la propriété paternelle.
On ne sait si ce père artiste est mort ou vivant, si la silhouette entrevue chantant à la terrasse de cafés lisboètes est bien la sienne ou un sosie… Mais au-delà de cette quête d'un père dont elle ne sait pas vraiment s'il l'aimait, la jeune femme est en recherche de signes qui lui montrent qu'elle est bien une personne avec une vie à construire et non un poids mort, un hasard…
Errance, absence, effacement, les thématiques chères au romancier sont bien là, qu'elles prennent place dans les rues de Paris ou au cœur des barrios de Lisbonne. Comme toujours, l'écriture est épurée, les phrases courtes, les mots choisis avec précision, effaçant aussi le superflu. Le style d'Adam est nu, presque à l'os, un peu à la manière d'une chanson de Dominique A à qui il a emprunté son titre. On pense bien sûr à certains artistes disparus, surtout Nino Ferrer, ou volontairement éloignés, comme Jean-Louis Murat… Au-delà du cirque médiatique du monde du showbiz qui ont à la fois capté et déçu l'artiste, Olivier Adam évoque la difficulté de trouver sa place et de se sentir important lorsqu'on est l'enfant d'une célébrité dont l'ego occupait tout l'espace.

Voir sur Youtube le passage de l’auteur dans l’émission La Grande Librairie sur France 5 le 12 janvier 2018.