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CULTURE

Le TGP, théâtre en Seine

12 août 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
Par | Photo(s) : Viile de St Denis
Le TGP, théâtre en Seine

Joliment mis en pages, riche d'une iconographie dénichée avec pugnacité, le beau livre Théâtre Saint-Denis, 100 ans de création en banlieue plonge le lecteur dans l'épopée d'une création culturelle devenue Centre dramatique national.

 

Retracer l'histoire du théâtre Gérard-Philipe, c'est l'ambitieux et réussi pari de l'ouvrage Théâtre Saint-Denis, 100 ans de création en banlieue. Écrit d'une plume élégante par Michel Migette, éditeur et enfant du territoire, il donne à voir l'histoire peu commune de cet établissement culturel qui, comme le note le chroniqueur dramatique Jean-Pierre Léonardini dans la préface de ce bel ouvrage, «  se dresse, tel un phare, au cœur de la cité de Saint-Denis, laquelle est tout à la fois puissamment historique et populaire au grand sens du mot ».
Fort d'une documentation considérable recueillie par Michel Migette et Etienne Labrunie dans un lent et minutieux travail d'archiviste, l'ouvrage est une mine d'informations émouvantes sur ceux qui ont fait et font encore vivre la culture en banlieue.

De 1895, date à laquelle sont créés « des Théâtres du peuple » qui veulent rendre « le théâtre accessible au monde ouvrier » aux créations contemporaines du TGP devenu Centre dramatique national, c'est plus d'un siècle d'histoire sociale et de culture qui défile. En 1902, le premier théâtre de Saint-Denis voit le jour. Ancien graveur sur bois devenu architecte, Albert Richter en est le concepteur. Il privilégie l’originalité et la multifonctionnalité pour cet édifice qui va devenir un pilier de la banlieue rouge. À l'occasion de sa première représentation, le 9 février 1902, le théâtre fait salle comble.

« C'est beau et pas cher ! Enfoncés les bourgeois, à vingt ronds, on est comme des princes », peut-on lire le lendemain dans le compte rendu dans le Journal de Saint-Denis.
En plus d'un siècle d'existence, le théâtre municipal de Saint-Denis connaîtra toutes les vicissitudes de l'histoire. L'arrivée joyeuse du cinéma dans ses velours et tentures, des galas et du music-hall de la Belle-Époque – « Grâce au prix d'entrée volontairement modeste, toutes les couches de la population dionysienne ou des villes voisines – y compris Paris grâce au tramway qui marque l'arrêt devant le théâtre – s'y côtoient. »

 

Théâtre Mai 1968, Printemps 71, Edith Loria
Photo Collection privé

 

Les guerres, les après-guerres, le sport, la politique, le syndicalisme… Tour à tour, ce théâtre pensé dès le début comme multifonctionnel se transforme en salle de spectacle populaire, en estrade pour tribuns politique, en lieu de meeting syndical, de concert ou de récital.
Impossible ici de dévoiler toutes les époques, la succession de directeurs, les débats sur le devenir de ces chapelles culturelles, pivot central devenu si fragile en ces temps de restrictions budgétaires et dont le livre de Michel Migette rend compte de manière méticuleuse, sinon exhaustive.

Dans ce voyage au fil du temps, le lecteur croisera le chemin des créateurs, de directeurs mais aussi d'élus qui font vivre le théâtre en France et la culture en banlieue. Une table ronde – en guise, non de conclusion, mais d'ouverture sur demain – propose des pistes pour que l'art scénique (re)devienne – en ces temps de consumérisme culturel et de prépondérance de l'image – « un bien commun et le terreau fertile de la vie sociale ».

 

TGP 100 ans de création en banlieue,
de Michel Migette, co-édition PSD/Le Diable Vauvert,
mai 2016,
363 pages,
30 euros.

Après une présentation au Festival d'Avignon,
l'ouvrage sera également présent à la Fête de l'Humanité.