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Langage

Des mots pour travailler la langue et les rapports sociaux

13 août 2019 | Mise à jour le 3 juillet 2019
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Encore des mots, toujours des mots, rien que des mots… Dalida a bien tort. Les mots sont essentiels, constitutifs de la pensée, de l'échange intellectuel. Ils sont tout ou presque pour les journalistes. On les aime, on les travaille, on peut en jouer aussi.

Le langage, son détournement, la propagande qu'il sert sont des enjeux idéologiques pour modifier le sens, modéliser et formater les pensées. Les dominants en ont fait une arme de guerre, pour non seulement mal mais aussi ne plus nommer les choses et ainsi « ajouter à la misère du monde », comme disait Albert Camus.

Aussi, quand le Groupe Langage est venu proposer à la NVO une page pour décrypter le langage, faire valser les lieux communs et la novlangue, la rédaction n'a pas hésité une seconde. Car le langage employé au travail n'est pas neutre. Les mots sont porteurs de la représentation qu'on se fait du travail et des rapports sociaux. Ils façonnent nos comportements et manières de penser.

C'est ce présupposé que l'atelier sur le langage, du collectif Travail/Émancipation­ est chargé d'interroger en mixant réflexion et expérimentations. « Le Bal des mots dits » a fait partie de ce travail et n'avait pas vocation à durer. Sa réalisation a été riche pour nous en enseignements. Nous espérons qu'il en fut de même pour vous, lecteurs. La langue ne reflète pas une réalité mais la construit. Les groupes sociaux ont donc intérêt à ce qu'elle soit conforme à leurs aspirations. Le patronat l'a bien compris et s'évertue à masquer la vraie nature du système capitaliste. Son langage a pour but de valoriser ses choix, d'effacer toute reconnaissance de classe. De désamorcer les luttes sociales émancipatrices.

Au fil des mois passés avec la NVO, nous avons identifié des mots, des emplois et des tournures posant problème. Soumis au débat collectif, ils ont dévoilé leur véritable caractère. Nous avons montré qu'on pouvait les retourner contre l'employeur­. Pour cela nous avons recherché leur origine, leur histoire, leur sens usuel ou caché, leur fonction, le contexte de leur utilisation.

Ces recherches s'inscrivent dans une réflexion plus large sur les niveaux d'inter­ven­tion possible sur le langage. À celui de la confrontation avec l'employeur­ s'ajoute celui de l'autovalorisation : les travailleuseuses·eurs ont-elles·ils les moyens de parler du travail qu'elles ou ils font réellement ? Ont-elles·ils les moyens d'exécuter leurs tâches ? Les consignes de travail sont-elles compréhensibles ?

Se confronter au patronat sur les mots est donc un passage obligé, un acte de lutte. Nous espérons avoir montré la nécessité d'intervenir sur le langage employé au travail et surtout d'avoir donné l'envie de mener ce combat.