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TRANSPORTS

« Déterminés pour nos droits »

22 septembre 2017 | Mise à jour le 22 septembre 2017
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
« Déterminés pour nos droits »

Jérome Vérité, secrétaire général de la fédération CGT-Transports

Lundi 25 septembre les salariés des transports routiers entreront en grève contre les ordonnances. Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transports explique leur impact sur la profession.

Vous appelez à la grève reconductible à partir du 25 septembre contre les ordonnances. En quoi vos professions sont-elles particulièrement touchées ?

Les ordonnances auront des conséquences particulièrement néfastes dans les professions du routier marchandise. Dans ce secteur, plus de 80 % des entreprises comptent moins de vingt salariés. Il y a donc un très grand risque de voir se négocier des accords à la baisse en l'absence d'organisations syndicales. Ce secteur est déjà pressuré en permanence par le dumping social franco-français et européen. On craint donc des attaques frontales sur la fiche de paie des conducteurs puisqu'avec les ordonnances, la convention collective ne protègera plus les primes, par exemple. Je pense notamment à la prime d'ancienneté. Or dans nos professions, la pyramide des âges est élevée avec des gens qui ont beaucoup d'ancienneté, c'est donc un élément du salaire extrêmement important. Ça représente souvent plus de 100 euros par mois.

Par rapport à la globalité de l'attaque des ordonnances, on conjugue trois facteurs aggravant : petites entreprises, dumping social et ancienneté très forte. Mais ce ne sont pas les seuls aspects, et c'est pour cela que nous réclamons le retrait des ordonnances avec tous les points que la CGT dénonce : la disparition des CHSCT, la facilitation des licenciements, la limitation des indemnisations des prud'hommes. Ce dernier sujet est sensible dans les transports, car bien souvent il y a des litiges sur la question du paiement de toutes les heures de travail. Et quand un chauffeur vient réclamer son dû, et uniquement son dû, ça va aux prud'hommes. Le fait de pouvoir plafonner les indemnités est totalement inacceptable puisqu'il s'agit d'éléments du salaire qui sont dus et n'ont pas été payés.

Il y avait un appel à l'action de la CFDT et de la CFTC lundi dernier, et le 25, c'est la CGT et FO. Y a-t-il une démarche unitaire ?

On se parle et on se dit qu'on est d'accord sur le fond. C'est un aspect très positif pour les salariés. De plus, et depuis, la CFE CGC avait aussi appelé à l'action pour le 21 septembre. Son argumentaire reprend ce que dit la CGT, la CFDT, FO et la CFTC. Le gouvernement a en face de lui, dans le champ des transports, les cinq organisations syndicales représentatives. On se parle donc, mais après tout le monde n'est pas dans la même configuration vis-à-vis de sa confédération. Mais de ce point de vue, la CGT est tout à fait à l'aise. FO transports avait pour sa part appelé à participer dès la journée du 12 septembre, ce qui nous amène à appeler de manière unitaire à l'action le 25 septembre.

Pour la CFDT et la CFTC, c'est sûrement plus compliqué. Ils n'appelaient ni au 12 septembre, ni au 21, même si on sent que Berger est poussé par sa base. Ils ont dans leur paysage un grand rassemblement le 3 octobre et ça peut évoluer après cette date. Cependant l'enjeu est pour maintenant et ces prochains jours. Et il nous faut convaincre les salariés d'y aller le 25 septembre. Certains syndicats CFDT locaux et y compris la CFTC Nord appellent déjà à des blocages le 25. Ceci étant, on ne veut pas entrer dans les débats d'appareil. Ce qu'on veut, c'est gagner, et pour cela il faut être ensemble.

Vous avez été reçus hier avec FO au Ministère des Transports, qu'en est-il ressorti ?

Oui, nous avons enfin été reçus. Je dis enfin, car l'annonce de la grève reconductible avec FO a été faite le 13 septembre. Nous avons été accueillis à la fois par le cabinet du ministère du Travail et des Transports. Ca a été bizarre, car nous avons eu l'impression qu'il s'agissait plus d'une réunion interne pour eux. A deux reprises, le directeur de cabinet de la ministre des Transports s'est tourné vers les conseillers du ministère du Travail en leur disant : « Ça, il faut écouter ! » Cela a été le cas sur la question de l'ordre public conventionnel, car il nous semble que le ministère des Transports est mal à l'aise sur les éléments conventionnels négociés à la baisse. Et ce, parce qu'ils savent que ce sera une réalité. Et enfin, plus surprenant, même attitude au sujet de la disparition des CHSCT. Au sortir, j'ai eu le sentiment que le ministère des Transports avait conscience de notre détermination à aller au bout.

Et de ce point de vue, comment s'annonce la mobilisation ?

Nous avons évidemment des remontées. En plus, je viens d'apprendre aujourd'hui qu'une organisation non représentative sur le routier, l'UNSA-Transports, va appeler à la grève reconductible à partir du 25 septembre. Au-delà de cette dernière nouvelle, je pense que le mouvement sera fort, au vu de la colère qui s'exprime. Elle ne porte pas que sur les ordonnances : il y a les salaires et la smicardisation, la question du transport des matières dangereuses ­- qui n'a pas été réglée suite au conflit de mai dernier – et la question du congé d'activité à 57 ans. A notre grande stupeur, nous avons appris lors de cette rencontre que le gouvernement n'avait toujours pas rédigé l'amendement au PLFSS 2018 sur le cadrage de la taxation du régime.

Et qu'en est-il donc du congé de fin d'activité ?

Ça signifie qu'il n'y a dans ce cas plus de fin de congé d'activité au 1er janvier 2018. C'est donc un coup de tonnerre pour le transport routier marchandise, mais aussi pour les convoyeurs de fonds. Ce sera donc un très gros sujet de mobilisation avec la question du dumping public européen. Le ras-le-bol est immense. Le patronat lui-même a bien compris la situation et craint plus que tout l'agrégation des mécontentements.