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INDUSTRIE

GM&S, trois semaines pour négocier l’offre de reprise

30 juin 2017 | Mise à jour le 30 juin 2017
Par | Photo(s) : Pascal Lachenaud / AFP
GM&S, trois semaines pour négocier l’offre de reprise

Des salariés occupent l'usine GM&S à La Souterraine dans la Creuse en attendant le résultat des négociations à Bercy.

Ce vendredi 30 juin, le tribunal de commerce de Poitiers (Vienne) a décidé de placer GMS Industry en liquidation judiciaire avec prolongation d'activité jusqu'au 21 juillet. Au terme de deux jours de réunions de crise à Bercy, mardi et mercredi, l'emboutisseur stéphanois GMD, avait fini par déposer son offre de reprise formelle, in extremis, jeudi soir à 19 h 30. La mise en liquidation judiciaire de GM&S, permettra à l'équipementier automobile de La Souterraine (Creuse), en redressement judiciaire depuis le 2 décembre 2016, de poursuivre son activité et le tribunal examinera l'offre de GMD le 19 juillet. Une offre perfectible notamment sur le volet social. L'emboutisseur stéphanois (650 millions de chiffre d'affaires et 29 sites industriels en Europe et sur le pourtour méditerranéen) a en effet engrangé les bénéfices d'une négociation acharnée, menée sous la houlette du ministère des Finances, mais sans que rien ne soit lâché aux salariés. Au risque d'attiser leur colère. Pour l'heure, GMD propose de ne reprendre que 120 des 277 salariés de GM&S et refuse de verser des indemnités supérieures à la loi aux futurs licenciés. Bien loin des exigences posées par les représentants syndicaux CGT qui avaient fait le déplacement à Paris pour négocier.

La si longue attente des salariés

Le 23 juin dernier, le tribunal de commerce de Poitiers avait mis sa décision sur le sort de GM&S en délibéré jusqu'au 30 juin, terme de la période d'observation. Un délai qui devait permettre à l'unique repreneur potentiel, GMD, de finaliser son offre formulée sous réserve « du financement d'un plan d'investissements de 10 millions d'euros et d'un accompagnement des pouvoirs publics ». Depuis, alors qu'à Paris les négociations se poursuivaient au sein de la cellule de crise entre le ministère de l'Économie, les constructeurs automobiles clients de GM&S, GMD et les représentants syndicaux, la tension est montée d'un cran à La Souterraine. Des ouvriers en colère ont allumé des feux de pneus et de palettes — contenus dans des bennes — à l'intérieur de l'enceinte de l'usine occupée. Et pour cause : mercredi, GMD, qui n'avait toujours pas déposé d'offre au tribunal de Poitiers, avait vu la quasi-totalité de ses exigences satisfaites au fil des réunions, mais sans lâcher quoi que ce soit aux représentants des salariés, notamment sur les indemnités de licenciement. Bercy a en effet obtenu de PSA et Renault qu'ils donnent des gages sur l'avenir pour convaincre GMD de déposer son offre au plus vite : les deux constructeurs automobiles ont ainsi confirmé le montant de commandes sur lequel ils s'étaient engagés lors d'entretiens précédents – respectivement 10 et 12 millions d'euros annuels sur trois ans – indiquait mercredi le communiqué, un brin vantard, du ministère de l'Économie. Ils ont de plus annoncé leur intention d'apporter un soutien financier aux investissements de GMD. Renault et PSA apporteraient ainsi 9 millions d'Euros pour la modernisation du site, en particulier de l'outillage.

Les représentants syndicaux floués

Le ministère de l'Économie aura donc fait beaucoup pour épargner à Emmanuel Macron un début de quinquennat marqué par une faillite industrielle emblématique. Le 9 juin dernier, celui-ci avait fait le déplacement chez GM&S, le deuxième employeur privé de la Creuse, et avait promis aux salariés la mise en place d'une cellule de crise. Chose dite, chose faite, mais celle-ci ne leur a cependant pas permis d'avoir gain de cause en ce qui concerne le maintien de l'emploi. Pire ! Acceptant de négocier sur la base d'une offre de reprise de seulement 120 salariés, les représentants syndicaux n'ont pas pour autant obtenu des dirigeants de GMD qu'ils acceptent le versement d'indemnités supra légales aux ouvriers qui allaient perdre leur travail. Une attitude jugée « inadmissible et indigne » par la CGT. Le syndicat qui estime s'être trouvé « face au mur » accuse les dirigeants du groupe stéphanois de « chantage », le dépôt d'une offre tangible de GMD continuant alors de se faire attendre. De surcroît, PSA et Renault se sont opposés à l'idée de participer au financement du volet social.

Reprise des négociations

« La liquidation va permettre la mise en œuvre des mécanismes de garantie des salaires, et ainsi préserver les droits des personnels » a indiqué le procureur de la République de Poitiers, Michel Garrandaux, après la décision du tribunal de commerce. Selon lui, l'offre de GMD « perfectible dans son volet social et présente des réserves qui devront être levées ». La poursuite de l'exploitation ordonnée par le tribunal « ouvre un nouveau et bref délai devant permettre d'examiner les modalités de l'offre déposée par GMD et, le cas échéant, d'ordonner la cession de l'entreprise », a-t-il ajouté. « Trois semaines ce n'est pas beaucoup mais cela peut-être prolongé une nouvelle fois » pour une durée maximum de trois mois » a relevé l'avocat des salariés, Me Jean-Louis Borie, ajoutant que « l'offre peut-être améliorée jusqu'à deux jours ouvrables avant l'audience ». Dans ce laps de temps, salariés et syndicats sont déterminés à sauver le maximum d'emplois et à négocier au mieux les indemnités de départs de ceux qui seraient licenciés. « 120 emplois, c'est beaucoup trop peu ! (…) Une usine de cette taille, avec 120 salariés, ça ne vit pas (…) Il y a encore des choses à jouer, on va se battre comme des dingues » a réagi Yann Augras, élu CGT et secrétaire du comité d'entreprise de GM&S. Les discussions avec le ministère de l'Économie reprennent dès la semaine prochaine.

 

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