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Bas les masques

Véronique Lopez
31 août 2017 | Mise à jour le 31 août 2017
Par | Rédactrice en chef de la NVO
Édouard Philippe a dévoilé jeudi 31 août, le contenu de cinq ordonnances sur le code du travail, premier grand chantier social du quinquennat Macron. Juste avant de rendre public leurs contenus, le gouvernement qui, jusqu'alors, n'avait accepté que des rencontres en bilatérale avec les syndicats, a organisé en urgence une multilatérale avec l'ensemble des organisations.

On ne sera pas dupe de cette mansuétude tardive qui n'a qu'un but : redorer le blason communication du gouvernement. Pour le reste, et avant même de décrypter précisément les bouleversements que va connaitre le Code du travail (à lire en détail dans le numéro de rentrée de la NVO) on en connait la philosophie générale : de la flexibilité à tous les niveaux pour les salariés. De quoi réjouir Pierre Gattaz, le patron du Medef qui tenait ces jours-ci sa dix-neuvième université été à Jouy-en-Josas (Yvelines).

Son discours a été un florilège de propos antisociaux. Il a exhorté Emmanuel Macron à aller « jusqu'au bout de ses réformes », estimant que ses ordonnances sur le droit du travail et ses mesures fiscales seraient les principaux « curseurs » du quinquennat. Changer de modèle, réformer le marché du travail, améliorer les marges des entreprises, simplifier la bureaucratie, réformer l'apprentissage… Tout passe sous le filtre d'un patronat décomplexé qui ose même conseiller au président de la République que « sa main ne tremble pas » au moment de signer les ordonnances ! Mais qui donc gouverne en France ? Qui donc est à l'exécutif, un homme « ni de droite, ni de gauche » ou « en même temps de droite et de gauche » ou bien plutôt le patron des patrons qui ne cesse par un lobbying puissant, constant, de faire croire que tous les maux de ce pays sont dus au « coût du travail » ?

Le travail est un investissement, c'est lui qui produit les richesses. Cette richesse qui classe les entreprises françaises parmi les plus compétitives et fait année après année exploser les dividendes des actionnaires. Un exemple parmi tant d'autres ? En 2016, l'entreprise automobile PSA a réalisé 1,2 milliard de bénéfice. Son patron Carlos Tabares s'est octroyé une augmentation généreuse de 40 % contre moins de 1 % pour les salariés. Il est là le problème, dans le coût du capital. Surtout lorsque celui-ci ne constitue plus un investissement pour la pérennité et le développement des entreprises, mais sert essentiellement à récompenser de manière indue les dirigeants richissimes. L'accentuation des inégalités, le refus des plus riches de partager ne serait-ce qu'une part du gâteau dont ils se goinfrent posent question. Notre président qui se veut moderne et bienveillant devrait s'interroger sur ces inégalités flagrantes. Or, c'est tout le contraire qui se passe.

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances n'a pas choisi d'autre tribune que celle de l'université d'été du Medef pour préciser sa feuille de route fiscale pro-entreprise a un mois de la présentation du projet de budget 2018. « Notre fiscalité doit être simple et stable », a-t-il lancé devant un parterre de patrons buvant du petit lait. Le locataire de Bercy a promis que le gouvernement prendrait dès le prochain projet de loi de finances « un certain nombre de décisions fiscales devant lesquelles tous les gouvernements, sans exception, de droite comme de gauche, ont reculé depuis trente ans ».

Parmi les priorités, bien sûr, la baisse de l'impôt sur les sociétés (IS), actuellement proche de 33 %, et que le gouvernement souhaite ramener à 25 % d'ici la fin du quinquennat, l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique (PFU) pour les revenus du capital, et la transformation du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en baisses de charges pérennes à l'horizon 2019. Le ministre a aussi annoncé la transformation de l'impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) mais, pour complaire à son électorat patronal, l'immobilier professionnel continuera à y échapper. « Nous allons répondre à vos attentes, le mieux possible », a encore dit Bruno Le Maire à l'adresse des chefs d'entreprise. Tout est dit : Pierre Gattaz en a rêvé tout haut, Macron et Cie l'ont rédigé en douce. À nous maintenant d'en faire bouger les lignes…