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Retraites : passé les bornes, il n’y a plus de limites

Frédéric Dayan
9 octobre 2018 | Mise à jour le 10 octobre 2018
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Pour sa réforme des retraites, Emmanuel Macron n'aborde pas frontalement une négociation ouverte, transparente et sincère. Il lance quelques ballons d'essai, quitte à rétropédaler ensuite.

Cette mauvaise manière de faire, ce mépris pour les corps intermédiaires que sont les syndicats a le don d'irriter. « Que le gouvernement sorte du bois », exige ainsi le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau. Pour l'heure, avant qu'Agnès Buzyn reçoive les syndicats mercredi 10 octobre, l'exécutif a fait savoir que sans toucher à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, il pourrait introduire une notion d'âge « pivot » à 63 ans. C'est-à-dire que nous serions désormais « libres » de partir à 62 ans, mais punis pour avoir fait ce choix par une décote avant l'âge de 63 ans.

Couplé à la transformation du système de retraite en régime unique par points, cet âge pivot va de facto pulvériser les limites de la vie au travail. C'est le risque dénoncé par Philippe Martinez sur France Inter samedi 6 octobre : un système par points serait « profondément inégalitaire » et retarderait de fait l'âge de départ. « On va vous dire vous pouvez partir à 62 ans, mais si vous n'avez pas les moyens de vivre, vous allez donc continuer à travailler pour avoir plus de points », prédit-il, expliquant que « la finalité, c'est que vous partiez à 65, 67 ans ».

Pour sa part, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, qui n'estime pas encore utile de mobiliser sur cette réforme, a cependant prévenu le gouvernement : « Tous ceux qui auront par souci technocratique — il y en a quelques-uns, parce que c'est efficace et c'est rapide —, l'idée de faire une réforme paramétrique en jouant sur l'âge auront l'opposition de la CFDT ».

La CGT qui continue à revendiquer un retour à la borne des 60 ans pour l'âge de la retraite, assorti d'un droit à la retraite à taux plein anticipé pour les salariés ayant effectué des travaux pénibles et astreignants, n'est pas prête à accepter ce nouveau recul effectif de l'âge de la retraite. Pas plus qu'elle n'avait accepté les précédentes réformes des paramètres des régimes de retraite qui ont repoussé l'âge de départ, raboté le taux de remplacement, fait décrocher l'évolution des pensions. Cette réforme des retraites qui avance masquée est au centre de la mobilisation unitaire interprofessionnelle du 9 octobre. « Un constat s'impose et se renforce, celui d'une politique idéologique visant à la destruction du modèle social », écrivent ensemble CGT, Force ouvrière, Solidaires, l'Unef, la FIDL et l'UNL qui appellent à cette journée. Il en faudra sans doute d'autres, plus unitaires si possible, pour faire reculer le gouvernement.