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PRISONS

Excédés, les surveillants pénitentiaires se mobilisent

11 mars 2019 | Mise à jour le 11 mars 2019
Par et | Photo(s) : Boris Horvat / AFP
Excédés, les surveillants pénitentiaires se mobilisent

Manifestation des personnels pénitentiaires devant la prison des Baumettes à Marseille le 26 février 2019

À nouveau mobilisés depuis le drame de Condé-sur-Sarthe dans l'Orne, les surveillants pénitentiaires revendiquent des recrutements et davantage de sécurité dans l'exercice de leurs missions, mais également la revalorisation de leur métier.

Fin de non-recevoir de la ministre de la Justice
Portée par l'entente syndicale, la revendication d'une évolution indemnitaire pour les surveillants pénitentiaire rencontre le refus catégorique du ministère de la Justice. Probablement le gouvernement craint-il une contagion à l'ensemble de la fonction publique.Reste que le sujet est épineux depuis plusieurs mois entre Nicolle Belloubet et l'entente syndicale pénitentiaire (FO, CGT, CFDT, FSU) qui le 5 mars 2019 lui écrivait : « (…)Vous ne pouvez pas, continuer d'ignorer les personnels et leurs revendications. Vous ne pouvez pas ignorer les maux qui, chaque jour, entraînent les fonctionnaires de plus en plus bas tout en les stigmatisant. (…) Représentant plus de 58 % des personnels pénitentiaires [l'entente syndicale], depuis le 16 janvier (…) porte la voix de ses mandants sur une revalorisation statutaire et indemnitaire à hauteur de la reconnaissance qui leur est due ». Et d'avertir qu'« à défaut, les actions menées depuis le début de l'année prendraient une nouvelle (…) dimension ».

Depuis, avec la réactivation du volet sécuritaire, les relations avec la ministre ont achevé de s'envenimer. Le 1er mars, les syndicats ont lancé une pétition pour une revalorisation statutaire et indemnitaire.

 

Rouen (Seine-Maritime), Beauvais (Oise)… Ce lundi 11 mars, à l'appel notamment de la CGT Pénitentiaire, la mobilisation des surveillants de prison se poursuit près d'une semaine après l'agression de deux des leurs à Condé-sur-Sarthe (Orne). Survenue un peu plus d'un an après celle de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) — qui avait entraîné le conflit le plus dur depuis vingt-cinq ans dans les prisons — elle a ravivé la colère des personnels.

La surpopulation pénale produit de l'insécurité

En cause : d'abord le sous-effectif criant sachant que lui-même génère un manque de sécurité dans des prisons françaises surpeuplées.

« Les évènements survenus à Condé-Sur-Sarthe nous rappellent ceux survenus à Vendin-le-Vieil, à Bordeaux ou à Mont-de-Marsan, explique Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire. Ce ne sont pas des évènements qui se passent seulement dans des établissements dits plus sécuritaires, mais la force de l'agression dans ces établissements plus sécuritaires nous amène à nous interroger sur le fait de rassembler ces détenus sur les mêmes établissements ».

De moins d'un an, les très courtes peines occupent 30 % des maisons d'arrêt et participent de la surpopulation carcérale

« Notre ministre ne peut pas continuer à ignorer le malaise d'une institution en dérive, écrit la CGT Pénitentiaire dans un communiqué publié le 7 mars dernier. Elle se doit de nous réunir dans les plus brefs délais et ne pas se contenter d'un pseudo relevé de conclusions qui n'a eu aucun effet depuis plus d'un an maintenant ». Ce 11 mars, les organisations syndicales devaient en effet être reçues par le directeur de l'administration pénitentiaire, Stéphane Bredin, et plus tard dans la semaine, peut-être par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.

Sur la table depuis plus d'un an, la sujet de la sécurité n'a guère avancé. L'application du relevé de discussion de 2018 a pris du retard et les recrutements sont bien deçà des besoins et il en va de même pour la livraison du matériel de sécurité (gilets et combinaisons pare-coup et anti-arme blanche, etc.).

De plus, « le projet de loi de programmation de la justice qui devait servir à désengorger les prisons produit l'effet inverse », constate Christopher Dorangeville. En effet, précise-t-il « on a de très courtes peines dans nos établissements et c'est justement sur ces très courtes peines qu'on devrait se concentrer pour libérer de la place ». Ces très courtes peines de moins d'un an occupent en effet 30 % des places dans les maisons d'arrêt.

Pour la CGT, le métier de surveillant pénitentiaire doit être redéfini et revalorisé

Reste que pour la CGT Pénitentiaire une politique « tout sécuritaire » ne permettra ni de régler l'ensemble des problèmes rencontrés par les surveillants dans l'exercice de leurs missions ni de rendre la profession attractive. « Aujourd'hui le surveillant est cantonné à ouvrir et fermer des portes, explique Christopher Dorangeville, alors qu'il faudrait qu'il devienne un acteur incontournable dans la réinsertion de la personne détenue ». Une revendication qui s'inscrit en parallèle de celle de l'accession à la catégorie B de la fonction publique du personnel de surveillance.