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Personnes âgées

Face à l’urgence, les professionnels du grand âge veulent mobiliser le 1er juillet

27 juin 2019 | Mise à jour le 27 juin 2019
Par | Photo(s) : Nicolas Guyonnet / AFP
Face à l’urgence, les professionnels du grand âge veulent mobiliser le 1er juillet

An elderly person resident of the EHPAD les Monts du Matin in the Drome. Besayes, France - May 21, 2019. ?Une personne agee pensionnaire de l'EHPAD les Monts du Matin dans la Drome. Besayes, France - 21 Mai 2019.

Les syndicats des personnels des établissement et services aux personnes âgées, avec les directeurs de l'AD-PA, prévoient des mobilisations partout en France pour rappeler la situation d'urgence dans laquelle se trouve le secteur et appuyer leurs revendications. Ils réclament notamment la création de 40 000 postes dès 2019.

Auch (Gers), Tauves (Puy-de-Dôme), Huisseau-sur-Mauves (Loiret)… Ici, il manque des infirmiers, là, l'Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) est promis à la fermeture, ailleurs, il règne un « climat d'insécurité professionnelle » lié à « un harcèlement managerial », dixit la Fédération CGT de la santé et de l'action sociale. Dans un autre établissement, il est demandé de faire la toilette des résidents désorientés dès cinq heures du matin… Alors qu'une loi sur le grand âge et l'autonomie est attendue pour l'automne, sur le terrain la situation dans les établissements et les services d'aide pour les personnes âgées devient « désastreuse » et « les professionnels s'impatientent ».

Face à « l'absence de réponse et de mesures concrètes du gouvernement pour répondre aux besoins et au bien-être de nos aînés et des professionnels », la Fédération CGT de la santé et de l'action sociale prévoit une journée d'action le 1er juillet avec l'intersyndicale du secteur (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD) et l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).

Rappeler au gouvernement l'urgence de la situation dans le secteur

Le gouvernement peut toujours minorer les mouvements de grève qui, en 2017 et 2018, ont secoué les établissements d'hébergement et les services d'aide pour les personnes âgées, le constat est qu'ils ne se sont jamais arrêtés. Les personnels se disent toujours « à bout », et continuent de réclamer « davantage de moyens humains pour plus de dignité ! » En effet, estiment l'intersyndicale des personnels et l'AD-PA, les pouvoirs publics n'ont, à ce jour, apporté aucune réponse à la « situation d'urgence  que vivent les établissements et services à domicile pour personnes âgées » : manque constant de personnel ; dégradation des conditions de travail des salariés et dégradation de la prise en charge des personnes âgées – les deux étant liées ; absence de reconnaissance des qualifications ; précarisation des emplois ; salaires de misère… Un état des lieux qu'avait dénoncé et projeté sur le devant de l'actualité  l'intersyndicale et l'AD-PA en organisant, en janvier 2018, la première mobilisation nationale du secteur.

Le rapport Libault n'est pas à la hauteur des besoins

Certes, l'État a engagé au quatrième trimestre 2018 une vaste « concertation » sur la prise en charge du grand âge. Elle a été confiée à Dominique Libault, un ancien directeur de la Sécurité sociale, qui l'a menée pendant six mois avec les acteurs de l'aide aux personnes âgées, les orientations et les 175 propositions de son rapport devant permettre de guider la future loi « Grand âge et autonomie » prévue pour l'automne.

« Il y a quelques propositions intéressantes dans le rapport Libault, concernant par exemple les aidants, analyse Malika Belarbi, responsable du collectif national Accueil des personnes âgées de la CGT Santé et Action sociale. Mais sur la problématique des effectifs, celles des conditions de travail et de la souffrance au travail dans les Ehpad ou les services d'aides aux personnes âgées, il n'y a rien. »

De fait, le rapport préconise la création de 80 000 emplois supplémentaires dans les cinq ans, soit un ratio de 0,76 salariés équivalent temps plein (ETP tous métiers confondus) par résident en Ehpad, alors que l'intersyndicale réclame un professionnel pour un résident ; la CGT demandant même un soignant pour un résident.

« Mais le rapport dit aussi qu'il faudra prévoir de mutualiser ou d'externaliser les cuisines, les services support afin de réduire le personnel administratif, de direction et des services techniques, continue d'expliquer Malika Belarbi. Or, on a besoin de ces fonctions ! Sinon la charge de travail des soignants augmentera car il faudra continuer à aller visser les lits, à faire de l'administratif, etc. »

Des mesures immédiates « en urgence » dès 2019, notamment des créations de postes

Autre point d'achoppement : les échéances. Non seulement dix-huit mois se sont déjà écoulés depuis les mobilisations de janvier 2018 sans qu'aucune amélioration n'ait été constatée dans les établissements et les services d'aide aux personnes âgées, mais rien n'est prévu non plus pour 2019. Le 1er juillet l'intersyndicale et l'AD-PA se mobilisent donc pour revendiquer la création de 40 000 postes dans le secteur « en urgence » dès 2019, soit « 20.000 postes pour les services à domicile et 20.000 pour les Ehpad. » Parmi les autres revendications figurent aussi une véritable évolution professionnelle jusqu'en fin de carrière, la prise en compte de la pénibilité, la revalorisation des salaires, des carrières et des indemnités kilométriques pour les aides à domicile.

Outre les actions qui seront décidées dans les établissements et services, des rassemblements sont prévus devant les douze agences régionales de santé (ARS), ainsi qu'à Paris devant le ministère des Solidarités et de la Santé où une délégation demandera à être reçue.

Un rendez-vous revendicatif, beaucoup plus large, est également prévu en septembre. Entre autres organisations, il devrait être rejoint par celles des retraités de l'intersyndicale, notamment l'Union confédérale des retraités CGT qui, avec la CGT, entend aussi « se mobiliser pour gagner un grand service public de l'autonomie, financé par la sécurité sociale. »