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HÔPITAL

Fin de « blues » aux Bluets ?

18 octobre 2016 | Mise à jour le 12 décembre 2016
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Fin de « blues » aux Bluets ?

À peine remise de la crise d'avril, la maternité des Bluets perd sa certification. Mais pas sa vocation sociale originelle. Pour la direction de l'établissement, le redressement de la situation est bien engagé.

Le 26 septembre, la Haute autorité de santé (HAS) a retiré sa certification à l'hôpital des Bluets. En cause, une formalisation insuffisante des procédures qualité (dysfonctionnements dans l'informatisation des processus administratifs, notamment). Sans impact immédiat sur le fonctionnement de l'établissement, ce retrait de certification pose malgré tout problème : il est un préalable sur lequel l'Agence régionale de santé (ARS) pourrait s'appuyer pour retirer à l'établissement son autorisation de fonctionnement en 2017.

Dans le collimateur des autorités de santé depuis la « crise de gouvernance » de cet été, les Bluets font d'ailleurs l'objet d'une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) – elle sera remise à la mi-octobre – à la demande de la ministre de la Santé.

De crise en crise

C'est une nouvelle épreuve pour la maternité des Bluets qui se remettait à peine d'un épisode de crise aiguë survenu en avril. À cette époque, la direction de l'association Ambroise-Croizat (AAC) – qui gère les Bluets – demande le départ du directeur de l'établissement, Thomas Lauret, en poste depuis seulement sept mois. Du, côté du personnel, c'est l'incompréhension la plus totale ; puis la colère, qui débouche sur un conflit ouvert – un jour de grève le 21 avril – avec la direction de l'association. « Nous étions en profond désaccord avec M. Lauret sur des questions de stratégie et de conception de notre projet de direction associative qui est inscrit dans l'ADN des Bluets », explique Anissa Chibane, la directrice de l'AAC.

Une nouvelle épreuve, après celle de la menace de liquidation judiciaire de 2012, dont les impacts sur la réorganisation du travail ne sont pas digérés, mais qui pourrait bien, paradoxalement, contribuer au redressement de la situation. « Nadia Ghedifa, notre nouvelle directrice, s'est engagée avec nous jusqu'au redressement de la situation. Elle travaille sans relâche avec les équipes pour mettre en œuvre notre plan d'actions et répondre à toutes les exigences de l'HAS, nous avons trois mois pour consolider la situation », assure Anissa Chibane.

À contre-courant

« La crise des Bluets, c'est en réalité celle du secteur sanitaire, en restructuration permanente dans le cadre des politiques d'austérité dans la santé qui visent une médecine normalisée, une industrialisation des processus pour dégager des gains de productivité », explique la directrice.

Autant d'exigences qui entrent en collision frontale avec la philosophie des Bluets : conçue, dès 1947, comme un centre de soins à la pointe du progrès, pour les ouvriers, cette maternité d'exception est labellisée « amie des bébés » par l'OMS. Malgré sa très forte notoriété – plus de 6 000 demandes annuelles pour une capacité de 4 000 – le modèle des Bluets apparaît à contre-courant des politiques de libéralisation de la santé, en contradiction totale avec la logique de la T2A (tarification à l'activité) car, nativement ancré au secteur non lucratif, l'établissement est en plus ouvert à tous.

Autre « tare congénitale », le père fondateur de cette maternité n'est autre que… la CGT de la métallurgie. «Que la CGT fasse la démonstration d'une alternative réussie, à contre-courant des politiques actuelles mais totalement en phase avec les attentes de la population, cela peut déranger, à tel point qu'on nous a même suggéré de vendre. »

Bras de fer

Attaquée autant que convoitée, la « clinique des métallos » va devoir, une fois de plus, relever le défi de sa survie. Le 22 septembre, une délégation de la CGT (direction confédérale, métallurgie Île-de-France, Urif-CGT, USRS, ACC…) s'est mobilisée devant le ministère de la Santé pour demander audience. « Nous avons engagé un bras de fer et franchi une étape : l'ARS devrait revoir ses positions sur la base de notre engagement à répondre aux exigences de l'HAS. » De l'avis de la directrice de l'AAC, il existe donc, à ce stade, des éléments de confiance pour l'avenir des Bluets. Mais la survie de cette maternité d'exception est et restera le résultat d'une lutte permanente, « car nous sommes et resterons à contre-courant ».