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Saisonniers

Incendie de Courchevel : la CGT dénonce les conditions de logement des saisonniers

21 janvier 2019 | Mise à jour le 24 janvier 2019
Par | Photo(s) : Jena-Pierre Clatot / AFP
Incendie de Courchevel : la CGT dénonce les conditions de logement des saisonniers

Deux personnes sont décédées, 21 ont été blessées, dont 4 grièvement et 60 personnes ont dû être relogées suite à l'incendie d'un ancien hôtel abritant des travailleurs saisonniers de la station de ski de Courchevel.

La montagne peut être dangereuse, la précarité sociale, elle, l’est toujours. A Courchevel, un terrible incendie s’est déclaré dans un ancien hôtel abritant des saisonniers. Le bilan est dramatique : deux morts, quatre blessés graves et plus d’une vingtaine d’autres blessés. Antoine Fatiga, responsable CGT pour les saisonniers des Alpes, explique pourquoi, localement, la CGT s’est portée partie civile et revient sur les conditions de vie des saisonniers.

Dimanche 20 janvier à 4H30 du matin, dans la très chic station de ski de Courchevel, un terrible incendie s’est déclaré dans un ancien hôtel abritant des saisonniers. Les causes et l’origine du sinistre sont à ce stade de l’enquête encore indéterminées. Ce qui est sûr c’est que ce bâtiment, qui datait des années 1970, faisait l’objet d’une demande de permis de construire, déposée en décembre en mairie, en vue de sa réhabilitation. Autre certitude : il appartient à l’un des plus gros employeurs de Courchevel qui possède plusieurs hôtels et restaurants haut de gamme.

Hôtel à réhabiliter, responsabilités à rechercher

Courchevel, station huppée, est l’une des plus chic des Alpes. Dans ce terrain de jeu pour touristes fortunés se nichent à quelque 1 850 mètres d’altitude, les meilleures tables étoilées de la région, des palaces en veux-tu, en-voilà, des chalets de luxe et même un altiport. Rien n’est trop beau pour la classe héritière ! Ce luxe ostentatoire jure avec les conditions de vie de la soixantaine de saisonniers qui habitaient dans ce vieil hôtel dont, aux dires du sous-préfet d’Albertville à la presse locale, le dernier contrôle « devait certainement dater » .

Pour Antoine Fatiga, responsable CGT pour les saisonniers des Alpes et responsable national des remontées mécaniques et du service des pistes, toute la vérité devra être faites sur ce drame. « Des saisonniers disent que l’immeuble n’avait ni sonnerie, ni alarme incendie. D’autres prétendent que certains les retiraient pour fumer dans les chambres… Pour connaitre les responsabilités qui ont entrainés la mort de deux saisonniers et a blessés plus de vingt, la CGT locale s’est portée partie civile. Il faut que l’enquête diligenté par le procureur de la République fasse le point sur la totalité des responsabilités de ce drame » .

La problématique du logement

Au-delà de ce mortel incendie, Antoine Fatiga est aussi revenu sur le traitement des saisonniers dans la vie quotidienne. « Ce terrible accident remet sur le devant de la scène la problématique du logement des saisonniers qui n’avance pas. Aujourd’hui, on peut encore loger des salariés dans six mètres carrés » , s’indigne le syndicaliste.

En Savoie, par la bataille syndicale, la CGT a obtenu qu’un accord interprofessionnel fixe les règles d’un habitat décent à 14 mètres carrés pour tous les logements neufs. Une mesure qu’il faudrait généraliser à l’ensemble du parc locatif, le bâti ancien compris.

Le mal logement est un frein à l'emploi des saisonniers en stations

Selon les dires du dernier forum emploi saisonnier, le logement indécent est d’ailleurs la cause première de la désaffection des saisonniers pour le travail en station. « Les gens ne veulent plus bosser en montagne s’il faut payer un marchand de sommeil 300 euros en liquide comme à Tignes, dormir dans un camping-car au risque d’y laisser sa peau comme à La Cluzaz il y a quelques années de cela » .

L’activité ski dégage quelque 7 milliards d’euros rien qu’en Savoie. « Or, si les employeurs veulent conserver une qualité du tourisme de luxe, il faut qu’ils comprennent que ça passe par des conditions sociales de haut niveau pour ceux qui travaillent en montagne, même en saison. »

On en est encore loin. Depuis le début de la saison de ski 2019, sur le territoire français au moins cinq saisonniers sont décédés.