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INDUSTRIE

La CGT Nord fédère autour de l’industrie

28 juin 2018 | Mise à jour le 28 juin 2018
Par | Photo(s) : Bertrand Garnier
La CGT Nord fédère autour de l’industrie

Caravane de la CGT à Saint Amand le 25 juin 2018.

Du 23 mai au 6 juillet, la CGT Nord organise une vingtaine d'initiatives autour de la sidérurgie. Les convergences se créent avec d'autres professions. Le 25 juin, une halte était prévue à Saint-Amand-les-Eaux, où les salariés d'Outinord étaient en grève contre la remise en cause de leurs acquis.

Ascometal et Arcelor Dunkerque, Vallourec Saint-Saulve, Tata Steel Maubeuge, des menaces pèsent sur les 8 000 emplois directs de la sidérurgie du département du Nord, lesquels sont liés aux autres industries ; automobile, ferroviaire, BTP, soit au total quelque 20 000 emplois indirects. Pour sensibiliser la population et les salariés à la défense de l'emploi, faire connaître les projets industriels alternatifs de la CGT, mais aussi pour promouvoir le maintien des droits et conventions collectives ainsi que les services publics, la CGT Nord a pris l'initiative d'un rallye dans le département. À Dunkerque, Douai, Denain, Armentières, Seclin, Tourcoing, Lille, etc., presque chaque jour, depuis le 23 mai, elle organise des rencontres aux portes des entreprises.

Des problèmes transversaux

À Saint-Amand-les-Eaux, la journée débute par une distribution de tracts devant l'hôpital. Corinne, cadre de santé, explique pourquoi elle se joint à une initiative impulsée par la sidérurgie : « Nous avons les mêmes problèmes partout et c'est normal d'avoir un soutien réciproque. Ici, ce qui nous mine, ce sont les restrictions budgétaires et nos conditions de travail qui se dégradent. On sacrifie la relation au patient avec les infirmières qui ne quittent plus leur écran. Nous sommes incités à réduire le temps d'hospitalisation et, de fait, les patients sont hospitalisés dans des phases de plus en plus critiques. Les personnels sont donc épuisés, ce qui génère de l'absentéisme, et ils ne sont pas remplacés… »

Émile Vandeville, secrétaire de l'union locale CGT de Valenciennes, rejoint l'initiative en voisin  : « Aujourd'hui, nous sommes devant l'hôpital de Saint-Amand, mais vendredi dernier, nous avons eu une mobilisation forte au centre hospitalier de Valenciennes. Les salariés d'Onet, chargés du nettoyage, se sont mis en grève. Il y a eu aussi le meeting à la gare qui a vu la convergence des cheminots et des agents de la CPAM actuellement en action, et puis aussi celle des agents de l'EDF et de l'énergie… »

Construire la convergence des luttes

Dominique Ben, secrétaire de l'union départementale CGT 59, explique la genèse de la caravane de l'industrie dans le Nord. « L'idée vient de l'UD. Nous avons appelé ça “caravane” parce que nous traversons les 17 localités avec des voitures et des drapeaux… C'est parti de Dunkerque le 23 mai avec Arcelor, Ascometal, Vallourec et la sidérurgie, mais d'autres professions pourraient nous imiter. La santé pourrait organiser sa propre caravane à la rentrée. Nous avons aussi vu des gens du commerce avec Carrefour, qui envisagent de faire de même. Les convergences de luttes, ça se construit. Le 29 mai, par exemple, à Douai, la caravane a rejoint l'AG de la SNWM (automobile), il y a eu des délégations d’hospitaliers, d’agents des finances, de l'énergie, des salariés de grands garages douaisiens (filiale Renault). On sent du potentiel pour les mobilisations. La preuve, nous la percevons dans les négociations annuelles, les patrons commencent à lâcher dans les négociations sur les salaires, comme chez Chrono Service, à Flers-en-Escrebieux, où les salariés viennent de gagner sur les primes vacances et une enveloppe de 0,2 % de la masse salariale consacrée à l'égalité hommes-femmes… »

Derrière la camionnette rouge de l'UD, haut-parleurs à fond, le cortège CGT traverse Saint-Amand lentement, les habitants passant la tête par la fenêtre sur son passage. Lors de la halte devant l'EHPAD, les salariés font signe de loin. Mais seule Lætitia, qui y travaille, s'est jointe au cortège CGT. « Ici, le mécontentement est fort parce qu'il y a eu une tentative de remise en cause de jours de récupération. La semaine dernière, 42 des 53 salariés ont signé une pétition : marre de perdre nos acquis, marre du blocage de la valeur du point. Même si faire grève n'est pas évident, nous sommes en convergence sur les questions des salaires. »

La convention collective de la métallurgie dans le viseur

Après cet arrêt, une nouvelle étape est prévue chez Outinord. Le cortège redémarre et arrive devant cette entreprise de 240 salariés spécialisée dans le coffrage pour le BTP. Une quarantaine de salariés attendent devant l'usine. La caravane y est fort bien accueillie. Hasard du calendrier, l'établissement vient de se mettre en grève à la suite d'une information diffusée par la maîtrise selon laquelle les salariés qui seraient en arrêt maladie moins d'une semaine se verraient accoler un jour de congé d'office suite à cet arrêt. Et pour plus d'une semaine de congé, le congé d'office serait lui de deux semaines…

Ludovic Bouvier, membre de la direction de la fédération de la métallurgie CGT, est présent sur place et décrypte le sens de cette mesure : « Outinord sait que se négocie actuellement la convention collective de la métallurgie, ils se veulent précurseurs avec la remise en cause des jours de carence maladie… »

Patrick Dufour, délégué CGT de l'entreprise, a la même analyse : « L'information de cette remise en cause n'est pas officielle, mais nous n'avons pas attendu et on a décidé de se mettre en grève tout de suite. Il y a même des gens des bureaux qui nous ont suivis, car ici on a les avantages de la convention nationale, mais aussi celle du bassin. Par exemple, la Saint-Éloi est fériée. Tout cela, il n'est pas question qu'on le remette en cause… »

Devant l'usine, les ouvriers disent leur écœurement face à ces annonces. « C'est de pire en pire, les effectifs diminuent, on nous cherche des fautes pour un rien, on nous empêche d'entrer dans l'usine avec notre sac, notre portable… On nous oblige à travailler de plus en plus mal avec des procédures aberrantes, des outils en mauvais état qui ne sont plus remplacés quand on le demande comme auparavant. Pas étonnant qu'on ait autant de gens malades ; on n'en peut plus… »

L'annonce de la remise en cause des acquis est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase du ras-le-bol généralisé. La caravane CGT tombe ainsi à point nommé pour l'exprimer. Son périple va se poursuivre ces prochains jours. Elle sera ainsi présente le 28 juin chez Vallourec Aulnoy-Aymeries, le 29 juin chez Tata Steel à Maubeuge, le 4 juillet à Cambrai, le 5 juillet à Roubaix et enfin à nouveau à Dunkerque le 6 juillet.