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RÉPRESSION SYNDICALE

La Macif licencie sans motif un syndicaliste élu

4 juin 2018 | Mise à jour le 5 juin 2018
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La Macif licencie sans motif un syndicaliste élu

À peine élu au CHSCT du plateau Macitel de la Macif de Ris-Orangis (Essonne), Florian Chettab a été licencié par la mutuelle « préférée des salariés ». Soutenu par la CGT de la Macif et de l'Essonne, il fait appel à la justice et dénoncé l'absurde management par la terreur.

Recruté en avril 2017 au Macitel (plateau téléphonique du service commercial) de la Macif de Ris-Orangis, Florian Chettab vient d'en être licencié. Motif ? Officiellement, sa hiérarchie lui reproche un comportement d'insubordination. En fait, commente Florian Chettab, « suite à une affaire de harcèlement qui a débouché sur une prétendue enquête interne sur le mal-être au travail, j'ai contesté, ne me sentant pas concerné par des faits antérieurs à mon recrutement, un courrier de “rappel à l'ordre comportemental” qui a été envoyé à 4 des 30 salariés du plateau, dont moi-même ». Florian Chettab a aussi eu l'outrecuidance de solliciter, plus d'une fois, un entretien avec sa hiérarchie et avec la DRH pour « clarifier la situation ». Elles n'ont jamais donné suite à sa demande…

Autre fait troublant : dans le cadre de l'enquête interne sur les faits de harcèlement et leurs effets collatéraux – à savoir un mal-être au travail supposément ressenti par de nombreux employés du plateau téléphonique que la direction de la Macif dit vouloir enrayer – trois élus du CHSCT ont démissionné de leur mandat courant avril. Fort de ses neuf années passées chez SFR où il a assumé divers mandats syndicaux et sollicité par la CGT de la Macif (majoritaire au comité d'entreprise, qui désigne les élus du CHSCT), Florian Chettab se porte candidat au remplacement d'un des démissionnaires du CHSCT. Il est élu officiellement le 2 mai. Et licencié le même jour !

Sitôt élu, sitôt licencié

Quelques jours en amont, alors que sa candidature avait été officialisée par le comité d'entreprise, Florian avait été convoqué par courrier recommandé émis par sa hiérarchie à un entretien préalable à sanction. Courrier qu'il n'a jamais reçu en raison d'une défaillance de La Poste. Mais qu'à cela ne tienne pour sa n+2 qui, le jour de son élection au CHSCT, lui notifie son licenciement sec. « Quand je suis arrivé au travail, ma supérieure hiérarchique m'a demandé de sortir, condition sine qua non pour qu'elle consente à me donner la lettre notifiant les motifs de mon licenciement. »

Ce même jour, 13 des 30 opérateurs du plateau téléphonique se sont mis en grève pour contester le licenciement de leur collègue et les méthodes de leur direction. Ceux-là ont ensuite été convoqués et ont subi diverses pressions d'un autre temps.

Bien conscient de son statut de bouc émissaire d'un management de la terreur tel qu'il a été décrypté par des sociologues du travail (comme Danièle Linhart, dans La comédie humaine du travail), Florian Chettab ne revendique pas sa réintégration à son poste de travail. « Je sais que je vais gagner la bataille juridique du licenciement infondé, mais je sais aussi qu'être réintégré donnerait lieu à de nouvelles représailles, qu'on me poussera à la faute en me harcelant et ça, je n'ai pas envie de le vivre. »

Management par la peur

Soutenu par la CGT, l'UL de Ris-Orangis, l'UD de l'Essonne et le syndicat CGT du Macitel, Florian compte obtenir justice devant les tribunaux. Son objectif est double. d’abord, démontrer à la Macif l'absurdité contreproductive de son management de la peur « Après mon licenciement, les performances du plateau téléphonique ont chuté, chacun venant au travail “la boule au ventre” de crainte qu'il ne lui arrive ce qui m'est arrivé ». Ensuite, et surtout, Florian veut montrer  à ses ex-collègues que, quelles que soient les difficultés, chacun peut décider de travailler pour vivre et non l'inverse, et il entend dénoncer le management par la terreur qui lamine le salarié, qui le dépossède de la maîtrise de son métier et qui, comme le souligne Danièle Linhart, vise à le contrôler et à disqualifier son comportement – son « savoir-être » – supposé « hors des clous ».

Pour le moment, dans cette première manche qui l’oppose à la mutuelle, il paie le prix fort mais compte sur la justice pour faire respecter ses droits de salarié.