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Langage

Le bal des mots dits : la résistance au changement

19 juillet 2017 | Mise à jour le 17 juillet 2017
Par | Photo(s) : Babouse
Le bal des mots dits : la résistance au changement

Depuis le mois de septembre, la NVO ouvre ses colonnes à une tribune mensuelle sur le langage dans le monde du travail. Intitulée « Le bal des mots dits », elle est écrite à plusieurs mains, selon des styles propres à chacun, par un collectif de chercheurs et de syndicalistes CGT, le Groupe Langage, dans le cadre d'une réflexion sur le travail engagée depuis 2008 par la direction de la CGT.

La résistance au changement est vraiment un bien vilain défaut. Dans la presse économique, dans les ouvrages de management, ou dans le discours des cadres supérieurs, il n'est question que de lutter contre cette force obscure qui entrave les plus beaux projets des directions. Le verbe «  résister » vient du latin resistere (qui signifie se tenir en faisant face), lui-même formé à partir de sistere, s'arrêter. Et c'est cette dernière étymologie que nos grands « managers » retiennent, en considérant ceux qui résistent au changement comme des adeptes de l'immobilisme. Car enfin, changer, c'est moderniser, rationaliser, simplifier !

Toutes choses auxquelles seuls des rétrogrades, des obscurantistes, pour tout dire des arriérés, pourraient s'opposer. Le changement étant bon par définition, il ne saurait prêter à discussion. Une fois le changement décidé (par la direction), on a le droit de réfléchir à comment le conduire au mieux (c'est-à-dire au plus vite et au moindre coût financier), mais certainement pas celui de se demander pourquoi ce changement est voulu ni où il nous conduit. D'ailleurs, que cela soit clair, tout doit changer. Pour le plus grand bien de tous. Les techniciens doivent se muter en vendeurs, les patients en clients, les salariés en auto-entrepreneurs, les services publics en entreprises, et le mastodonte Code du travail en petite souris.

Mais tout peut-il vraiment changer ? Peut-on changer des objectifs de production qui conduisent à la dégradation de la qualité des produits ? Peut-on changer une organisation du travail qui détruit la santé des salariés ? Peut-on changer des objectifs de rentabilité financière qui mettent en danger la vie de l'entreprise ? Peut-on changer des politiques qui accroissent la précarité ? Peut-on changer la logique comptable qui met à mal le principe même de service public ? Oui, tout cela peut changer. Non pas à l'aide de méthodes de « conduite du changement », mais par la lutte syndicale, qui permet aux salariés de résister, c'est-à-dire de « se tenir en faisant face ». Dans l'histoire du monde, il y a eu bien des lieux et des époques où résister a permis de sauver les valeurs d'une société, son avenir, et sa capacité de décider démocratiquement des… changements souhaitables. Mais alors, il faut nous attendre, de la part de ceux qui seront nos adversaires, à une très forte… résistance au changement.