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L’ère du rien

9 octobre 2017 | Mise à jour le 9 octobre 2017
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On se croyait fixés. Il y avait, d'un côté, ceux qui réussissent et, de l'autre, ceux qui ne sont rien. Mais pas n'importe quels « riens » puisque que ceux-là en avaient trop. Ils se virent bientôt requalifiés, au choix, en « rentiers cyniques » bénéficiaires d'une pension de retraite de 1 200 euros pour vivre de presque rien, mais c'était déjà trop pour les entreprises accablées de charges.

Ou encore, en « Faits néant » anéantissant les richesses des « Talents » qui, eux, réussissent, surtout lorsqu'on les exonère de charges sociales. Ces « Successful » se seraient d'ailleurs exilés à l'étranger afin de s'éviter l'injustice sociale suprême de contribuer à un système de Sécurité sociale solidaire, sorte de pot commun où chacun, les riens comme les Talents, contribue à la proportion de ses moyens et où chacun, winner ou looser, puise selon ses besoins.

Un tel archaïsme à l'heure du grand bond vers la modernité en marche, voilà qui n'est guère attrayant aux yeux des Talents qu'il s'agit de rapatrier. D'où cette idée, fruit d'un pensum décomplexé, de les libérer de la charge de cotiser à ce pot commun pour en finir avec le principe du financement solidaire et du salaire socialisé qui entravent la compétitivité de l'entreprise…

Les voici enfin soulagés de la part brute du salaire qui est transformée en impôt – la fameuse CSG – que les salariés, comme les retraités, vont devoir assumer. En prime, le salaire net – pas la pension – s'en trouvera revalorisé de quelques euros. Pas sûr que ce « presque rien » suffira à payer son assurance privée qu'on nous vendra à la place de notre bonne vieille « Sécu », sociale, solidaire et intergénérationnelle. Mais quand on n'est rien, il faut se contenter d'avoir peu.