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AFRIQUE

L’intersyndicale du Congo-Kinshasa prépare son avenir

16 mars 2018 | Mise à jour le 16 mars 2018
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L’intersyndicale du Congo-Kinshasa prépare son avenir

Au-delà d'un soutien « politique » attendu à leurs actions en République démocratique du Congo (RDC), cette première visite d'une délégation intersyndicale congolaise à Montreuil a également été l'occasion de rencontres et d'échanges marqués par un désir de collaboration sur des sujets plus syndicaux. Quatrième volet de notre série consacrée à la délégation congolaise.

Réunion en petit comité, lundi 12 mars dans l'après-midi et dans les locaux de la CGT, à Montreuil. Autour de la table, il y a là Alain Delmas, conseiller confédéral Afrique, les membres de l'intersyndicale de la RDC et Frédérique Bartlett, du pôle Formation syndicale. Au menu : la formation des délégués. Question plus qu'importante pour les représentants d'un pays où, avec un taux d'alphabétisation autour de 63 %, « la maitrise des textes qui régissent les relations entre employeurs et travailleurs » n'est pas toujours évidente.

Formation « élitiste » des seuls responsables, manque de moyens financiers pour les autres, vieillissement des formateurs, sans oublier les entreprises où le syndicalisme est interdit, qui refusent de cotiser ou de reverser la quote-part de leurs employés aux caisses de formation ou encore considèrent « le syndicat comme un ennemi »…  les obstacles sont nombreux et le message syndical a du mal à arriver à la base. Résultat : « la qualité du syndicalisme baisse ».

Si la solution semble évidente, « il faut développer la formation », reste à savoir quels contenus mettre en place dans les formations qui pourraient être proposées aux cadres syndicaux et aux travailleurs congolais.

Pas question en effet de faire un copier-coller des différentes modules – et ils sont nombreux – proposées à ses adhérents par la CGT. « Les conditions sur le terrain sont différentes. Il faut donc adapter ces formations pour répondre à leurs besoins réels », prévient Véronique Bartlett. Une adaptation qui, selon elle, ne peut se faire sans une participation active des syndicats locaux. « Il ne faudrait surtout pas tomber dans le piège d'un “colonialisme syndical”. »

Fragmentation syndicale

Le lendemain matin, c'est un autre sujet de préoccupation des délégués congolais qui est à l'ordre du jour. Un sujet plus que sensible : celui de la représentativité. Et pour cause. Au-delà de la plate-forme syndicale regroupant les douze organisations les plus représentatives dont est issu le petit groupe, quelque 500 syndicats sont officiellement enregistrés en RDC. Une multiplicité qui a tout du « désordre total », comme le résume Guy Kuku, le chef de la délégation. « Nous ne pouvons être contre la loi sur la liberté syndicale qui existe dans notre pays, mais comment faire pour “contrôler” cette liberté ? », interroge-t-il. « Cette fragmentation crée un problème d'union et le gouvernement en profite pour faire danser les syndicats comme il veut, y compris les plus représentatifs. » D'autant que des organisations patronales, des « jaunes », largement représentés, ne se privent pas pour rajouter des bâtons dans les roues.

Une difficile question – des syndicalistes qui veulent limiter le nombre de syndicats ! – à laquelle Patrick Varela, conseiller confédéral à l'espace Vie syndicale de la CGT, répond en rappelant qu'il fut aussi un temp, pas si lointain en France, où des syndicats ultra minoritaires signaient des conventions collectives applicables à tous. Les choses ont cependant changé avec la loi sur la réforme de la « démocratie sociale » adoptée en 2008, qui a permis de définir huit critères – nombre d'adhérents et cotisations, transparence financière, indépendance, respect des valeurs républicaines, implantation géographique et professionnelle, ancienneté de deux ans et audience lors des élections dans les entreprises – pour valider, ou non, cette question de la représentativité d'un syndicat.

Des critères de sélection que réclament eux aussi les syndicalistes congolais mais restent, pour l'instant, difficiles à transposer en RDC où les cotisations sont irrégulièrement versées pour cause de pauvreté, l'implantation locale souvent limitée compte tenu de l'étendue du pays – cinq fois la France ! –, et les élections syndicales une abstraction pour beaucoup.