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grand débat national

L’UD CGT du Cher organise avec les Gilets jaunes un débat citoyen

21 février 2019 | Mise à jour le 21 février 2019
Par | Photo(s) : Patrick Chesnet
L’UD CGT du Cher organise avec les Gilets jaunes un débat citoyen

Le grand débat national ? L'UD CGT du Cher a décidé d'y répondre à sa manière. En le remplaçant par des débats citoyens organisés conjointement avec les Gilets jaunes locaux dans différentes villes du département. Et ça marche…

Alors qu'une dizaine de ministres se succédaient, mardi 19 février, sur la plateforme Internet de jeux en ligne Twitch pour un « débathon » censé attirer les jeunes « connectés », c'est à une autre forme de rencontre, plus directe celle-ci, qu'étaient conviés les habitants de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. Appelés à participer « tous ensemble » à un « Vrai débat ».

Une initiative de la CGT locale qui n'en est pas à son premier coup dans ce département. « Dès le début du mouvement des Gilets jaunes, le 17 novembre, nous sommes allés tracter, discuter sur les ronds-points et nous avons fait ainsi évoluer leur perception de la CGT, envers laquelle ils se montraient assez craintifs », explique Sébastien Martineau, secrétaire général de l'UD du Cher. « Quand, après les taxes sur le carburant, ils sont passés aux questions sociales, les relations sont devenues plus faciles. On avait les mêmes revendications. » Du coup, les manifs sont désormais régulièrement multicolores dans le département.

Un débat citoyen où les thèmes ne seraient pas imposés

Quant au grand débat national lancé par Macron fin décembre 2018, l'UD et les Gilets jaunes locaux y répondent là encore ensemble, et à leur manière. « Nous ne participons pas aux débats institutionnels mais avons décidé d'organiser en commun des débats citoyens dans lesquels les thèmes ne seraient pas imposés », précise Sébastien.

Ce soir-là, à 19 h 30, dans la salle de bal de cette petite ville du Cher située à quelques kilomètres du centre géographique de la France, ils sont une soixantaine. Des militants de la CGT, une bonne dizaine de Gilets jaunes, des citoyens, retraités ou actifs, quelques jeunes et « deux élus municipaux ». Après quelques minutes d'hésitation, le micro passe de mains en mains.

Des retraités dénoncent « un pouvoir d'achat en baisse alors qu'on les traite de “nantis” » et « l'injustice fiscale ». D'autres rappellent que, sans eux, « combien d'associations n'existeraient plus ? ». Un Gilet jaune parle « des galères quotidiennes. On travaille toute sa vie et on ne peut pas vivre ». Une femme, plus timide, reconnaît « avoir fait l'autruche pendant 12 ans » avant de « sortir la tête » pour demander un peu d'« utopie », comme « la création d'une assemblée constituée de représentants de différents corps de métiers afin que chacun connaisse la réalité des autres ». On parle aussi de « jeunes qui restent chez papa maman jusqu'à plus d'âges et sont complètement oubliés », d'un « âge de la retraite qui est repoussé alors que l'espérance de vie stagne ». On s'indigne du « mépris des dirigeants pour ceux qui sont dans la merde » ou de « l'échelle des salaires en France », questionne « le capitalisme qui détruit des pans entiers de notre environnement » ou « une Union européenne pour le dumping social et les paradis fiscaux ».

« Il faut un véritable changement de société »

Les camarades rappellent que les « charges sociales » sont en fait des cotisations sociales donc du salaire socialisé et que si celles-ci baissent, « les retraites vont baisser et l'hôpital va fermer, ce qui fera plus de chômeurs » ; qu'il ne faut pas « se tromper de cible », pointant du doigt un gouvernement et des riches qui « nous opposent en permanence parce qu'ils ont peur que leurs victimes se rassemblent » ; qu'au-delà des augmentations de salaire et du maintien des services publics, il faut un véritable « changement de société »…

Après plus de deux heures de discussions, de témoignages, les questions restent nombreuses. Les services publics, plutôt malmenés dans le Cher, avec ses hôpitaux ou maternités fermés ou menacés, ses bureaux de poste, ses classes scolaires qui disparaissent…

Enfin, bien sûr, l'emploi dans le Saint-Amandois, où 90 % des emplois industriels ont disparu depuis les années 1990 et où la fermeture annoncée de la ligne de trains reliant Bourges à Montluçon n'annonce rien de bon pour la ville, située sur son parcours. Les heures s'enchaînent vite. Un vote à main levée, largement majoritaire, tranche : il y aura un nouveau débat citoyen à Saint-Amand-Montrond ! « Dans moins d'un mois », promettent CGT et Gilets jaunes du Cher réunis et convaincus d'une chose : « C'est ensemble que l'on pourra gagner quelque chose ».

Quant à ceux qui ne pourraient attendre, les mêmes leur donnent rendez-vous vendredi 22 février à Bourges (à partir de 19 heures, salle des fêtes de la Chancellerie, rue Louise-Michel). Pour un nouveau « Vrai débat ».