Marcher pour résister
La Marche des fiertés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) a rassemblé des dizaines de milliers de participants à Paris samedi 2 juillet. Dans le long cortège... Lire la suite
En témoigne le rapport publié le 16 mai dernier par SOS Homophobie qui qualifie 2018 d'« année noire ». Depuis 1997, cette organisation publie chaque année un état des lieux basé sur les témoignages de victimes d'injures, d'insultes ou de coups. En 2018, il révèle d'ailleurs une augmentation dramatique des témoignages d'agression physique : + 66 % par rapport à 2017. Un bilan que le rapport annuel attribue aussi à une vague de libération de la parole, dans l'ère post #MeToo, #BalanceTonPorc.
Pourtant, le contexte aurait pu laisser penser que les mauvais vents levés par les groupuscules religieux réactionnaires à l'époque des débats de la loi Taubira en 2013 étaient retombés. Mais cette violence a probablement été nourrie par la médiatisation des débats autour de l'ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. Et les lesbiennes ont été particulièrement ciblées par les manifestations de haine et de violence.
Par ailleurs, la violence, notamment lesbophobe, n'est pas restreinte à la rue. En 2018 et en 2019, la Fondation Jean-Jaurès a – par la voix de son observatoire LGBT + – publié une étude complémentaire au rapport de SOS homophobie et menée par l'Ifop sur l'état des lieux des LGBTphobies (la haine contre les personnes LGBTI) en France. Elle révèle qu'en 2018, 23 % d'entre elles avaient déjà été discriminées sur leur lieu de travail. Et 63 % des salariés ayant témoigné auprès de SOS homophobie ont subi un rejet, des insultes ou des discriminations. Par ailleurs, ces études confirment que l'outing (la révélation de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre d'une personne contre son gré) demeure toujours une crainte.
La discrimination a de multiples visages. En plus des atteintes directes, un environnement de travail dégradé joue aussi sur l'intégration des salariés. Comment évoquer sa famille ou son couple lorsqu'un manager vient avec son pull de la Manif pour tous ou quand un collègue fait profiter tous ceux qui sont présents dans l'open space de ses blagues homophobes ?
Ces menaces parfois latentes ont un impact psychologique et affectent le niveau de bien-être et de sécurité au travail des salariés. C'est donc un enjeu déterminant pour le syndicalisme. La CGT en est consciente. Depuis 1996, elle s'est dotée d'un outil : le collectif confédéral de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, piloté par Alexandra Meynard, membre de la direction confédérale de la CGT.
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