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Mai-juin 68

Mai 68 par ceux qui l’ont vécu : « J’ai pleuré lorsque j’ai rendu 
les clés au patron »

3 mai 2018 | Mise à jour le 27 avril 2018
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Mai 68 par ceux qui l’ont vécu : « J’ai pleuré lorsque j’ai rendu 
les clés au patron »

Chantal Gervais, 24 ans en 1968, ouvrière en confection chez Devanlay et Recoing

« J'étais déjà élue du personnel depuis mes 21 ans [âge de la majorité, NDLR], je vivais en couple sans être mariée, ce qui faisait beaucoup jaser. L'entreprise devait compter environ 300 salariés, mais j'ai connu tellement de plans sociaux par la suite que je ne sais plus très bien. En revanche, les souvenirs de l'usine occupée ne s'effaceront jamais. Dans notre ville de Troyes, les ouvriers des principales entreprises s'étaient concertés pour démarrer la grève en même temps.

Un matin, j'ai exigé du directeur qu'il me confie les clés de l'usine ; nous avons demandé aux cadres qu'ils restent avec nous, nous ne voulions pas rester seules. Comme nous, ils ont fait les trois-huit. On se rassemblait dans la cour, eux dans les bureaux. Les rôles étaient inversés, nous leur ouvrions les portes quand ils voulaient entrer et sortir. L'occupation était très organisée, nous prenions soin des machines, des camarades de l'union départementale faisaient des rondes nocturnes. Nous avons partagé un temps qui ne nous appartenait pas en temps ordinaire. Le boulanger nous ravitaillait gratuitement. Des non-grévistes ont organisé une contre-manifestation pour le droit de travailler. À la reprise du travail, j'ai pleuré lorsque j'ai rendu les clés au patron, je savais que plus jamais je n'éprouverai un tel sentiment de liberté. »

Numéro spécial de la NVOComprendre 1968 – Agir en 2018
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Vendu avec 2 fac-similés de la Vie Ouvrière de l'époque