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Sport

On a tous quelque chose du Tour de France

1 juillet 2016 | Mise à jour le 13 février 2017
Par | Photo(s) : Thierry Nectoux
On a tous quelque chose du Tour de France

Le Tour de France est créé en 1903 par le journal « L'Auto ». Les motivations de son directeur, Henri Desgrange sont moins connues. En concurrence avec un autre magazine sportif « Vélo », il n'arrive cependant pas à faire décoller ses ventes.

À l'époque, si le cyclisme est déjà très populaire, les compétitions n'en sont qu'à leurs balbutiements. La plupart sont organisées par le titre concurrent « Vélo ».

C'est donc de ce côté-là que Lefèvre concentre ses efforts. « Et si on organisait le tour de la France à vélo ? » lance-t-il à Desgrange ? Desgrange le prend pour un fou. Mais devant une courbe des ventes en baisse constante, la « raison » va l'emporter. Le coup de folie de Géo Lefèvre se transforme en coup de génie.

Le Tour de France cycliste est né.

Paradoxe : il est organisé par un magazine spécialisé dans… l'automobile. Reste que la popularité du Tour de France ne se manifeste pas d'emblée. Pas plus que l'embellie escomptée sur des ventes.

Qu'il va bien falloir doper… Pour cela, il faut du spectacle. Déjà !

Alors Lefèvre récidive : en 1905, il fait passer les montagnes aux coureurs. Ce sera le Ballon d'Alsace, en 1910 les Pyrénées et, en 1911, les Alpes. En prenant de la hauteur, le Tour acquiert ses lettres de noblesse. Le public ne se détachera plus de cette épreuve que rien n'a jamais arrêtée sauf les deux guerres mondiales.

Malgré les récurrentes affaires et le dopage qui l'ont fait vaciller et mettre un genou à terre, le Tour de France appartient au patrimoine culturel de notre pays.

ON N'ÉCHAPPE PAS AU TOUR DE FRANCE

Quel que soit l'intérêt qu'on lui porte, qu'on l'aime, qu'on le déteste ou qu'il nous laisse indifférents, on n'échappe pas au Tour de France. C'est ainsi.

Sans lui, le mois de juillet ne serait pas tout à fait le même. C'est qu'on a tous en nous quelque chose du Tour de France. Une image, des sons, des couleurs, des odeurs ou un simple objet jeté par la caravane publicitaire, récupéré et conservé. Comme une relique… Le Tour de France est le seul spectacle sportif de cette ampleur, gratuit et… livré à domicile. Sur le pas de la porte. Entrée, plat et dessert… service compris !

On l'attend des heures, des jours parfois. Puis la clameur monte. Les voilà ! Les coureurs semblent glisser, accompagnés par le sifflement aigu des boyaux et le bruissement harmonieux des chaînes sur le pédalier. Vite, trop vite. Ils sont passés. Un souffle encore, puis le vrombissement des voitures…

C'est fini ! On replie les chaises, les tables et les parasols. On range les restes du pique-nique dans la glacière… Un instant furtif dont on se souvient ensuite toute sa vie. C'est sans doute cela que l'on appelle la magie du Tour !

UNE FÊTE POPULAIRE

« De plaines en forêts, de vallons en collines, au grand soleil d'été qui courbe la Provence, des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche… », sa longue caravane, sonore et multicolore, serpente les routes d'un hexagone à la géographie parfois… débordante !

Mais le Tour de France, c'est aussi le Tour de la France. De cette France populaire, chaleureuse et familiale. Celle qui travaille, qui résiste et qui lutte. Celle qui ne s'en laisse pas conter. Jamais ! Celle qui donne au Tour de France ces belles couleurs de fête. Et ce goût du bonheur éphémère que l'on respire à pleins poumons.

LA VO ET LE TOUR, UNE LONGUE HISTOIRE

Depuis 1947, la Vie ouvrière, devenue la Nouvelle vie ouvrière (NVO), le journal de la CGT, fait partie de cette fête. Sa présence sur cet événement est historique et naturelle.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de journaux entrent dans la clandestinité. Ce fut le cas notamment de la Vie Ouvrière. Une page d'histoire à la fois tragique et glorieuse que raconte Jean-Claude Poitou dans Les VO de la nuit (NDLR).

À la Libération, les dirigeants du journal l'Équipe, qui organisait le Tour avant-guerre, sont soupçonnés de collaboration avec l'occupant. La question de savoir s'ils doivent garder le Tour de France se pose. L'Humanité, alors organe central du Parti communiste français, est pressentie par le tout nouveau Conseil national de la Résistance pour reprendre le flambeau.

Il est même envisagé une organisation tournante du Tour entre les journaux qui ont contribué à la libération du pays. Cette solution s'avéra vite impossible à mettre en œuvre.

Au final, le Tour reste à l'Équipe et repart en 1947. Les titres de presse ayant résisté à l'occupant sont invités gratuitement dans la caravane publicitaire. Ils vendent au public leurs journaux à la poignée.

C'est ce que feront longtemps, l'Humanité, Le Parisien libéré, Libération, la VO et d'autres.

PORTER LA VOIX DE LA CGT

Pour la VO, alors seul titre syndical, la plus-value originale de sa présence militante est de porter les couleurs de la CGT auprès d'un public populaire, chaleureux et familial. Constitué pour l'essentiel d'ouvriers, d'employés et de retraités. De gens qui connaissent l'âpreté et la dureté du travail et qui se reconnaissent dans l'effort fourni par ceux que le journaliste Albert Londres qualifia, en 1924, de « forçats de la route ».

Le même public à qui s'adresse la CGT à l'entreprise et dans les territoires. Un public pour qui le Tour est une fête. Une fête qui passe devant chez lui et qui coïncide avec les congés payés. Un public qui n'imagine pas le mois de juillet sans le Tour de France.

RESTER FIDÈLE À L'ESPRIT DU TOUR

C'est dans ce contexte que depuis toutes ces décennies, le journal de la CGT est toujours invité sur le Tour. Sauf entre 1993 et 1997, où Jean-Claude Killy, alors aux manettes de la Société du Tour de France, décide d'y mettre un terme. Pas philanthrope pour deux sous, le champion…

Ceux qui viennent sur le Tour pour vendre paient un droit d'entrée. Tout schuss en direction des coffres de l'entreprise… Business is business !

Ne pouvant plus vendre de titres dans ces conditions, la VO, comme d'autres, est alors contrainte d'abandonner la course. Et de la reprendre en 1997 à l'invitation de la direction du Tour qui rétablit les conditions antérieures. Ce qui va nous permettre de porter les couleurs du vote CGT aux élections prud'homales dans la caravane de « notre retour ».

Depuis, les véhicules aux couleurs de la NVO et de la CGT vont à la rencontre d'un public estimé à près de 15 millions de personnes. Parallèlement à cette présence dans la caravane publicitaire, de nombreuses UD, UL ou régions traversées par l'épreuve saisissent cette formidable caisse de résonance qu'est le Tour afin de sensibiliser le public et s'exprimer largement sur les problématiques sociales et économiques locales ou nationales.

UN ÉVÉNEMENT FESTIF ET REVENDICATIF

Ces dernières années, ce fut le cas notamment des campagnes menées contre les privations d'EDF, pour la reconnaissance d'un statut pour les saisonniers, pour les salaires, l'emploi, la sauvegarde de la sécurité sociale et des retraites…

Traditionnellement, le Secrétaire général de la CGT est toujours invité par la direction du Tour de France pour suivre une étape. Sûr que cette année, la présence de Philippe Martinez, en phase avec une majorité de l'opinion qui refuse toujours la loi « travail du gouvernement », ne passera pas inaperçue…

Ainsi, au cœur de l'été, l'actualité sociale sera présente sur les routes d'une France encore fortement imprégnée du mouvement revendicatif inédit engagé au printemps dernier. Le passage du Tour de France 2016 devrait être l'occasion d'une autre forme de mobilisation, à la fois originale, festive, chaleureuse et conviviale.

L'équipe de militants CGT présente sur le Tour, comme elle le fait chaque année, va mettre un bon coup de pédale pour le social.

Retrouvez l'interview de Michel Scheidt à France 3 Paris – Île-de-France, pour leur reportage sur la participation des syndicats au Tour de France (à partir de 13 minutes 18) : les syndicats sur le Tour.