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MÉDIAS

Radio France à la peine

29 juin 2015 | Mise à jour le 7 mars 2017
Par | Photo(s) : Patrick Kovarik/AFP
Radio France à la peine

Alors qu’avec les premiers jours de l’été, les grilles des radios, estivales comme automnales, sont bousculées, l’ambiance n’est pas à la fête à Radio France. Plutôt à la tristesse et à l’inquiétude.

C’est l’été sur France Inter. Chouette, la voix douce de Noëlle Breham (1) nous cueille au réveil. Après, ça se gâte, dès l’arrivée de Patrick Cohen: la réclame commence à canarder juste avant le journal. Une banque ose nous faire croire qu’une mention au bac, c’est jouissif, parce que ça rapporte du pognon. Ensuite, les infos. Pour la faire courte: vous saurez que la France ne risque pas la faillite si les Grecs sortaient de la zone euro; que la libéralisation des transports en autocar, c’est super; qu’il va faire 40° et qu’un plan est lancé et – ouf – que le dernier opus de Neil Young, toujours en bataille contre les OGM et le libéralisme, est réussi. Qu’à cela ne tienne, en sortant du journal, on se reprend une rafale publicitaire, pour un courtier en assurance vie, cette fois.

SI RADIO FRANCE ÉTAIT UNE BANQUE

Bref, l’été, c’est pas la joie sur Inter. Comme à Radio France. Il y a bien eu un appel à la grève par la seule CGT, le 25 juin, contre le plan de suppression d'emplois, l'austérité à Radio France et dans les services publics, mais le cœur n’est plus vraiment à la lutte. Comme ce matin où la Maison de la radio devait frétiller de la venue de Bill Gates dans ses murs. Sur ces derniers, plus de banderoles affirmant: «Si Radio France était une banque, elle serait déjà sauvée», au mieux quelques petits autocollants avec un transistor coléreux, bien planqués. La direction veille au grain: «Tout salarié qui endommage (…) des installations mobilières ou immobilières, propriété de la société, peut être tenu responsable des dégâts ou pertes causés, sous réserve de l’interprétation des tribunaux compétents.» Dixit «Texto», sa missive aux personnels. À laquelle la CGT a répondu via un «Texta», titré: «La Maison de la radio: un bien à préserver pour les salariés et pour le service public». On croise un technicien, du genre jovial, qui a mené bataille de bout en bout, mais qui vient à reculons ces temps-ci. La Maison est moins accueillante. Pour y circuler, il faut des badges maintenant, sûrement pour ne pas perturber l’événementiel qui rapporte.

PRÈS DE 16000 CDD

On commente les dernières nouvelles qui viennent de tomber. Les projets d’été comme de rentrée ne font pas vraiment rêver, à quelques exceptions près. Pire, ils font peine quand on vire des grandes voix comme Colette Fellous sur France Culture ou Brigitte Kernel sur Inter, après plus de de 20 ans dans les studios. Il faut dire que la direction de Radio France prend de moins en moins de gants avec son personnel, explosant des records qui en disent long: près de 16000 CDD signés en 2014 (2). Forcément, l’ambiance est un brin maussade. La direction joue aux bulldozers pour mener son plan d’économies, parlant chiffres plus que contenus. Les salariés qui œuvraient pour les émissions disparues s’interrogent pour leur avenir. On leur assure qu’ils seront recasés, sans leur dire où et pour faire quoi. Comme si la richesse des antennes n’avait plus qu’à se noyer dans la nasse financière. Un peu comme une mention au bac.

 

(1) La fée des «Petits bateaux», le dimanche soir dans l’année.