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TRANSPORTS

Les routiers manifesteront à Bruxelles

20 avril 2017 | Mise à jour le 20 avril 2017
Par | Photo(s) : DR
Après la mobilisation de ce 18 avril en France, les routiers sont appelés à se faire entendre à Bruxelles le 26, pour peser sur la réécriture du « paquet routier ». En jeu : l'organisation du temps de travail des routiers, avec des risques graves pour leur santé et pour la sécurité routière. Analyse, avec Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT transports.

« Alors que la Commission, servant le dogme de la libre concurrence, cherche à nous opposer, nous serons ensemble, venus de tous les pays européens, pour manifester à Bruxelles, à l'appel de la Fédération européenne des transports », explique Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT transports. Après la mobilisation nationale du 18 avril, les salariés du transport de l'Europe entière se sont en effet donné rendez-vous le 26 avril à Bruxelles afin de peser sur la réécriture du « paquet routier », c'est-à-dire de la réglementation s'appliquant, au sein des pays de l'Union, au transport de marchandises et de voyageurs.

Trois semaines d'affilée dans leurs camions

« Engagée depuis plusieurs mois, la réécriture de ce règlement européen aurait dû permettre un alignement vers le haut des conditions de travail. Les gouvernements français, allemand et belge ont d'ailleurs pris des dispositions allant dans ce sens en soumettant les routiers internationaux pratiquant le cabotage sur leur territoire aux mêmes normes sociales que les routiers nationaux. À notre grande stupeur, la commission élabore au contraire un “paquet routier” permettant à des chauffeurs de passer trois semaines d'affilée dans leur camion », poursuit le syndicaliste. « De plus, le projet de règlement européen ne s'appliquerait plus aux indépendants. Ainsi, un chauffeur à son compte, même s’il est en fait un salarié déguisé dépendant d'une plate-forme ou d'un gros transporteur via un contrat d'auto-entrepreneur, n'aurait même pas droit aux repos minimaux, pourtant revus à la baisse… C'est un véritable esclavagisme qui se dessine donc. »

Flexibilité au programme

Il faut en effet savoir que le décompte du temps de travail des routiers déroge au Code du travail. Il n'est pas hebdomadaire mais fonctionne sur des moyennes ou des maxima estimés sur une ou deux semaines. Plusieurs temps légaux se conjuguent : le temps de travail (incluant le temps passé sur les sites de chargement), le temps de conduite (avec des pauses régulières obligatoires), le temps de repos pendant une mission (où l'on dort éventuellement dans le camion), l'équivalent du temps de repos hebdomadaire des autres salariés (au moins 45 heures d'affilée sauf exception rattrapée dans les trois semaines, nécessairement au lieu de départ du salarié). Le nouveau projet de règlement joue sur tous ces temps et aggrave considérablement la flexibilité. Il n'aura que peu d'impact sur les chauffeurs conduisant sur de courtes distances mais sera dramatique pour les chauffeurs travaillant à l'international. En effet, le calcul des temps de repos hebdomadaires revu à la baisse et la prise en compte de périodes plus longues autoriseraient les employeurs à imposer à leurs salariés plusieurs semaines de travail consécutives de… cinquante-six heures hebdomadaires !

Manifestation européenne

En allant manifester à Bruxelles contre cette « surenchère libérale », la CGT transports défend les conditions de vie des chauffeurs routiers. Elle défend aussi, comme le note Jérôme Vérité, « la sécurité de tous. La logique austéritaire, en effet, porte directement atteinte à la sécurité routière. Comment imaginer qu'avec de tels temps de travail pour les chauffeurs salariés, avec la disparition quasi totale des normes pour les chauffeurs indépendants, et avec – en outre – la baisse permanente des contrôles faute de fonctionnaires pour les mener, il n'y aura pas de conséquences pour tous les usagers de la route ? ».

C'est donc bien la solidarité des routiers de tous les pays et le sens bien compris de l'intérêt commun qui s'opposeront le 26 avril à la folie ultralibérale.