À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SNCF

« Attaquer la SNCF est un marqueur majeur du gouvernement Macron »

22 mars 2018 | Mise à jour le 22 mars 2018
Par | Photo(s) : Pierrick Villette
« Attaquer la SNCF est un marqueur majeur du gouvernement Macron »

Béranger Cernon, secrétaire général CGT SNCF secteur Paris-Lyon.

Le battage médiatique anti-cheminots va bon train, mais la CGT SNCF prépare la riposte. Explications de Béranger Cernon, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Paris – Gare de Lyon.
Quel est l'état d'esprit des cheminots CGT dans le contexte de réforme du service public ferroviaire ?

Le moral est très bon, et on le doit en partie aux médias pour tous les mensonges caricaturaux qu'ils diffusent sur les cheminots. Nous, on est fiers de nos métiers, et fiers de défendre le service public ferroviaire, qui, pour rappel, appartient à la nation. Face au battage médiatique anti-cheminots, on pouvait s'attendre à une sorte de fatalisme, mais c'est tout le contraire. D'abord, parce qu'on est rodé à ce genre d'attaques ; ensuite, parce qu'on dispose de médias sociaux pour diffuser nos propres contrepoisons, et ça commence à faire bouger l'opinion. Sur la question du statut, par exemple, on assiste à un début de basculement de l'opinion, au point que certains journaux publient des articles un peu critiques sur les enjeux réels de cette réforme et sur la fausse barbe du statut.

Comment allez-vous informer et mobiliser les usagers ?

Au niveau fédéral, on a décidé d'interpeler tous les députés de l'Assemblée nationale dès le 7 mars en leur remettant notre contre-projet. Au niveau local, on décline la même démarche. Ici, à Paris-Lyon, la CGT va interpeller tous les élus du périmètre de la gare, à commencer par Lætitia Avia, d'En Marche ! qui nous a bien marché dessus dans les médias. Puis, on va diffuser des tracts en gare pour informer les usagers de tout ce qui les concerne, y compris le statut SNCF. On travaille déjà avec des associations d'usagers des transports de la ligne D, mais on va en créer une nouvelle, dédiée à la réforme actuelle.

Comment travaillez-vous l'unité avec les autres syndicats de la SNCF ?

On se rencontre régulièrement. Nos relations sont très bonnes, et l'unité tient bon malgré les manœuvres du gouvernement pour nous diviser. On le sait, le public est très demandeur d'unité syndicale. Mais nous, plus encore. Et on y travaille, même si nos analyses ne convergent pas en tous points. Sur l'ouverture à la concurrence, par exemple, que certains syndicats considèrent comme inéluctable, la CGT a un autre point de vue et, surtout, des propositions alternatives très abouties.

Comment éviter le piège du gouvernement qui tente de vous enfermer dans la défense du statut ?

En prenant le contre-pied de cette stratégie, où l'arbre du statut masque la forêt de la privatisation du service public ferroviaire. Cette attaque contre la SNCF est un marqueur majeur du gouvernement Macron. S'il y arrive, c'est toute la pelote des statuts des fonctions publiques qui va être déroulée. Alors, on va expliquer le statut et pourquoi on le défend. On va aussi expliquer la réforme actuelle où les citoyens ont tout à perdre : la sécurité, la qualité, les tarifs. Pour ce faire, on va lancer le n° 2 de notre journal, La Vraie info, consacré à la réforme actuelle qu'on va décrypter, preuves à l'appui et sans langue de bois sur l'état de dégradation actuelle du réseau.

On va expliquer pourquoi il n'y a aucune possibilité de l'améliorer en le privatisant. Et rappeler les cas de l'Angleterre et de l'Allemagne, en situation financière désastreuse parce qu'il est impossible de rentabiliser un réseau ferré et qu'aucun réseau au monde n'est capable de s'autofinancer. On peut en revanche rentabiliser certaines lignes comme celle du TGV Paris-Lyon. Mais cela suppose des financements et la CGT a des solutions à proposer, comme l'écotaxe, par exemple, et bien d'autres. Faute de quoi, le seul moyen d'accroître la productivité passera par la dégradation des conditions sociales, de travail et de santé, à très haut risque pour les usagers.

Les prochaines élections professionnelles à la SNCF influent-elles sur votre stratégie ?

En aucun cas. Nous poursuivons deux objectifs sacrés : la défense des salariés et la sauvegarde du service public ferroviaire. C'est sur ces deux arguments que nous nous présenterons aux élections.