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SNCF

« La Bataille du rail » ou le soutien d'un collectif d'écrivains à la grève des cheminots

19 juin 2018 | Mise à jour le 21 juin 2018
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« La Bataille du rail » ou le soutien d'un collectif d'écrivains à la grève des cheminots

Alors que partout dans la presse s'affichent les chiffres les plus bas depuis le début de la mobilisation, la grève des cheminots peut compter sur le soutien de La Bataille du rail, un livre publié le 7 juin par un collectif d'écrivains mus par un idéal de solidarité, et dont les droits d'auteur seront entièrement reversés aux caisses de grève.

Certains soutiens ont une valeur particulière. C'est le cas de La Bataille du rail, livre publié, le 7 juin, par un collectif d'une trentaine d'écrivains, et dont les droits d'auteur seront réservés aux caisses de grève des cheminots. Cette initiative vient prolonger la cagnotte lancée sur Internet par des intellectuels emmenés par le sociologue Jean-Marc Salmon, dès le 23 mars, et qui avait dépassé le million d'euros début mai. Des gestes qui nuancent les campagnes de communication méprisantes de la direction SNCF ou l'information presque monochrome de la presse dominante selon laquelle le nombre de grévistes s'effondre sans guère d'autres explications que celle d'un petit noyau de bien lotis arcboutés sur leurs privilèges à l'heure du grand ménage macronien.

Au risque d'être taxés de passéistes, plusieurs écrivains ont pris leur plume afin de dire leur soutien à ce mouvement qui a dépassé les 32 jours –  le plus long, de fait, de l'histoire de la SNCF. Il s'agit évidemment de recueillir de l'argent pour aider les grévistes à tenir sur la durée, au moment où l'inévitable manque à gagner « pèse sur les personnels et les familles de cheminots », comme le rappelait Laurent Brun, secrétaire général des cheminots CGT lors de l'annonce du plébiscite de la vot’action, fin mai. Alors qu'une minorité d'environ 10 % observe encore la grève comme une poignée de résistants, ce livre, dont le titre fait directement référence au film de René Clément (1946) qui retraçait la résistance des cheminots français pendant la Seconde Guerre mondiale, impose un autre imaginaire, une autre image de cette lutte souvent raillée.

Aux côtés des grandes signatures reconnues comme Annie Ernaux, (maintes fois primée), Laurent Binet (Goncourt du Premier roman), Geneviève Brisac, (prix Femina), figurent l'auteur de BD Jacques Tardi qui a réalisé la couverture de l'ouvrage, ou d'autres comme François Morel, Guillaume Meurice et les auteurs de polar, Didier Daeninckx et Patrick Bard.  Au-delà de la qualité et de la diversité des textes, que nous évoquerons dans une prochaine critique littéraire, ce livre est un geste de solidarité financière et culturelle, qui cherche aussi, au milieu d'une âpre bataille d'opinion, à construire un imaginaire à contrecourant.

« Les cheminots sont montés en première ligne pour rendre pleinement à la SNCF son caractère de service public, écrit le sociologue, Jean-Marc Salmon, dans la préface du livre. Le mouvement des cheminots donnera-t-il un coup d'arrêt aux assauts contre les espaces sociaux libérés des contraintes du profit ? »