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BRÉSIL

Un néofasciste au pouvoir

31 octobre 2018 | Mise à jour le 31 octobre 2018
Par | Photo(s) : Daniel RAMALHO / AFP
Un néofasciste au pouvoir

Au soir de l'élection de Jair Bolsonaro, le chagrin et l'inquiétude des soutiens du candidat de Fernando Haddad

Jair Bolsonaro, candidat de l'extrême droite a été élu ce dimanche à la présidentielle du Brésil avec 55,3% des voix. Avec un discours néo-fascisant et un programme ultralibéral, les perspectives pour le pays et les conséquences dans le monde sont très inquiétantes.
« L'erreur a été de torturer et de ne pas tuer », telle est la vision revendiquée par Jail Bolsonaro de la dictature militaire qu'a connu son pays entre 1964 et 1985. Qu'attendre d'un personnage capable de telles déclarations ? Adepte de tous les dérapages et de toutes les outrances verbales à l'encontre des minorités, de l'opposition, des syndicalistes, c'est donc cet ex-officier subalterne démagogue et haineux qui a été élu dimanche.
Une journée à marquer d'une pierre noire dans l'histoire du Brésil. Bolsonaro devance le candidat du PT (gauche) Fernando Haddad avec 55,3% des voix. Cet été, pourtant, le Comité des droits de l'Homme de  l'ONU plaidait encore pour autoriser l'ancien président Lula, emprisonné arbitrairement pour 12 ans, à se présenter à l'élection présidentielle. Les sondages de cette période donnaient alors à Lula une confortable avance, à près de 20 points, devant Bolsonaro. Les pressions internationales de toutes parts, dont celles du mouvement syndical mondial, n'ont cependant pas suffi à permettre cette candidature. Le remplaçant de Lula, Fernando Haddad, qui ne dispose pas de la même notoriété, n'a pu tenir face à une violente campagne médiatique de désinformation.

Soutien des forces du capital

Soutenu par les forces du capital et se nourrissant de la désespérance du peuple, Bolsonaro fait planer le risque d'une déstabilisation en profondeur du pays le plus important de l'Amérique latine. Un tel séisme a nécessairement un impact mondial. Au lendemain de cette élection, le bureau confédéral de la CGT déplore dans un communiqué : « le Brésil s'abandonne au fascisme » .

Un programme ultra autoritaire et ultralibéral

« Le bond des marchés financiers lors de ce scrutin démontre, s'il en est besoin, que le monde des affaires se satisfait d'un tel président. Il promet de privatiser à grande échelle, de réduire les dépenses publiques, de transformer le système de retraite, d'assouplir le « marché » du travail… rien de bon pour le monde du travail ! » ,  affirme encore la CGT. Une autre attaque, à laquelle il faut malheureusement s'attendre, porte aussi sur les institutions démocratiques et la séparation des pouvoirs. C'est ce qu'expliquait la semaine dernière dans nos colonnes Valter Sanches, secrétaire général d'IndustriAll global Union :  » lui (Bolsonaro, NDLR) et ses soutiens menacent réellement l'ordre démocratique, la Cour suprême, l'opposition, les syndicats, les mouvements sociaux… » .

Entrée en résistance

« Une partie importante du peuple brésilien exige d'être respectée. D'ici quatre ans, il y aura une nouvelle élection. Il faudra protéger les institutions et nous n'arrêterons pas d'exercer notre citoyenneté » , déclare Fernando Haddad à l'issue du scrutin. Le syndicat CUT appelle de son côté à « l'unité des forces démocratiques populaires » .

La  situation du peuple brésilien nécessitera certainement une solidarité au niveau international. La CGT ne manquera pas à l'appel au vu de ses déclarations : « La CGT exprime toute sa solidarité aux travailleurs-euses, aux syndicalistes et aux forces de progrès du Brésil et à tous ceux, porteurs d'une société fraternelle, plus juste et émancipatrice. Ils vont devoir résister et combattre dans ce contexte politique et social particulièrement inquiétant. »

Pour autant, si le Brésil est aujourd'hui source d'inquiétude, la situation n'est pas uniforme sur ce continent. Au Mexique, autre poids lourd d'Amérique latine, la démocratie emprunte aujourd'hui une toute autre direction. L'élection du président Obrador a ainsi conduit le pays à signer tout récemment la convention de l'OIT qui garantit le droit de se syndiquer librement.

Lire le communiqué de soutien du Syndicat national des journaliste CGT

Élection présidentielle au Brésil : « C'est une bataille entre la barbarie et la civilisation »