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Si on veut garder demain le droit de manifester, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent aussi s’opposer aux casseurs et ne soient pas complices. ”

Gérard Collomb - Ministre de l’Intérieur
29 mai 2018 | Mise à jour le 29 mai 2018
Par | Rédactrice en chef adjointe de la NVO
Difficile de méconnaître la loi de la République et d'être ministre de l'Intérieur.  Pourtant, samedi 26 mai, sur BFM-TV, en provoquant les manifestants et en menaçant les futurs défilés, Gérard Collomb n'a pas hésité à négliger les lois de notre pays. Voilà sa phrase exacte :
Si on veut garder demain le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent aussi s'opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être – d'un certain point de vue – complices de ce qui se passe.

La première concerne le droit de manifester pacifiquement. Un droit constitutionnel en France, bafoué dans d'autres pays plus connus pour leur caractère dictatorial. Certes le ministre reconnaît que manifester est une liberté fondamentale, mais prétend la conditionner. Il est vrai que son prédécesseur avait déjà tenté de limiter ce droit et utilisé la police pour « ennasser » les manifestations, en particulier syndicales, contre la réforme du droit du travail… Il est vrai aussi que le gouvernement dont Gérard Collomb se veut le numéro deux témoigne de quelques difficultés à respecter la démocratie : pour faire adopter les réformes de sa contre-révolution néolibérale, il entend transformer les négociations avec les organisations syndicales en simple rencontres sur les modalités de leur mise en oeuvre ; et il souhaite aussi réduire le droit d'intervention et d'amendements de la représentation nationale…

La seconde concerne le rôle des forces de l'ordre et les responsabilités des citoyennes et des citoyens.  Or c'est bel et bien aux premières qu'il revient en France d'assurer la sécurité et non à qui que ce soit d'autre de se substituer à l'Etat en la matière. En matière de petites phrases censées lui permettre de faire le buzz, le premier flic de France a donc la gâchette facile.

Faire peur, jouer des amalgames les plus éculés… difficile de voir dans de telles pratiques le moindre signe de modernité. Pas plus que dans son obsession anti-migrants ou dans l'usage sans retenue du « délit de solidarité ». Allons, allons, Gérard Collomb, sans même parler de justice, ni de liberté, d'égalité et de fraternité, il serait temps de comprendre qu'en démocratie, même un ministre de l'Intérieur ne peut violer la loi.