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ÉNERGIE

33 recommandations pour la sûreté et la sécurité nucléaires, et après ?

11 juillet 2018 | Mise à jour le 11 juillet 2018
Par | Photo(s) : Flickr/jjjdeboer
33 recommandations pour la sûreté et la sécurité nucléaires, et après ?

Centrale Nucleaire de Cruas-Meysse, le 20 mai 2017

Le rapport parlementaire sur la sûreté des centrales nucléaire rendu public jeudi 5 juillet préconise plus de contrôle démocratique, plus de transparence, un échéancier de démantèlement des réacteurs et des centrales en fin de vie. Attentive à la réalisation effective de ces préconisations, la FNME-CGT, mobilisée depuis 20 ans sur ces sujets, pose aussi la question des conditions de travail des agents EDF et des salariés de la sous-traitance.

Au terme de cinq mois de travaux, la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité de nos installations nucléaires a remis son rapport au président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, jeudi 5 juillet. Présenté par la députée LREM Barbara Pompili, le rapport « pèse » 276 pages, auxquelles s'ajoutent 681 pages de retranscription des auditions de 90 acteurs (ONG antinucléaires, association de défense de la filière, opérateurs tels EDF et Orano, ex-Areva, l'Autorité de sûreté nucléaire ASN, des syndicats de salariés, la Cour des comptes, les ministres de l'Intérieur – Gérard Collomb – et de la Transition écologique et solidaire – Nicolas Hulot).

Superman dans la centrale

Près de 1000 pages pour dire les maux qui menacent la filière du nucléaire civile et la sûreté-sécurité des humains et de leur environnement. Sont pointés, notamment, les risques d'accident industriel multifactoriel (vétusté des centrales et des réacteurs, déficit de contrôle à divers niveaux, opacité de l'information des opérateurs retranchés derrière le « secret défense », etc.), mais aussi, désormais, les risques « terrorisme » et « actes de malveillance ». Ces travaux parlementaires, qui font suite à la catastrophe de Fukushima, prennent aussi en compte les multiples intrusions de militants de Greenpeace sur des sites d'EDF pour dénoncer le « risque nucléaire ». D'ailleurs, le jour de la publication du rapport parlementaire, l'ONG Greenpeace offrait l'énième démonstration de ces risques en introduisant un drone en carton-pâte à l'effigie de Superman au sein d'une centrale lyonnaise, sans rencontrer le moindre obstacle.

Des vulnérabilités certaines

Ce risque nucléaire est aujourd'hui officiellement reconnu par la commission parlementaire présidée par Paul Christophe (UDI-Agir) et des 33 recommandations tirées de son rapport. Selon le document, il convient de renforcer du rôle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), envisager d'autres modes de stockage des déchets, mettre plus de gendarmes dans les centrales, publier un programme prévisionnel des réacteurs à démanteler et, enfin, contenir le niveau de la sous-traitance dans le secteur en favorisant la réintégration des compétences au sein des entreprises exploitantes (EDF) afin de mieux maîtriser la conduite des sites.

Bref, autant de pistes de réflexion « qui ne manqueront pas d'alimenter les travaux de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) », a précisé Paul Christophe le 5 juillet. Et ce, au moment où la France, qui veut réduire sa dépendance à l'atome, élabore sa feuille de route énergétique pour les années 2019-2023 et 2024-2028. Fruit de nombreuses visites de sites nucléaires français, qui en compte une vingtaine – et jusqu'à celui de Fukushima au Japon – ce rapport souligne les « vulnérabilités certaines » de projets très contestés par les antinucléaires, à l'instar de Cigéo, projet d'enfouissement en profondeur des déchets nucléaires à Bure (Meuse) et préconise des solutions alternatives comme l'entreposage de longue durée en subsurface.

Un statut de l'énergéticien pour tous les salariés de la filière

Auditionnée, au même titre que l'ensemble des organisations syndicales implantées dans la filière du nucléaire, la FNME-CGT a mis en avant ses propositions pour « remédier résolument à la situation du secteur » qu'elle juge préoccupante. Elle insiste, en particulier, sur la nécessité de disposer de mécanismes de sûreté et de contrôle élevés, d'une part, mais aussi de conditions de travail pour tous les travailleurs – agents comme sous-traitants – permettant d'exercer leur métier dans de bonnes conditions. En phase avec les préconisations issues du rapport, la FNME-CGT a rappelé ses principaux axes revendicatifs concernant cette filière industrielle, notamment la maîtrise publique du secteur, la déconnexion de critères financiers de rentabilité sur du court terme afin de répondre aux obligations inhérentes au service public de l'électricité, le retour et la consolidation du modèle d'entreprise intégrée qui facilite la maîtrise des sites et permet d'assurer la maintien et la transmission des compétences qui s'acquièrent sur le long terme.

Dénonçant les politiques sociales menées depuis des décennies par les opérateurs, qui ont conduit à l'explosion du dumping social via la sous-traitance et à un accroissement significatif de la précarité des travailleurs et partant, des risques santé et environnement, la CGT revendique un socle social de haut niveau via un statut de l'énergéticien pour tous les salariés la filière. Rappelant que depuis vingt ans elle a multiplié les alertes au sujet des questions de maîtrise des compétences par l'emploi en interne chez les donneurs d'ordres, comme au sujet des garanties sociales des salariés prestataires, la CGT assure qu'elle veillera à la mise en œuvre effective des préconisations du rapport. Elle y sera d'autant plus attentive dans un contexte où le risque de démantèlement de l'opérateur historique EDF alimente la spéculation financière des banques d'affaires. Autant de facteurs qui contribuent à aggraver un climat anxiogène parmi les salariés du secteur.