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Bourse du travail

À Saint-Ouen, murer la bourse du travail pour mieux expulser

30 janvier 2018 | Mise à jour le 31 janvier 2018
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
À Saint-Ouen, murer la bourse du travail pour mieux expulser

Occupation de la grande salle de la Bourse du travail de Saint-Ouen 93 menacée de destruction pour un projet de Vinci immobilier. Le 31 janvier 2018

Depuis lundi 29 janvier, un collectif de syndicalistes, de salariés actifs ou retraités et de citoyens occupe jour et nuit la salle Ambroise-Croizat de la bourse du travail de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont le maire entend expulser les syndicats.

L'initiative, lancée par la CGT locale, fait suite à la soudaine décision du maire de Saint-Ouen, William Delannoy (UDI), de faire murer la salle qu'utilisent notamment la CGT et la CFDT pour les en expulser, sans leur proposer aucune solution alternative. Dotée d'une surface de 150 m2, cette salle dite « des assemblées » est historiquement dédiée à l'accueil d'assemblées générales de salariés, stages de formation de syndiqués, journées d'étude, conférences-débats, colloques, etc. Elle est donc indispensable aux syndicats de la bourse comme aux Audoniens qui participent à ces activités.

Qu'à cela ne tienne, pour le maire Delannoy, qui s'était pourtant engagé auprès des deux organisations syndicales à leur proposer de nouveaux locaux. « Nous étions en discussion depuis le mois de septembre quand, jeudi 25 janvier, nous avons reçu un courrier nous informant de ce projet de murer la salle Ambroise-Croizat, et nous intimant de quitter les lieux avant travaux », explique Bruno Beylat, secrétaire général de l'UL-CGT Saint-Ouen.

Une assemblée se réunit dès le vendredi matin à l'appel des syndicats dans la fameuse salle. À la majorité des participants, décision est prise d'occuper les lieux jusqu'à ce que le maire propose un relogement.

Cas d'école : un grand remplacement

Il faut dire que l'édile n'en est pas à son premier coup de force en la matière – à des fins de spéculation immobilière, notamment. Après avoir privé diverses associations, telles que Mains d'Œuvres ou encore L'atelier scientifique, de leurs locaux, le maire a fait main-basse sur l'office public de l'habitat (OPH) de Saint-Ouen. Privatisé, le parc de 5 800 logements sociaux, patrimoine public de la ville, a été transféré à la société d'économie mixte SEMISO en octobre 2017. Les recours en justice pour détournement de fonds publics ont bien été engagés, « mais tout cela va prendre du temps », se désole le responsable CGT.

Même démarche s'agissant de la salle Ambroise-Croizat. « Nous n'occupions que 150 des 1 500 m2 promis à un promoteur immobilier pour la construction d'un parc de logements spéculatifs en vue des JO de 2024 », précise Bruno Beylat, qui dénonce un projet de remplacement de la population audonienne, en particulier des catégories les plus fragiles, par des habitants plus aisés.

« Avec les JO, dont les structures d'hébergement des sportifs seront majoritairement créées au sein de la commune, Saint-Ouen devient “The place to be, the place to have”. » Bref, une manne financière pour les promoteurs. Soutenus par des élus (PCF) du conseil municipal de Saint-Ouen, ainsi que par diverses unions locales CGT de la Seine-Saint-Denis qui se relaieront jour et nuit dans la salle Ambroise-Croizat, les occupants ont annoncé au maire qu'ils ne quitteront les lieux qu'avec, en mains, les clés d'un autre lieu idoine pour leurs activités syndicales. La balle est dans le camp du maire.