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LIBRE-ÉCHANGE

Accord JEFTA, Japon et Union européenne : l’accord commercial 
de tous les dangers

25 février 2019 | Mise à jour le 25 février 2019
Par | Photo(s) : Fotolia/Eisenhans
Accord JEFTA, Japon et Union européenne : l’accord commercial 
de tous les dangers

Depuis le 1er février, l'Union européenne s'est élargie. Au Japon et ses 127 millions d'habitants ! Cela par la grâce d'un accord signé à Tokyo le 17 juillet 2018 entre le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, celui du Conseil européen, Donald Tusk, et ratifié à une large majorité par le Parlement européen le 12 décembre dernier.

Cet accord de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne (Jefta) – « extrêmement ambitieux » selon Jean-Claude Juncker – devrait « stimuler les économies européenne et japonaise [dans] un commerce ouvert… où chacune des parties prenantes est gagnante ».

Concrètement, le Jefta se traduit notamment par la suppression de la quasi-totalité des droits de douane pour les entreprises européennes exportant vers le Japon et réciproquement, la protection des appellations d'origine contrôlée pour quelque 200 produits agricoles, l'ouverture du marché des services, en particulier financiers, le commerce électronique, les télécommunications ou les transports. De quoi développer les exportations agro­alimentaires européennes vers le Japon et ouvrir en contrepartie le marché européen aux véhicules made in Japan.

Menace sur l'industrie française ?

« On n'a pas grand-chose à proposer », relativise Sylvain Goldstein, responsable Asie-Pacifique ainsi que des questions économiques internationales à la CGT. « Du champagne, des vins et des fromages, mais on ne peut pas surmultiplier la production. Des articles de mode aussi, à condition que la french fashion [mode française, NDLR] ne soit pas faite au Bangladesh. Éventuellement du nucléaire, domaine où les entreprises françaises ont bonne réputation, et des touristes japonais qui vont peut-être revenir… » Et de prévenir : « Avec des produits high-tech [en provenance du Japon, NDLR] nettement plus compétitifs, le peu d'industries électroniques ou informatiques existant encore va souffrir. » Quant au fleuron de l'industrie hexagonale, l'industrie automobile, il est tout aussi menacé. « On va voir arriver des voitures japonaises de meilleure qualité, avec de meilleures finitions, vendues moins cher. Les constructeurs français vont devoir faire un gros effort de qualité sans augmenter les prix, c'est-à-dire en rognant sur leurs marges. En sont-ils capables ? »

Les consommateurs oubliés

Conventions OITLe Japon n'a toujours pas ratifié les conventions 105 (sur l'abolition du travail forcé) et 111 (qui concerne la discrimination en matière d'emploi et de profession) de l'Organisation internationale du travail.

D'autres questions perturbent le syndicaliste. Comme celle de l'opacité dans laquelle s'est fait cet accord, en Europe comme au Japon. « Les négociations d'accords de libre-échange relèvent du secret alors que, dans le cadre du pilier social européen et du fonctionnement de l'Europe, les organisations syndicales sont censées être informées. Ces accords concernent aussi les travailleurs et les consommateurs », déplore Sylvain Goldstein, qui regrette également que l'Europe ait signé un traité avec un pays qui « n'a pas ratifié deux des huit conventions fondamentales de l'OIT».

Le manque de recettes pour les États, consécutif à la suppression des droits de douane, devra être compensé. Si l'on ajoute à cela des consommateurs complètement oubliés, qui risquent de se retrouver avec des produits alimentaires japonais contenant des OGM, voire des éléments radioactifs, et une protection des données informatiques insuffisamment garantie, on comprend que la CGT et la Zenroren, la Confédération nationale des syndicats japonais, aient depuis le début dénoncé un texte qualifié de « danger pour l'avenir ».