À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
LIBERTÉS

Acte XXIII des Gilets jaunes : la police violente et arrête des journalistes

24 avril 2019 | Mise à jour le 26 février 2020
Par | Photo(s) : Zakaria Abdelkafi/AFP
Acte XXIII des Gilets jaunes : la police violente et arrête des journalistes

Des gendarmes mobiles arrêtent Gaspard Glanz, journaliste reporter d'images, place de la République, samedi 20 avril 2019. Il venait couvrir les manifestations des Gilets jaunes pour leur 23e samedi.

Lors des manifestations des gilets jaunes du 20 avril 2019, plusieurs journalistes ont été pris pour cible par la police. L'un d'entre eux, Gaspard Glanz a été arrêté et est poursuivi pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences » : une atteinte à la liberté d'informer.

Les images sont visibles sur YouTube. L'arrestation du journaliste Gaspard Glanz, qui couvrait la manifestation parisienne des gilets jaunes du samedi 20 avril 2019 a scandalisé la profession. Les faits sont assez simples à relater. Sur la place de la République, le journaliste se plaint qu'il vient d'être visé sciemment par une grenade de désencerclement.

Il cherche à en référer auprès du commissaire de police et reçoit en réponse une bousculade. Le journaliste fait alors un doigt d'honneur à l'intention des forces de l'ordre tout en s'éloignant. Mais rattrapé, mis à terre sans ménagement et les mains entravées par un collier serre-câbles, il écope de 48 heures d'une garde à vue au terme de laquelle il se voit notifié une convocation au tribunal de Paris le 18 octobre 2019.

Il devra s'y rendre pour répondre de deux procédures à son encontre, la première pour « outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique », et la seconde pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations ».

Une atteinte à la liberté d'informer

Si l'outrage peut encore trouver un début de justification, l'inculpation pour « délit de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations » relève d'une dérive répressive manifeste, d'autant qu'un autre journaliste, Alexis Kraland a lui aussi été arrêté dans des conditions similaires lors de la manifestation du 20 avril 2019.

Les syndicats de journalistes ne s'y sont pas trompés et ont immédiatement exigé la libération de leurs deux confrères. « Plusieurs reporteurs-photographes, cameramen, techniciens parfaitement identifiables ont été pris pour cible par les forces de police, lors de l'acte 23 des Gilets jaunes…, c'est la liberté de la presse, le libre exercice du métier de journaliste, et plus globalement la démocratie qui sont mises en cause » explique la CFDT journalistes.

Même constat de la part de Reporters sans frontières et du SNJ qui se demande si « certains journalistes ne sont pas ciblés. » De son côté, le SNJ CGT estime que « le pouvoir cherche à intimider les journalistes en les empêchant d'informer les citoyens de ce pays…. » Et le SNJ-CGT de demander une nouvelle fois à Christophe Castaner « de respecter la liberté de la presse et des journalistes. »

D'autres journalistes victimes de violences policières le 20 avril 2019

L'AFP rapporte que lors de l'acte 23 des gilets jaunes à Paris, une vidéaste de l'agence a reçu une grenade de désencerclement qui lui a enflammé une chaussure. Par ailleurs, un de ses photographes a reçu une grenade lacrymogène dans les jambes et un coup lui aurait été porté par un policier « hors action ». L'AFP signale aussi que deux journalistes relevant d'autres médias ont été touchés par des grenades de désencerclement le même jour à Toulouse.

La marque d'un régime autoritaire

Le 26 février 2019, le Conseil de l'Europe appelait la France à suspendre l'usage des LBD dans les opérations de maintien de l'ordre. En vain. En date du 4 avril 2019, le Conseil constitutionnel censurait l'article 3 de la loi dite « anticasseurs » portée par le gouvernement.

Cet article 3 permettait d'interdire à une personne de manifester sur la base de simples suspicions. Selon la CGT, c'est toutefois l'ensemble de cette loi liberticide qui aurait dû être censuré. On constate toutefois que dans l'attente de son jugement, Gaspard Glanz est interdit de participer aux manifestations du samedi et à celle du 1er mai 2019.

Droit de manifester et maintenant droit d'informer, décidément ce gouvernement joue à un jeu bien dangereux en persistant à ignorer les avertissements qui lui viennent de tout le spectre du système démocratique.