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DROIT DU TRAVAIL

Centenaire de l’OIT : manifestation syndicale le 17 juin à Genève

5 juin 2019 | Mise à jour le 5 juin 2019
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Le 17 juin aura lieu à Genève une manifestation syndicale internationale à l'occasion du centenaire de l'OIT. Impulsée, entre autres, par la CGT, cette initiative est une première pour la confédération syndicale internationale qui organise cet évènement. Entretien avec Jean-Baptiste Callebout et Pierre Coutaz, conseillers confédéraux à l'espace Europe Inter de la CGT.

Où et à quelle heure ? Le point de rendez-vous de la manifestation est fixé à 12 h à Genève, au parc Mont-Repos en bordure du lac. Le départ du cortège est prévu à 12 h 30 et la durée du parcours sera d'une heure environ pour aboutir à la place des Nations en face du bâtiment des Nations Unies, dit également place de la chaise cassée.

Le carré de tête sera occupé par les organisations internationales, les secrétaires généraux et les délégués présents lors de la conférence.

Pour quelles raisons la Confédération Syndicale Internationale organise-telle une mobilisation à l'occasion du centenaire de l'OIT ?

Pierre Coutaz : Il s'agit de répondre de répondre à l'urgence sociale qui s'exprime à l'échelle mondiale. Cette urgence est d'autant plus criante que, cent ans après sa création, les raisons qui ont présidé à la mise en place de l'OIT existent toujours, et même de façon plus aiguë. La moitié de la population mondiale n'a toujours pas accès à une protection sociale digne de ce nom, un travailleur sur deux n'a pas de contrat de travail, il y a 21 millions d'esclaves dans le monde et 160 millions d'enfants au travail…

Tout cela est d'autant plus révoltant que depuis six ans, l'OIT est entravée dans son fonctionnement par une offensive de plus en plus caricaturale des employeurs. Pour eux, une bonne OIT est une OIT qui n'empêche pas ce que l'on appelle le « business as usual », c'est-à-dire une OIT sans règles et sans contrôle d'application des normes qui sont pourtant les deux missions fondamentales de l'Organisation.

Jean-Baptiste Callebout : La genèse de cette manifestation est à mettre très largement au crédit de la CGT. La décision d'organiser cette mobilisation a été prise sous la forme d'un amendement déposé au congrès de la CSI à Copenhague en décembre dernier. Si la confédération syndicale européenne a pu être à l'origine de diverses euro-manifestations, il est à souligner que du côté de la CSI, cette manifestation est une première historique.

Vous évoquez les offensives patronales qui s'exercent contre l'OIT, quelles formes prennent-elles ?

PC : Pendant longtemps, jusqu'à la fin du modèle soviétique, l'OIT a été l'exposition des vitrines sociales des blocs, c'était le lieu où l'Ouest et l'Est se confrontaient sur leurs modèles sociaux, il fallait donner le change et les choses prenaient un tour plutôt favorable en direction des travailleurs. Ils étaient enclins à négocier des normes…

Mais la dernière adoptée (relative aux travailleurs domestiques, NDLR), date de 2011 ! Cette année, une nouvelle convention est en cours de négociation, elle concerne les violences et le harcèlement sur le lieu de travail, et principalement celles dont peuvent être victimes les femmes.

Le camp patronal tente d'en prendre le contrepied avec beaucoup de virulence. Cette année, il ose même aller jusqu'à dire que les employeurs eux — mêmes sont victimes d'une violence extrême du fait du droit de grève ! Ce qui compte beaucoup à l'OIT, c'est tout le corpus des normes qui a été établi en matière de liberté syndicale, de liberté d'association et de droit de grève et c'est bien cela qui est ciblé par les employeurs.

JBC : De plus en plus d'employeurs en disent en effet harcelés par les syndicalistes, on le voit même à des échelles locales comme les UL… Au-delà de ce constat, l'on voit aussi que les organisations syndicales sont de plus en plus inquiètes sur la tournure que prend la négociation collective, en proie à de réelles attaques partout dans le monde.

Cela dit, cela peut aussi se transformer en opportunité pour nous : nombre de confédérations nord-européennes qui négociaient beaucoup dans le consensus font le constat que cette époque est révolue pour elles aussi… et qu'il va falloir passer à autre chose, à d'autres modes d'actions. Avoir obtenu que la CSI organise une manifestation participe sans doute de ce changement d'état d'esprit…

Qui participera à la manifestation ?

PC : Il y aura principalement des Suisses, des délégations de pays limitrophes comme l'Italie mais des délégués issus des 187 pays représentés à l'OIT. Nous avons de forts objectifs de mobilisation à la CGT avec plusieurs milliers de militants attendus, des camarades qui viendront bien sûr de la région Rhône Alpes limitrophe mais il y aura aussi des bus venant de Marseille, du Limousin, de Bourgogne Franche Comté, et d'autres personnes venant de Normandie, de Bordeaux…

JBC : Même s'il n'est pas aisé pour tous de venir à Genève, nous constatons que l'engouement pour cette mobilisation est plutôt fort… Car l'OIT, c'est le droit de grève, les libertés syndicales… Le monde entier sera là. Il faut garder en tête ce principe fondateur de l'OIT : « le travail n'est pas une marchandise », une phrase qui ennuie profondément le patronat…