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35 HEURES

Chez Smart, la peur tenaille les votes

23 septembre 2015 | Mise à jour le 2 mars 2017
Par | Photo(s) : Patrick Hertzog/AFP
Chez Smart, la peur tenaille les votes

Les salariés de l'usine Smart à Hambach (57) ont voté à 56 % pour un retour aux 39 heures. Un « choix » contesté par la CGT et la CFDT, ainsi que par les opérateurs de production (ouvriers), qui ont voté contre ce recul à 61 %.

« C'est un chantage lamentable ! » s'insurge Denis Bréant, responsable de l'automobile à la fédération CGT métallurgie à l'issue de la mascarade de sondage/consultation organisée par la direction de Smart, le 11 septembre dernier, à Hambach.

 

L'usine automobile compte une unité environ 800 salariés, auxquels s'ajoute un nombre équivalent de sous-traitants implantés sur le site. À 56 %, les salariés de l'usine ont répondu favorablement au plan de compétitivité présenté par la direction, qui prévoit un retour provisoire aux 39 heures. La contrepartie de cette décision est une augmentation de 120 euros, mais surtout le maintien de l'emploi jusqu'en 2020.

 61 % des ouvriers ont voté contre

Dans un contexte où la terreur de perdre son emploi peut l'emporter sur toute autre considération, on peut évidemment expliquer une telle décision lourde de conséquences sociales. Mais si on l'analyse dans le détail, on se rend compte d'une extraordinaire supercherie : 61 % des ouvriers ont en réalité voté contre, tandis que les ingénieurs et cadres l'ont approuvé à 74 %.

Or les conséquences ne sont pas tout à fait les mêmes pour les uns et pour les autres : « le temps de travail serait augmenté de 12 % pour les personnels aux 35 heures, mais seulement de 5 % pour les salariés forfaités (cadres et employés, techniciens et agents de maîtrise – ETAM) »,  dénonce le communiqué de l'intersyndicale CFDT et CGT Smart.

Créer des tensions entre différentes catégories de personnels

« Tout est parti des négociations annuelles obligatoires où la direction a proposé une augmentation de 120 euros pour tous, sous condition de retour aux 39 heures… », précise Denis Bréant. Cadres et ETAM ont ainsi été invités à se prononcer sur une dégradation des conditions de travail affectant en premier lieu les ouvriers… De quoi créer – au plus grand bénéfice de l'employeur – de vives tensions entre les différentes catégories de personnels.

« La CGT n'a pas adhéré à la façon dont cela a été voté, puisque les cadres n'étaient pas concernés de la même manière et que les efforts demandés n'étaient pas les mêmes. » Par ailleurs, les syndiqués CGT consultés par leur organisation ont rejeté le retour aux 39 heures.

La CGT dit oui… aux 32 heures !

Le syndicat met aussi en avant le fait que le groupe Daimler-Benz (dont fait partie Smart) affiche une arrogante santé financière avec 33,1 milliards de chiffre d'affaires et 3,7 milliards de bénéfice en 2014 (en hausse de 10 %).

Rien ne justifiait donc ce plan de compétitivité « préventif ». CGT et CFDT représentent plus de 50 % des voix du personnel. Leur légitimité n'a rien de commun avec celle d'un sondage usurpé sur des choix biaisés. Ces syndicats entendent bien faire usage de leur droit d'opposition pour ne pas valider cet accord.

À Smartville, la CGT n'est nullement sur la défensive : elle distribue un tract ou elle dit oui… aux 32 heures !