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CINÉMA

Demain, autrement

22 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : DR
Demain, autrement

Dans une commune en transition, le vivant et le bien commun sont au centre. À Ungersheim, en Alsace, on l'a tellement bien compris que le village est devenu en quelques années un modèle du genre. En réalisant Qu'est-ce qu'on attend ?, Marie-Monique Robin démontre qu'un autre monde est possible.

Ungersheim, petit village paisible de la plaine d'Alsace, à quelques kilomètres de Colmar, vit depuis une dizaine d'années une véritable révolution. Ici, sous l'impulsion du maire, Jean-Claude Mensch, les 2 200 habitants du village ont opté pour la « transition ». Rob Hoskins, l'initiateur du mouvement des villes en transition, dit d'ailleurs d'Ungersheim qu'elle est un modèle.

Sans angélisme, Qu'est-ce qu'on attend ? filme pas à pas la démarche des citoyens d'Ungersheim engagés vers un après-pétrole qui est aussi, depuis 2009, un exercice réussi de démocratie participative. Avant même la COP21, Ungersheim a décidé d'adopter 21 actions pour le XXIe siècle, et ce dans tous les domaines : alimentation, énergies, transports, habitat, travail, éducation et monnaie.

Cela ne s'est pas fait sans méfiance ni réticences, mais Jean-Claude Mensch, qui a fait sienne la phrase de Gandhi « l'exemple n'est pas le meilleur moyen de convaincre, c'est le seul », communique un tel enthousiasme à ses administrés qu'il a non seulement été réélu depuis 1989, mais que le bilan de dix années de cette transition se passe de commentaires : la commune a économisé 120 000 € de frais de fonctionnement, elle a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 600 tonnes par an, n'a pas augmenté ses impôts locaux et créé une centaine d'emplois…

Ainsi qu'il le rappelle, Jean-Claude Mensch a pourtant suivi un parcours plutôt traditionnel dans la région puisqu'il était mineur de potasse – et militant CGT.

Il a très tôt été sensible aux questions écologiques, luttant contre la centrale nucléaire de Fessenheim et devenant suppléant d'Antoine Waechter, l'un des fondateurs du parti des Verts. Aujourd'hui sans affiliation politique, il creuse d'une autre manière un sillon vertueux pour le bien commun et le vivant.

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Parmi les vingt et une actions répertoriées, lors du tournage du film (pendant l'année 2015), vingt étaient mises en œuvre et la dernière (une épicerie coopérative et solidaire) en chantier. Production et relocalisation de la production maraîchère en bio (via le réseau de réinsertion « Jardins de Cocagne ») avec création d'une régie agricole et d'une régie de l'eau municipales, bannissement des pesticides, création de la plus grande centrale photovoltaïque d'Alsace et d'une éolienne, implantation d'un éco-hameau « zéro carbone », transport scolaire et utilitaire par Richelieu et Kosak, les deux chevaux de trait comtois, création du « radis » – la monnaie locale – et réimplantation de variétés anciennes et locales de blés pour la panification, etc., les initiatives fourmillent. Du plus jeune à la plus âgée, chacun s'engage avec bonheur dans une transformation du quotidien. Ici, on se sent utile et valorisé…

 

Pour autant, Ungersheim ne vit pas en autarcie ni n'entretient une quelconque vision passéiste, mais noue des liens avec de nombreux réseaux comme en témoigne la visite de Rob Hoskins ou le partenariat avec Jugend Solar qui mesure le potentiel solaire de chaque toit des communes dans l'optique de proposer une alternative propre et renouvelable aux énergies fossiles et au nucléaire.

 

À l'heure sombre où le capitalisme financier prône le repli, la fuite en avant économique, l'exclusion et l'aveuglement écologique, on peut, avec les citoyens d'Ungersheim, se demander, mais « Qu'est-ce qu'on attend ? »