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Développement durable, une expression dont la durée s’est développée

31 juillet 2019 | Mise à jour le 3 juillet 2019
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«D­éveloppement durable », l'expression est apparue pour la première fois en 1987 dans une publication de l'ONU, officiellement intitulée Notre avenir à tous (Our Common Future), et communément appelée « rapport Brundtland ».

Depuis, l'expression a fait son bonhomme de chemin : elle « dure » et se « développe », au point de s'imposer à quiconque souhaite communiquer dans le domaine. Pour être audible à l'échelle nationale, et plus encore à l'international, il est préférable d'en accepter l'usage, même si cette expression n'est pas sans ambiguïtés.

Le mot « développement » évoque, en effet, l'idée de croissance, trop souvent résumée à l'évolution positive d'un PIB. Il tend à nous maintenir dans des schémas que l'expression est censée interroger. Nous rêvons toujours d'un monde où nous consommerions à l'infini, alors que nous sommes confrontés à des ressources limitées dont l'usage immodéré nuit gravement aux équilibres écologiques. Développer, c'est étendre, étaler ce qui est enveloppé, roulé, plié.

Prenons garde, en ne nous saisissant pas suffisamment de la question, que ce ne soit notre avenir qui soit plié. Mais le verbe « développer » désigne également l'action­ de dérouler sous le regard, prendre de la hauteur. C'est précisément ce qui est difficile face à la pression des objectifs à court terme de l'économie. Ce à quoi s'ajoutent les règles de la démocratie telle qu'elle est pratiquée, rendant difficiles des choix dont on ne peut mesurer les résultats et les conséquences dans le temps court d'un mandat.

L'adjectif « durable » est également source de débats. Cette notion de durée souligne le fait que nous devons nous préoccuper de la pérennité du développement. Mais ce rapport au temps, s'il nous invite à la prospection, suscite en nous l'idée d'un « temps immuable » : ce qui fut sera. Alors que c'est précisément à une révolution de nos comportements que nous sommes appelés.

Ces ambiguïtés en font une expression valise. Aussi l'enjeu est-il de savoir qui remplit la « valise », de quels sens, de quelles actions concrètes ? Peut-être serait-il utile de nous appuyer sur la définition qu'en donne le rapport Brundtland : « Un développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Voilà un vocabulaire qui nous parle et introduit dans le débat la question sociale et la nécessaire rupture avec le système capitaliste. Afin de souligner cet aspect et mettre l'humain au centre, la CGT a choisi d'utiliser l'expression de « développement humain durable ».