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Charlie, l’an 01

Rédaction NVO
6 janvier 2016 | Mise à jour le 31 mars 2022
Par

Aujourd’hui 7 janvier 2016, cela fait un an que sont morts, sous les balles des terroristes, les journalistes, dessinateurs et salariés de Charlie Hebdo, un journal décidément pas comme les autres.
« Charb, Cabu, Wolsinski, Tignous, Bernard, Elsa, Mustapha, journalistes, dessinateurs, camarades, amis, vous étiez des nôtres », écrivait Agnès Naton, présidente de la NVO, dans le numéro spécial en hommage aux victimes et vendu au profit de notre confrère endeuillé. Des nôtres, oui, ils l'étaient.

Dessinateurs aussi pour la NVO, Ensemble et les nombreuses publications de la CGT. Charb, Honoré, Wolinski, notamment, étaient des fidèles parmi les fidèles, répondant toujours présents pour un dessin en urgence lors d'un bouclage, un tract, une affiche. Tous étaient – et sont – des camarades qu'on n'est pas près d'oublier.

Alors, bien sûr, depuis, ce terrible 7 janvier 2015, après la stupéfaction, le déni, le refus de croire qu'une horreur pareille pouvait arriver en France, Charlie est devenu autre chose qu'un « putain de fanzine » comme le caractérisait Luz au lendemain du massacre de ses collègues et amis.

En janvier, l'émotion du peuple en France fut immense. Charlie était devenu le symbole sanglant de la liberté d'expression, de la laïcité, de la presse libre et de la libre pensée. Lui qui a toujours défendu avec des éclats de rire énormes l'athéisme, l'écologie, les animaux, a toujours refusé la bêtise consumériste, combattu les idéologies fascistes, les patrons rapaces, l'économie capitaliste, l'abrutissement clérical, militaire, sportif… est devenu très vite un objet d'étude et de polémiques. Certains s'étonnaient qu'il continue d'être provocateur. D'autres l'accusaient de jeter de l'huile sur le feu. Selon beaucoup de commentateurs patentés, l'hebdo irritait les consciences religieuses, clivait, déchirait, exagérait…

Assez rapidement, des « Je ne suis pas Charlie » se sont distingués, voix dissonantes, mais pas si isolées. Puis, peu de temps après, on a entendu de délirants « ils l'ont bien cherché ». Des intégristes islamiques ont continué de les vilipender, de les menacer. De beaux esprits les ont même traités de racistes, de bobos incapables de s'intéresser au sort des banlieues.

C'était bien mal les lire, bien mal les connaître. Je pense à Tignous, notamment, mon ami, enfant d'une banlieue du Val-de-Marne, habitant Montreuil en Seine-Saint-Denis. Tignous et ses reportages tendres et lucides sur les habitants des cités-dortoirs. Lui qui, juste avant de s'effondrer sous les balles des frères Kouachi, poussait une magistrale gueulante et s'interrogeait sur les responsabilités collectives d'une société dont des gosses partent faire le djihad.

Comment s'étonner alors que, face à une France déboussolée, la concorde de la place de la République ait éclaté et que « l'esprit du 11 janvier » se soit envolé ?

À intervalle régulier, on est venu mettre le nez dans leur immense chagrin, dans leurs dessins, leurs comptes en banque, leurs engueulades internes. Et puis cette année 2015 qui avait si mal commencé – la tuerie de Charlie et le massacre à l'Hyper Cacher – a suivi son cours bon an, mal an. Il y eu encore l’horreur du crime d’Aurélie Châtelain, victime du fanatique Sid Ahmed Glam, en avril ; l’attentat (heureusement) raté du Thalys ainsi qu’une montée des violences envers les musulmans ou leurs lieux de culte. Sale année !

Début novembre, j'ai souri amèrement devant la déclinaison commerciale des « Je suis Charlie », qui commençait à s'empiler en tête de gondoles : almanachs, agendas… Noël approchait. Le merchandising qu'ils détestaient tous sait tirer profit de tout, même des cadavres.

Journaliste, on s'interrogeait sur la manière de traiter « le sujet », de leur rendre hommage. Les survivants de Charlie, les Riss, Coco, Antonio Fischetti, Fabrice Nicolino et autres, redoutaient cette commémoration, ces honneurs et ces hommages.

Et puis, le 13 novembre est arrivé. Qui a plongé de nouveau la France dans l'horreur des attentats de masse. Des attentats aveugles, mais ciblant quand même des quartiers populaires, massacrant les jeunes au concert, criblant de balles des compagnons de tablée qui, tous, respiraient l'envie de vivre ensemble, de rire, de s'amuser, de profiter des bons moments. Qui, eux non plus, « ne l'avait (pas) bien cherché ».

Pour rendre hommage à tous les morts des attentats de 2015, la CGT appelle à un rassemblement à partir de 18 h, place de la République à Paris.

 

Hors-série de la NVO spécial Charlie Hebdo de janvier 2015. L’année dernière, la NVO avait sortie un numéro spécial pour l’occasion « Charlie j'écris ton nom »