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Monsieur Hulot et la vacance

Véronique Lopez
30 août 2018 | Mise à jour le 6 septembre 2018
Par | Rédactrice en chef de la NVO
Nicolas Hulot a eu une indigestion. À force d'avaler des couleuvres, il a décidé de cracher le morceau. Il y a trop de lobbies qui influencent le gouvernement et, partant, il fait le constat lucide que la politique libérale conduit de manière inexorable vers la catastrophe annoncée. « La maison brûle et nous regardons ailleurs. »

C'était en 2002,  une formule-choc, destinée à marquer les esprits, d'un discours prononcé par Jacques Chirac alors président de la République et écrit — déjà — par un certain monsieur Hulot à l'occasion du e Sommet de la Terre.

Depuis, de l'eau de moins en moins limpide a coulé sous les ponts. L'urgence climatique est une réalité qui s'impose à tous sauf à ceux qui, aveuglés par leurs profits et leurs intérêts particuliers, ont décidé de ne rien vouloir voir. Les prochaines grandes nouvelles lois, ce ne sera pas notre président jupitérien et son gouvernement libéral qui vont les impulser, mais bien le dérèglement climatique qui imposera, de force, des bouleversements considérables dans nos manières de vivre les uns avec les autres.

Les comportements individuels, rapportés à quelque 60 millions de personnes en France, à bientôt neuf milliards dans le monde, seront essentiels pour que s'amorce une transformation. Mais l'individualisation des comportements ne doit pas être une manière pour ceux à qui on a confié le pouvoir de s'exonérer de leur responsabilité qui est, elle, bien plus grande. À ce gouvernement, qui s'autoproclame bâtisseur d'un « nouveau monde », de comprendre que les enjeux ont changé d'échelle. À eux de faciliter les économies d'énergie, de transformer les modes de production et de redistribution, de taxer les pollueurs, d'imposer des normes contraignantes. Au lieu de ça, la course folle vers les profits s'emballe, le luxe s'affiche, ostentatoire, chez le 1 % qui se partage 82 % des richesses (quand 3,7 milliards de personnes n'ont pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale de 2017 selon le rapport annuel d'Oxfam). En France, les 10 % des Français les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se partagent seulement 5 % du gâteau. Le ruissellement, cette chimère présidentielle, est encore plus rare que le rhinocéros blanc…

Si, à longueur d'antennes et d'ondes, les libéraux pleurent sur la dette publique qui hypothéquerait l'avenir de nos enfants, rares sont ceux qui font de la dette écologique, c'est-à-dire de l'état du monde que nous laisserons « aux générations futures », une priorité. Et si, pour quelques jours, la démission de Nicolas Hulot marque les esprits, c'est qu'elle entre en corrélation avec l'été caniculaire que l'on vient de vivre en France. Nous n'avons jamais été aussi proches du point limite.

Cette question écologique, le monde syndical doit s'en saisir. Parce qu'elle ne peut être mise en œuvre qu'en repensant autrement les modes de production. Parce qu'elle touche tous les aspects de la vie sur laquelle la CGT travaille déjà au quotidien : le logement, l'alimentation, les transports, les loisirs, le bien-être au travail, le partage des savoirs et de la gestion des entreprises. De même qu'il faut se battre pour conserver ce qui fait le socle social de notre société et pour essayer de gagner de nouveaux droits, il faut désormais penser la production en prenant en compte le développement humain durable, véritable processus de changement. Un vrai nouveau monde…