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Réforme à marche forcée

Frédéric Dayan
26 février 2018 | Mise à jour le 27 février 2018
Par
Édouard Philippe a annoncé son plan de marche pour réformer le secteur ferroviaire ce lundi confirmant l'intention du gouvernement de procéder par ordonnances. Il a eu le temps de jauger les réactions d'hostilité, tant sur le fond que sur la forme dix jours après la publication du rapport Spinetta qui a déclenché l'ire des syndicats et la colère des élus locaux.

Dans ce dossier, l'exécutif ne démontre aucune pratique politique différente de ses prédécesseurs, si ce n'est l'annonce immédiate de l'usage des ordonnances. Pour le reste, le discours est toujours le même : mettre en avant des constats, brandir des chiffres, des ratios, des pourcentages en occultant les responsabilités. Et quand bien même reconnaît-on la faillite des politiques qui ont mené la SNCF à cette situation (endettement, vétusté du réseau, non-qualité…), c'est pour mieux justifier l'urgence impérieuse de tout casser en se revendiquant comme courageux et déterminé.

De la même manière, Macron utilise la vieille ficelle moisie de l'opposition entre les intérêts des cheminots et ceux d'autres catégories de la population. Samedi, « au cul des vaches » du Salon de l'agriculture, Jupiter a comparé les retraites des agriculteurs à celle des cheminots, face à l'un de ces derniers qui l'avait interpelé pour s'inquiéter de la réforme annoncée de la SNCF. Après avoir agité le chiffon rouge de la fermeture de lignes provoquant la levée de boucliers des élus locaux, l'exécutif fait mine d'avoir entendu les édiles de la campagne afin là encore de ne pas fédérer la colère des cheminots à celles des populations et des élus… Machiavel… sors de ce corps.

Le matraquage idéologique sur les privilèges des cheminots a bel et bien commencé. Au point que Guillaume Pepy, le patron de la SNCF s'est senti obligé de déclarer qu'on « ne peut pas accepter que certains aient envie de stigmatiser les cheminots. » (…) Ils ne sont « pas des privilégiés », ajoute-t-il, reprenant les termes de Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports. Personne n'est dupe, le patron de la SNCF ne remet pas en cause le fond du rapport Spinetta, mais joue les pompiers quand d'autres jouent les boutefeux. « Je défie qui que ce soit de me dire que le problème de la SNCF, le problème des trains en retard, le problème des trains annulés et des voies qui sont mal entretenues c'est à cause du statut des cheminots », a fustigé Philippe Martinez. « À chaque fois Emmanuel Macron divise ceux qui ont un petit peu et ceux qui n'ont rien du tout », déplore le secrétaire général de la CGT.

La division, c'est sans doute ce que cheminots et usagers ont le plus à redouter, car c'est là dessus que prospère le réformisme macronien. Pour l'heure et évidemment avec leurs différences, les syndicats de cheminots sont sur une démarche de riposte à la menace. La journée de mobilisation du 22 mars proposée par la CGT cheminots a finalement trouvé écho à l'Unsa ferroviaire qui s'est jointe à l'appel à manifester le 22 mars pour protester contre les conclusions du rapport Spinetta.

Quant à la CFDT, qui a déjà exclu de participer à la mobilisation du 22 mars (qui coïncide avec une journée de mobilisation dans la fonction publique), elle s'est prononcée pour une « grève reconductible » si le gouvernement a recours aux ordonnances. Les fédérations de la CGT, de l'Unsa, de Sud et de la CFDT se sont donné rendez-vous demain mardi 27 février pour entériner ou non le principe d'une grève unitaire. CGT, UNSA, SUD-Rail et CFDT préviennent dans un communiqué qu'en cas de recours à l'ordonnance, « le gouvernement portera l'entière responsabilité d'un conflit majeur ».

« Nous ne laisserons pas un gouvernement, quel qu'il soit préempter le service public ferroviaire l'année même des 80 ans de la SNCF », ajoutent les quatre fédérations.