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RÉPRESSION SYNDICALE

Deux syndicalistes injustement poursuivis, risquent la révocation

13 juillet 2018 | Mise à jour le 13 juillet 2018
Par et | Photo(s) : DR
Deux syndicalistes injustement poursuivis, risquent la révocation

Jean-Jacques Picot et Christian Garnier, deux conducteurs de la Ville de Paris, ont été interpelé fin mai à bord d'un camion-poubelle dont ils voulaient déverser le contenu devant le siège de La République en Marche. Ils risquent la révocation lors d'un conseil de discipline et sont traduits en justice. Une peine extrêmement sévère et totalement déconnectée du contexte social et syndical…

Petit rappel du contexte dans lequel les faits se déroulent : le 25 mai au matin, Jean-Jacques, 57 ans, et Christian, 58 ans, tous deux membres du syndicat CGT de la Filière traitement des déchets eaux égouts assainissement (FTDNEEA), ont enjoint « sans violence » un agent conduisant une benne à ordure dans le XVIIe arrondissement de Paris de leur laisser son véhicule, qu'ils ont ensuite conduit jusqu'à la place de l'Opéra. Le but, déverser son contenu soit 7 tonnes d'ordures ménagères devant le siège de LREM.

Parallèlement, plus d'une centaine d'éboueurs, énergéticiens, cheminots et égoutiers se dirigeaient vers le siège parisien du parti macroniste, dans lequel ils sont ensuite brièvement rentrés pour procéder à des coupures d'eau, de gaz et d'électricité. Alors que la benne était « arrêtée en warning » à 200 mètres de là, l'engin ayant été géolocalisé. Les deux conducteurs ont été arrêtés « brutalement » par la police, selon les versions concordantes de Jean-Jacques et Christian.

« Le symbole de l'opération, c'était de démontrer quel serait le chaos s'il n'y avait pas de services publics », a expliqué la FTDNEEA qui, dans un communiqué, a apporté son soutien total aux deux militants : le détournement de la benne n'étant pas « une action isolée » mais organisée et soutenue par le syndicat. « Face à un pouvoir qui refuse tout réel dialogue avec les organisations syndicales, qui entend saccager des décennies de conquêtes sociales », Christian et Jean-Jacques ont participé à une action « menée et assumée collectivement ».

Interdiction de travailler

Après leur garde à vue, les deux camarades ont été suspendus. Ils ont interdiction de se rendre sur leur lieu de travail, mais également… de militer. Ils perdent environ « 30 % » de leur salaire. « Tout ça cumulé, ça fait beaucoup par rapport aux 20 minutes de peur qu'ils ont pu provoquer », a estimé un membre du bureau du syndicat. Alors que, dans un tweet, Mao Péninou, adjoint à la mairie de Paris en charge de la Propreté, avait qualifié cette opération happening de « car-jacking » et d'en rajouter une louche : « honnêtement, dans le contexte terroriste actuel, nous avons eu très peur ». Que dire alors, « dans le contexte terroriste actuel », du déversement de lisier devant les préfectures des syndicalistes de la FNSEA ? Des actions commises le plus souvent en totale impunité…

 

Face aux faits qu'on leur reproche et à l'individualisation de leur action, Jean-Jacques et Christian sont bien décidés à riposter. Les deux syndicalistes réclament le report du conseil de discipline : la période estivale n'étant guère propice pour réunir plusieurs témoins de l'incident. Une demande sera étudiée, vendredi 13, par les membres du conseil disciplinaire avant leur traduction devant le TGI le 18 juillet.

Pour les soutenir, une cagnotte a été lancée, ainsi qu'une pétition en ligne qui a déjà recueilli 1 500 signatures, dont celles du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Un rassemblement est programmé devant le TGI le 18 juillet.