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SERVICES PUBLICS

La CGT Énergie maintient ouverte la boutique EDF de La Courneuve malgré tout

23 janvier 2019 | Mise à jour le 24 janvier 2019
Par | Photo(s) : CGT Energie 93
La CGT Énergie maintient ouverte la boutique EDF de La Courneuve malgré tout

La boutique EDF de La Courneuve réouverte sauvagement par les Robins des Bois de l'énergie et et par les militants de la CGT continue d'accueillir des populations en grande difficulté énergétique.

Installés avec du mobilier de fortune depuis la saisie des équipements par des huissiers de justice mandatés par EDF le 10 janvier, les militants CGT de l'énergie persistent à maintenir l'ouverture sauvage de la boutique EDF de La Courneuve. Pour que vive le service public, au bénéfice des citoyens usagers.

Le mobilier chic aux couleurs électriques a disparu de la boutique de La Courneuve. Les ordinateurs et leurs écrans fluo aussi. Sur le comptoir d'accueil — un panneau de bois brut posé sur deux tréteaux —, les smartphones s'étalent à l'enfilade, empilés en petits tas, qui sonnent en permanence. « Oui, merci de me rappeler, ce monsieur est en procédure de recouvrement, ses trois chèques lui ont été retournés, jamais encaissés, pouvez-vous m'aider avant qu'il ne soit coupé ? »  En liaison permanente avec leurs collègues de la plateforme client d'EDF, les occupants de la boutique s'activent à résoudre pêle-mêle toutes sortes de problématiques. Surtout les plus lourdes, qui nécessitent l'intermédiation d'un humain qui s'y connait dans la tuyauterie de l'énergie et qui saura formuler correctement la requête, de sorte qu'elle soit traitée et réglée dans les meilleurs délais. En matière d'énergie, les délais, c'est souvent vital.

Ventes forcées par des opérateurs privés

Un couple âgé se présente. Elle, à l'appui d'une canne, la main qui tremble en tendant les courriers d'un opérateur privé qui la menace de coupure ; et les chèques qui lui ont été retournés. Elle ne comprend pas. Lui, qui s'exprime dans un français hésitant, ignare de la novlangue de l'État-plateforme en mode HTML, veut revenir chez EDF comme on reviendrait en terre connue après des années d'errance. Un contrat EDF, pour le gaz et pour l'électricité, c'est tout ce qu'il demande. Au terme d'une bonne demi-heure d'échanges, on apprendra que ce couple a été victime, comme bien d'autres avant eux, d'une vente forcée de la part d'un opérateur privé qui, moyennant chantages et menaces, les a convaincus de transférer leur contrat historique souscrit auprès d'EDF et de GDF. « Ils sont entrés chez nous et nous on dit que ça nous coûterait plus cher de rester chez EDF et puis, ils nous ont fait signer un contrat », explique platement monsieur.

Comment voulez-vous traiter ce genre de cas par téléphone ? C'est impossible !

On apprendra plus loin que le motif du renvoi des chèques était dû à une erreur d'écriture : « Vous avez écrit 12 euros au lieu de 112 euros », explique patiemment l'agent bénévole. Mais il faut se répéter, encore et encore, car madame et monsieur sont de si bonne foi qu'ils peinent à réaliser leur erreur. Ils mélangent tout. Petit détail : ni lui ni elle ne portent des lunettes, dont ils auraient à l'évidence grand besoin. « Comment voulez-vous traiter ce genre de cas par téléphone, c'est impossible », fait constater l'agent bénévole.

Sauvé in extremis, le couple promet de se rendre illico à La Poste pour envoyer un mandat cash et stopper la procédure de coupure. En quittant la boutique, ils sont soulagés de savoir qu'ils vont revenir dans le giron du service public d'EDF et du tarif réglementé. Les agents, eux, même si conscients de leur utilité, demeurent toutefois inquiets « On ne sait jamais si tout ce qu'on fait va perdurer, vu la sauvagerie des attaques du secteur privé qui fait fi de toutes les règlementations. Or, des cas comme celui-là, c'est notre quotidien à la boutique et c'est effrayant ».

Démontrer la nécessité d'un service public à visage humain

Des toutes ces situations dramatiques, les militants de l'énergie qui occupent la boutique EDF tirent malgré tout quelques satisfactions ; et non des moindres : « Nous faisons la démonstration quotidienne de la nécessité d'un service public de proximité à visage humain et de la nécessité du maintien de cette boutique », assure une militante en poste sur ses heures syndicales depuis bientôt un mois. Pour preuve, l'afflux de clients qui portent toutes sortes de demandes qu'aucun centre d'appel qualifié ne saurait traiter dans le sens de l'intérêt de l'usager ; « Rien que pour connaître les modalités d'encaissement des chèques énergie, c'est déjà très compliqué, alors, imaginez le reste », fait valoir Marilyne.

Forts du succès de leur action de réouverture sauvage d'une agence fermée en mai puis démantelée en présence d'huissiers d'EDF début janvier, les militants CGT et autres Robins des bois de l'énergie entendent bien gagner leur bataille : le maintien, donc la réouverture officielle, de cet accueil-client, pour les usagers de La Courneuve et des environs. En un mois à peine, près de 700 cas de précarité énergétique y ont été résolus au bénéfice des usagers en difficulté, mais aussi au bénéfice d'EDF et de ses actionnaires.