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INDUSTRIE

La CGT Renault refuse l’accord de compétitivité qui entérine la flexibilité

18 janvier 2017 | Mise à jour le 18 janvier 2017
Par | Photo(s) : Sidali Djarboub / Sipa
La CGT Renault refuse l’accord de compétitivité qui entérine la flexibilité

À l'unanimité les syndicats CGT du groupe Renault réunis le 12 janvier ont voté le rejet de l'accord pluriannuel 2017-2019. De leur côté, FO, la CFE-CGC et la CFDT, qui représentent 63 % des voix, ont décidé de parapher l'accord Cap 2020.

Allonger d'une heure le temps de travail quotidien avec un délai de prévenance de seulement deux jours, c'est désormais possible chez Renault après la signature de l'accord Cap 2020. Cela, ajouté aux sept samedis de travail obligatoire et au passage d'une production annuelle de 60 à 90 véhicules par salarié, a de quoi bien détériorer la vie des salariés.

Côté garanties, les promesses d'embauches, ou encore les investissements annoncés, sont en réalité un leurre, explique Fabien Gâche délégué syndical central CGT : « Les 3 600 embauches annoncées ne compenseront pas les 4 500 départs prévus entre 2017 et 2019. En fait, la baisse des effectifs se poursuit. L'objectif de l'accord est de gagner plus de 40 % de gain de productivité. Ces gains seraient obtenus par une automatisation pour 10 % à 12 %, mais le reste se fera sur dos des salariés. D'autre part, la direction prévoit de baisser de 4 500 le nombre d'intérimaires, tandis que sur les 3 600 embauches annoncées, seules 1 800 seront affectées à la production. En conséquence, les embauches ne permettront pas de remplacer les départs à la production et ce sont ceux qui restent qui vont devoir assurer les gains de productivité avec des heures supplémentaires obligatoires. »

Des effets d'annonce, mais pas d'investissement

La direction annonce 220 millions d’euros d'investissement dans la formation ; or c'est le même montant que les trois dernières années. Idem pour la R&D et le Capex (dépenses d'investissement) qu'elle chiffre à 8 % (contre 8,2 % ces trois dernières années). « Ce n’est rien d'autre que ce qui fait partie du fonctionnement normal d'une entreprise ,et ils ne sont pas supérieurs à ce qui se fait habituellement. Par ailleurs, la direction n'ayant pas investi dans l'outil de travail depuis longtemps, il y a de nombreux endroits où les installations sont obsolètes », ajoute le délégué CGT. Les investissements annoncés ne sont donc même pas suffisants pour assurer la réfection du parc industriel, qui en a pourtant grand besoin. 

Frictions internes à la CFDT

Malgré sa signature au niveau national, il est clair que dans les usines tous les salariés syndiqués CFDT ne reçoivent pas avec joie la nouvelle de cet accord. C'est un tract distribué par la CFDT de Renault Douai qui vend la mèche : 40 % des sections CFDT de Renault auraient voté contre cet accord, notamment les sections de Douai, Maubeuge, VSF, Cergy et Choisy. « La section CFDT de Douai ne peut pas donner son aval pour tout allongement de la journée de travail obligatoire à la direction ! Donc la section CFDT de Douai dit non à cet accord. La section CFDT de Douai ne peut pas accepter de rallonger la journée de travail avec de telles conditions de travail dans beaucoup de secteurs de l'usine ! ». Et le tract de préciser que toute heure supplémentaire obligatoire donnera lieu à un appel à la grève de la part de la section CFDT locale.

Quand les syndicats légitiment les exigences patronales

Si la colère demeure après cette signature, c'est que malgré les 63 % de représentativité sur le papier, elle demeure inacceptable pour le syndiqué lambda. Fabien Gâche revient sur l'aspect symbolique de l'affaire : « Signer l'accord revient à légitimer les exigences de la direction quant aux heures supplémentaires imposées. Certes, le Code du travail le permet déjà, mais en signant, ce sont les syndicats qui légitiment ce caractère obligatoire et l'exigence de la direction. Concernant le travail précaire, c'est la même chose. Signer l'accord revient à entériner le recours illégal à l'intérim. »

 

Le danger de l'accord de branche métallurgie Mise à mort des déroulements de carrière, remise en cause des primes d'ancienneté, non-reconnaissance des diplômes, rémunération au poste et à la fonction et non-paiement des qualifications, tels sont quelques-uns des dangers qui transparaissent dans le projet de classifications porté par l'UIMM aux négociations de branche actuellement en cours. L'impact d'un accord sur le nouveau dispositif conventionnel sera colossal dans la branche et bien au-delà. Dans ce contexte, Renault renvoie les questions salariales aux négociations annuelles obligatoires en orientant celles-ci non plus vers des augmentations générales mais des augmentations individuelles. La direction dit vouloir attendre la fin des négociations de branche pour aborder la question de la reconnaissance des qualifications. Sans doute table-t-elle sur d'importants reculs sociaux ; les 3 600 embauches évoquées chez Renault s'effectueraient alors dans des conditions sociales bien différentes. À moins bien sûr, que les salariés décident de s'en mêler massivement en portant l'exigence d'une convention collective nationale de haut niveau (voir notre article dans la NVO de janvier 2017).