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ÉLECTIONS US

La gueule de bois de la gauche américaine

11 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : Alex Milan Tracy/SIPA
La gueule de bois de la gauche américaine

Après la défaite d'Hillary Clinton face au républicain Donald Trump, le réveil est difficile pour la gauche américaine. Malgré des rassemblements de protestation dans plusieurs grandes villes du pays, politiciens et syndicats s'apprêtent à travailler, bon gré mal gré, avec le président élu.

Les protestations ne sont finalement pas venues, comme attendu, du camp républicain. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des milliers de manifestants démocrates se sont réunis dans les grandes villes américaines pour dire leur colère et leur déception après l'élection de Donald Trump. « Not my president » – pas mon président – scandent les manifestants.

Pourtant, malgré la déception, la gauche américaine se fait peu à peu une raison. Donald Trump a été élu, il faudra composer avec lui pendant les quatre prochaines années. C'est Hillary Clinton qui, la première, a concédé la victoire à son rival lors d'une conversation téléphonique, le soir même du scrutin. Cependant, ses sympathisants ont dû attendre le lendemain des élections pour entendre leur championne, la voix grave et émue, appeler à « travailler avec lui » avec un « esprit ouvert ». Le président en poste, Barack Obama, qui avait ouvertement soutenu Hillary Clinton, a d'ailleurs prévu de recevoir, jeudi soir, le président élu Donald Trump à la Maison-Blanche.

Mais Hillary Clinton reste sur ses gardes. Dans un pays « plus divisé que nous le pensions » admet-elle, le président élu doit être « le président de tous les Américains ». La campagne de Donald Trump s'était illustrée par un déferlement de remarques misogynes, homophones, xénophobes. Le candidat milliardaire n'avait pas hésité, entre autres, à appeler, entre les lignes, à éliminer physiquement sa rivale.

L'ultime plafond de verre

À côté de ce soutien, Hillary Clinton prévient néanmoins le camp opposé. « Cet échec blesse » les démocrates, mais la gauche américaine ne doit pas « arrêter de se battre ». Un combat de quatre années débute ainsi pour les progressistes américains. Le camp d'Hillary Clinton s'engage dans un travail d'opposition de longue haleine, rendu encore plus difficile par la victoire des républicains, non seulement à la tête du pouvoir exécutif, mais également dans les deux chambres législatives.
De plus, les juges de la Cour suprême étant désignés par le président en exercice, le pouvoir judiciaire tombe également dans l'escarcelle républicaine.

À l'heure où de grandes questions sur l'égalité femmes/hommes, l'égalité raciale, les droits des personnes LGBT, la liberté syndicale, le droit à l'avortement se posent outre-Atlantique, l'opposition promet d'être sur le pont dans les mois qui viennent.

C'est d'ailleurs sur la question des droits des femmes, en particulier, qu'Hillary Clinton a voulu revenir lors de son discours de défaite. Après avoir déploré de n'avoir pas réussi à briser « le plus haut et le plus dur des plafonds de verre », elle s'est adressée directement aux petites filles américaines, les invitant à ne jamais douter de leur « valeur » et de leur « force ».

Veille syndicale

Cependant, le président élu a surpris les observateurs politiques dès son discours de victoire. Laissant de côté les phrases assassines et le ton brutal qu'il avait adopté pendant sa campagne, Donald Trump a enfilé le costume de président et tenu un discours très calme et keynésien, appelant de ses vœux un programme de rénovation de l'équipement public par une politique de grands travaux et réitérant ses promesses de réductions d'impôt.

Un discours entendu par le plus grand syndicat de travailleurs américain, l'AFL-CIO. Dans un communiqué, Richard Trumka, le président de l'AFL-CIO, prend note de ses promesses. Ce vote, explique-t-il, est « une remise en cause du système politique actuel » dans lequel « les élites sont acquises aux politiques maintenant les salaires bas, exacerbant les inégalités, réduisant les opportunités et délocalisant les emplois ». Les travailleurs américains, dit-il, en ont « assez ».

Le syndicaliste se dit « prêt à travailler » avec le président élu sur les thèmes de campagne du candidat républicain du commerce extérieur, de la réindustrialisation et de la relance des quartiers, tout en gardant à l'esprit la nécessité de « réparer » la société américaine touchée par le racisme, la misogynie et le sentiment anti-immigrants, mis en lumière lors de la campagne.

Trumka rappelle d'ailleurs au président élu qu'il est désormais « le garant de la démocratie » dans le pays et que le mouvement ouvrier était prêt à la « protéger » et à « sauvegarder les intérêts des plus vulnérables ».

L'organisation de défense des droits civiques ACLU (American Civil Liberties Union : Union américaine pour les libertés civiles) est, elle aussi, sur le pied de guerre. L'organisation a déjà lancé une campagne de collecte de fonds auprès de ses soutiens progressistes intitulée « See you in court » (rendez-vous devant le juge), grâce à laquelle, promet-elle, ACLU fera obstacle aux abus potentiels de l'administration Trump.